Place du Chateau | Eguisheim
Quel bonheur de converser avec Christian Beyer sur ses terres, à Eguisheim. Philosophie, histoire, géologie, climatologie, cinéma... toutes les disciplines sont bonnes pour parler du Vin d'Alsace. L'homme, pas encore la quarantaine, est un vrai passionné. Qui ne cache pas sa volonté d'être reconnu parmi l'élite des vignerons de la région. « Chaque année, on repasse l'examen. On a beau connaître son métier, chaque millésime est une autre aventure. C'est un métier fabuleux et je prends de plus en plus de plaisir à l'exercer. Les vins d'ici méritent d'avoir une plus grande reconnaissance. Au 17ème siècle, l'Alsace, c'était le Bordelais d'aujourd'hui. On écoulait du vin partout en Europe », s'enthousiasme-t-il. « Quel autre métier permet de présenter son travail à des personnes très différentes, ici ou à des milliers de kilomètres, leur faire goûter et sentir chez eux du plaisir ? Le vin, c'est l'échange, c'est un liquide magique qui fait marcher l'imaginaire ».
© M.O. Christian Beyer devant la colline du Pfersigberg à EguisheimMais Christian Beyer est également très pragmatique. Après avoir fait ses classes dans le Sauternais, en Bourgogne et en Allemagne, il a compris très vite que le marché du vin s'était mondialisé et qu'il fallait s'ouvrir à l'international. « Emile Beyer était le nom de mon grand-père : on se transmet nos parcelles depuis 14 générations ! Quand j'ai repris l'exploitation il y a quinze ans, la part d'exportation est passée de 5 à 40%. C'est dingue qu'un type de Chicago pense à commander un Grand Cru d'Alsace au restaurant, mais aujourd'hui, c'est aussi comme cela que ça marche. Du vin, on en fait partout. Pour un Chinois, du Riesling ne peut être qu'allemand... Du Riesling, on en produit d'excellents en Nouvelle-Zélande ou aux Etats-Unis... Mettre une cigogne sur une bouteille, ça ne suffit plus. Pour se démarquer, pour faire que le Vin d'Alsace retrouve une image de prestige, il faut miser sur la qualité, la spécificité de nos terroirs, et redonner à nos bouteilles cette part de rêve, à l'image du Bordelais ou de la Bourgogne. Ce qui a nui à l'image du Vin d'Alsace, c'est son côté bon marché, son bon rapport qualité/prix. Le prix, c'est le premier critère de décision du consommateur. Un Riesling à 5€, qu'en déduit-on ? »
Eguisheim compte deux Grands Crus : le Pfersigberg et le Eichberg, les fers de lance de la gamme Emile Beyer, passée cette année en bio. Le domaine ne produit que 150 000 cols par an : une petite production, pour maîtriser la qualité d'un bout à l'autre de la chaîne. Nous avons eu la chance de goûter quelques bouteilles. Faites-nous confiance, nous n'avons eu que de très agréables élixirs en bouche, des vins équilibrés, expressifs, tendus, d'une finesse remarquable. Riesling et Muscat se revendiquent secs, comme ils devraient l'être. Avec toujours de la minéralité pour les Rieslings. Notre coup de coeur va au Pinot Noir Lieu Dit Sundel, vinifié comme un grand rouge. Saisissant. Une révélation.« Les Alsace Grands Crus doivent devenir des portes d'entrées de communication pour le vignoble alsacien. En Bourgogne, le Romanée-Conti fait rêver, et du coup, pousse vers le haut toute l'image de marque des vins d'une région. On voit des cars de Japonais s'arrêter en Côte-d'Or pour visiter ce sanctuaire. L'Alsace est touristique, mais vient-on la voir pour ses vins ? Cela devrait devenir un objectif », conclut Christian Beyer.
Où :
Place du Chateau 68420 Eguisheim
Contacts :
03 89 41 40 45
www.emile-beyer.fr
Vente sur place, mais aussi à la Maison Engelmann à Mulhouse, au Canon d'Or à Mulhouse, à La Nouvelle Auberge à Wihr-au-Val...
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