Gérard Leser, avec ces histoires de fantômes, la première question qu’on a envie de vous poser est de savoir si vous y croyez et si vous en avez vu !
© M.O. Gérard Leser et ses fantômes alsaciensJe n’ai jamais été témoin d’aucun phénomène surnaturel, non ! Mon travail pour ce livre était de collecter ces récits et de les fixer par écrit. De recueillir parfois différentes variantes de la même histoire. J’ai dénombré 82 versions de l’histoire de la dame blanche, aperçue du Hohwald jusqu’à Riquewihr en passant par la Vallée de Munster... L’objectif final est bien sûr la transmission.
À ce propos, ne craignez-vous pas qu’à l’ère de Twitter et des posts Facebook, ces légendes finissent par disparaître ?
En effet, jadis, tout ce folklore était transmis par la voie de l’oralité, on se racontait ces histoires dans le giron familial. Il y a bien eu une rupture générationnelle, mais elle ne date pas forcément de ces dernières années avec l’apogée des réseaux sociaux. La fracture s’est plutôt opérée dans les années 50, avec la modernisation de l’agriculture et la fin d’une certaine ruralité. Le folklore, comme les comptines ou les dictons, sont en voie d’oubli. Les livres permettent à ce patrimoine de ne pas être perdu.
On croit moins aux histoires de revenants qu'à l'époque.
Lors d’un entretien avec une vieille dame de Breitenbach, j’avais posé la question suivante : « Les sorcières existent-elles encore, si non qu’est-ce qui les aurait tué ? » et elle m’avait répondu : « L’arrivée de l’électricité a chassé les fantômes et les sorcières ! » Forcément, à l’époque, on s’éclairait à la bougie, dans les maisons régnait une atmosphère claire-obscure, le soir il n’y avait pas la télévision ou d’autres divertissements, tout cela était propice aux histoires de fantômes et de revenants, une peur commune à la plupart des civilisations et un des grands thèmes du folklore européen.
Beaucoup de ces récits sont étroitement liés à la religion, aux morts qui reviennent effrayer les vivants car ils ne trouvent pas le repos dans l’au-delà...
Oui, il y a un lien évident à la foi. L’église chrétienne a mis en place le fameux Purgatoire autour du XIIIème siècle. On retrouve alors des motifs récurrents dans les légendes, ceux qui ont commis des pechés et qui sont punis après leur mort ou ceux qui reviennent parce qu’ils ne sont pas en paix, considérés comme « mal morts » : victimes de mort violente, d’absence de sépulture ou corps disparus...
On constate une évolution de l’imaginaire. Par exemple, tous ces morts lors de la Première Guerre Mondiale en Alsace ou, plus près de nous, le crash d’avion au Mont Saint-Odile... je n’ai jamais entendu aucune histoire là-dessus : les imaginations ont été frappées autrement, le folklore s’étiole.
Vous craignez le défilé d’esprits frappeurs à Halloween ?
On dit que les environs du château du Schwarzenbourg à Munster est hanté par une dame blanche, je m’y promène souvent avec mon rucksack, je ne l’ai jamais vue... Halloween n’a jamais vraiment pris en Alsace car ce n’est pas notre patrimoine, c’est une importation américaine elle-même importée d’Irlande.
☛ Propos recueillis par Mike Obri
« Fantômes et revenants en Alsace » (éd. du Belvédère) disponible chez tous les bons libraires. Le livre est une compilation d'histoires lugubres, pour la plupart anciennes, classées par thèmes (dames blanches, revenants sans têtes...). Vous y trouverez forcément une histoire qui se déroule près de chez vous (de Mulhouse à Munster, en passant par Scherwiller, Saverne, Colmar...)
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