Savez-vous qu’on fait du thé et même du très bon thé en Alsace ? Et ce, grâce à la volonté et au flair d’Arlette Rohmer, passionnée de thés, de plantes et de voyages, qui lança se petite entreprise en 1994 à Wittisheim. Son idée ? Créer une filière de thé bio et équitable, à une époque où cela n’allait pas tellement de soi.
DR Arlette Rohmer, fondatrice des Jardins de Gaïa, lors d'une dégustation au JaponL’aventure commence au Darjeeling en Inde, qui produit le plus prisé des thés noirs, puis s’étend à la Chine, au Japon, au Sri Lanka, au Népal…
La particularité, c’est que l’entreprise alsacienne ne travaille pas avec des plantations, mais des jardins de thé. La différence ? « Ce sont de toutes petites parcelles travaillées par des petits producteurs qui n’auraient pas la chance de se faire connaître au niveau international sans notre partenariat. Souvent, ce sont des parcelles en polyculture, avec du thé, des épices, de l’agriculture familiale, ce qui est intéressant au niveau de la biodiversité », souligne Anne Florence, chargée des relations presse.
Et comme si le bio ne suffisait pas, l’entreprise mise aussi désormais sur l’agriculture biodynamique, avec certains de ces thés labélisés Demeter : « C’est un mode d’agriculture encore plus respectueux de l’environnement, qui nourrit la terre et la laisse se reposer entre deux récoltes. On est sur des qualités meilleures, au niveau nutritionnel et gustatif », poursuit Anne Florence.
Loin de l’agriculture intensive, l’entreprise entend aussi rétribuer à juste prix la quarantaine de petits producteurs avec lesquels elle travaille et la moitié de ces thés sont labélisés Max Havelaar, garant d’un commerce équitable.
Aujourd’hui, après 20 ans d’activités, l’entreprise commercialise environ 500 thés et tisanes. Parmi eux, le roobois, appelé à tort thé rouge, qu’Arlette Rohmer a découvert en Afrique du Sud en 1996, une plante alors très peu connue en France.
Elle a aussi déniché des thés sauvages issus d’un savoir-faire traditionnel en Chine, au Vietnam ou au Laos, ou encore des primeurs, les premières récoltes du printemps riches en arôme du Darjeeling…
Comme pour les vins, on parle de grands crus : « On peut déguster le thé comme un vin, on parle de longueur en bouche, d’arômes complexes se rapprochant de la terre ou du fruit...Le terroir est fondamental : ce n’est pas du tout les même saveurs selon l’altitude, l’ensoleillement, le climat », indique Anne Florence.
Une fois la récolte faite, les thés arrivent à Wittisheim depuis le monde entier. Les thés nature sont directement conditionnés et les autres passent par l’atelier d’aromatisation, qui suit scrupuleusement les recettes élaborées par Arlette Rohmer et son équipe.
Chaque année, de nouvelles idées germent : une gamme bien-être lancée l’année dernière, une gamme militante au profit d’associations locales, étoffée cette année. L’Oiseau plume pour le compte de la LPO a d'ailleurs été élu meilleur produit bio de l’année 2016.
Les produits sont ensuite vendus dans la boutique du magasin ou en ligne, et chez les 1800 distributeurs de la marque en France et dans le monde : des restaurants, des salons de thé, des épiceries bio… mais aucun supermarché. Question d’échelles et de valeurs.
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