3 millions de paires de chaussettes par an sortent de l’usine de Labonal située à Dambach-la ville qui emploie une centaine de salariés. C’est sans commune mesure avec la production des années 70 où l’entreprise produisait 15 millions de chaussettes par an avec un effectif de 1000 salariés.
© Sandrine Bavard Le site de Dambach-la-ville compte 105 salariés et 120 métiers à tricoterMais c’est déjà une véritable résurrection pour la marque à la panthère qui a bien failli disparaître. En 1999, vingt ans après son rachat par Kindy, alors que la marque a déjà été retirée du marché trois ans plus tôt transformant l’usine de Dambach-la-ville en simple atelier de sous-traitance, le coût de grâce tombe : « Un audit est réalisé pour améliorer les profits et préconise une délocalisation, donc la fermeture de Dambach pour préserver le site industriel de Kindy en Picardie », se souvient Stéphanie Bessot, directrice marketing.
Dominique Malfait, directeur industriel du site qui a réalisé toute sa carrière chez Labonal, monte alors un dossier de reprise, « sans aucun soutien financier, avec des capitaux familiaux ». « Tout le monde lui disait qu’on était fou, que l’usine fermerait au bout d’un an », poursuit Stéphanie Bessot.
L’entreprise redémarre avec le soutien des supermarchés pour lesquels elle fabrique des chaussettes de marques distributeurs, puis relance quelques années plus tard la marque à la panthère sur un créneau haut-de-gamme vendue chez des détaillants plus prestigieux (Galerie Lafayette, Monoprix…)
L’équilibre à peine retrouvé, l’entreprise doit faire face à un nouveau coup dur : la levée des quotas textiles permettant au mastodonte chinois d’inonder le marché avec ses chaussettes à bas prix : « En 1999, il y avait encore une vingtaine de fabricants de chaussettes en France. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que cinq. Le marché français représente 360 millions de chaussettes par an, nous ne pesons pas même 1% du marché. 90% de la consommation française est importée de Chine et de Turquie. Une chaussette totalement finie de Chine coûte moins cher que le prix d’achat du fil pour nous, vous voyez la complexité du problème pour nous…Le seul moyen de survivre est de monter en gamme, faire de la qualité et de l’innovation », explique Stéphanie Bessot.
La qualité, ce sont le choix de belles matières : coton, soie, cachemire, angora, alpaga…L’innovation, ce sont les textiles intelligents contenant des principes actifs comme les chaussettes anti-tiques ou anti-moustiques.Pour allier les deux, l’entreprise a dû se doter d’un outil de production à la pointe.
Cela commence dès la conception du produit par la styliste : « On ne peut plus s’amuser à faire des dessins sur du papier millimétré. On dessine directement sur une tablette graphique, où chaque pixel représente une maille de la chaussette. Dans l’ordinateur, tous les coloris sont référencés, ce qui permet de trouver plus facilement une harmonie dans les couleurs et de faire une simulation avant de les tricoter. On gagne du temps et de la matière », explique Nadège Vion-Delphin.
Un programmateur vérifie ensuite les dessins , les met dans une clé USB à insérer sur les machines. Dans l’usine, 120 métiers à tricoter s’activent toute la journée. Les plus anciennes fabriquent des chaussettes encore ouvertes que des bonnetières devront coudre pour les marques distributeurs. Les machines nouvelle génération fabriquent des chaussettes entières vendues sous la marque Labonal : « Cela nous permet d’économiser une étape de production et surtout de gagner un confort incroyable. On est les seuls en France à avoir ce type de machines qui peut faire des mailles à l’envers, à l’endroit, sur le dessus. Ce sont des chaussettes sans élastique, sans couture pour notre gamme premium », souligne Stéphanie Bessot.
L’autre stratégie de l’entreprise, alors que les consommateurs sont de plus en plus sensibles au made in France, c’est d’ouvrir ses propres boutiques. Le premier essai remonte à 2009 sur le site de production à Dambach-la-ville, un « succès incroyable ».
D’autres ouvertures suivent à Obernai, Strasbourg, Besançon, Paris, Mulhouse depuis octobre 2016 et peut-être bientôt Colmar comme l’espère la directrice marketing : « Cela permet de diffuser toute notre gamme, de montrer tout notre savoir-faire et nous donne une légitimité. Nous avons une très bonne notoriété chez les 60 ans et plus, qui nous associe à la qualité et au confort qui font vraiment partie de l’ADN de la marque, mais nous sommes inconnus chez la jeune génération. Il y a un gros travail de communication à refaire. »
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