« Naturellement unique ». C’est le slogan d’Origineyes, fondé à Mulhouse par Christophe Mouty qui a choisi de faire de la lunetterie autrement, avec des matériaux naturels tels que le bois, le cuir, et la corne. « Un matériau synthétique, c’est toujours la même couleur, la même taille, on peut les produire sur des kilomètres. Un matériau naturel ne présente jamais le même résultat, chaque pièce est unique, c’est ce qui fait son charme mais aussi sa complexité », explique l’ancien responsable export pour le compte d’Essilor qui s’est mis à son compte il y a quatre ans.
DR Le designer Damien Fourgeaud et l'entrepreneur Christophe Mouty réalisent des lunettes en matériaux naturelsC’est parfois trop complexe, comme avec le bois, matériau que l’entrepreneur a décidé d’abandonner : « On est peut être arrivé trop tôt sur le marché alors que maintenant ce type de lunettes est à la mode, mais on s’est rendu compte que c’est un matériau qui se prête mal à la lunetterie. Soit on fait quelque chose de fin mais très fragile, soit on fait quelque chose d’épais et résistant, mais moche. »
Origineyes a donc décidé de se recentrer sur la corne de buffle d’eau, un matériau noble, utilisé depuis des siècles pour fabriquer des bijoux, des peignes, des boutons ou des manches de couteaux. La matière première vient d’Inde, où les buffles d’eau sont élevés dans les rizières et présentent des cornes épaisses, idéales pour les lunettes : « C’est un matériau en voie de disparition et le savoir-faire a quasiment disparu en France. Il nous a fallu presque deux ans pour maîtriser le processus », indique le gérant, qui a choisi dès le départ de fabriquer ses produits en France, en passant par des prestataires extérieurs, mais aussi dans un petit atelier au domicile familial. Il faut dire que la production est artisanale : 1500 pièces par an.
Pour tester le marché, Christophe Mouty a confié le design de ces premières lunettes à Damien Fourgeaud qui travaille aussi pour la Maison Dior, Quiksilver ou O’Neill. Il a constaté que les mentalités des consommateurs étaient difficiles à bousculer : « Les porteurs de lunettes ophtalmiques sont habitués depuis 30 ans à porter des lunettes en plastique ou en métal, des matières très solides. Quand on utilise une matière naturelle, il faut y faire attention : on ne peut pas la mettre dans sa poche ou dans son sac sans protection. C’est comme une belle veste en daim : on peut la ruiner sous un orage ! Ce n’est pas le prix qui fait la solidité du produit et c’est difficile à faire comprendre au consommateur. »
L’entreprise change désormais de stratégie et privilégie les lunettes solaires, un véritable accessoire de mode, où ses produits de luxe peuvent faire la différence. « On est vraiment sur un marché de niche : il existait déjà des modèles en corne, mais classiques et vieillots. Moi, je fais le pari de lunettes en corne plus contemporaines. Pour la nouvelle collection, on part sur des modèles plus excentriques avec des cerclages en métal », vante l’entrepreneur.
A la recherche de la nouveauté qui fera parler, Christophe Mouty sort aussi cet été une collection de lunettes solaires équipées de verres pailletés et dorés, fabriqués par le Français Dalloz Créations : « Puisqu’on fait une monture haute de gamme, autant l’associer à des verres haut de gamme. Non seulement, ce sont des verres inhabituels, mais aussi de grande qualité », avance le gérant. Pour cette luxueuse attention, il faudra mettre le prix : de 449 à 699€.
Pour augmenter sa visibilité et sa notoriété, l’entreprise distribuera aussi prochainement ses produits sur des sites de e-commerce. Elle pourra ainsi toucher des marchés plus porteurs sur son segment, comme l’Allemagne et la Suisse. Pour l’instant, elle ne peut pas encore embaucher un commercial à l’export : « Aujourd’hui, si on ne fait pas de l’objet connecté, on intéresse personne. Il faut aussi que les institutions et les banquiers aident les artisans et les fabricants, alerte-t-il. Je suis prêt à ouvrir mon capital : ma volonté, c’est de créer 4 à 5 emplois à temps plein, mais j’ai besoin d’une entité avec moi .»
En attendant un éventuel associé, Christophe Mouty creuse une autre idée pour 2017 : développer une gamme de lunettes solaires en acétate, que certains appellent la « Rolls du plastique », un matériau plus économique et résistant. « Ce sera un produit haut de gamme plus accessible, commercialisé sous un autre nom mais toujours fabriqué en France, dans une usine dans le Jura, précise Christophe Mouty. J’aimerais que l’entrée de gamme soit autour de 150€. Avec du made in France, on ne peut pas faire moins cher. »
www.origineyes.com
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