19 route de Sainte-Marie-aux Mines | Ribeauvillé
Ses tissus prestigieux ont décoré les appartements de Barack Obama à la Maison Blanche, ont servi à la restauration du Petit Trianon à Versailles, et ornent bien d’autres demeures de prestige…
© M.I.E - Beauvillé 80% de la production part à l'exportation, vers le Japon, les Etats-Unis et l'EuropeLa Manufacture d’impression sur étoffe (M.I.E) à Ribeauvillé, plus de 200 ans d’histoire, trace son sillon dans l’univers du luxe, soit en travaillant pour des éditeurs de tissus d’ameublement (Pierre Frey, Ralph Lauren, Braquenie…), soit à travers sa marque Beauvillé pour le linge de maison.
« Ce nom a été choisi parce qu’il y a le mot beau qui représente le luxe et la qualité, villé avec un accent aigu, typique de la langue française, qui nous distingue sur le marché international de même que notre logo qui reprend la tête de la statue de la liberté de Bartholdi. Et bien sûr, ce clin d’œil à Ribeauvillé qui prouve notre attachement à l’Alsace », explique Alexandra Kieffer, directrice technique du site.
Dernier imprimeur sur étoffes à la main en Europe, la M.I.E est labélisée entreprise du patrimoine vivant depuis 2009, qui reconnaît des savoir-faire d’excellence et valorise des entreprises qui produisent encore entièrement en France.
A la création, on retrouve l’équipe artistique, des recrues des Beaux-Arts, qui dessine encore les prototypes à la main, à l’échelle réelle à la gouache, à l’aquarelle ou au fusain et détermine aussi « la recette » des coloris pour la pâte d’impression.
Dans la « cuisine aux couleurs », on travaille avec une vingtaine de couleurs mères, des colorants dits de « cuve », car « ce sont les plus résistants aux lavages ménagers et à la lumière ».
Le graveur va ensuite décomposer le dessin couleurs après couleurs, pour réaliser les cadres d’impression. Car ici, on imprime sur « cadre plat » depuis les années 40 à la main, alors qu’on aurait pu sacrifier au tout mécanique : « On travaille encore à la main car on n’est pas limité dans le nombre de couleurs et on peut réaliser des dessins très riches et très précis, qui nécessitent une grande finesse. Cela apporte un vrai plus ! », souligne Alexandra Kieffer.
La toile est déposée sur une grande table de 60 mètres environ, équipé de rails où vient se fixer le cadre. Selon le principe du pochoir, la pâte d’impression est étalée par raclage et traverse la toile par endroit, révélant le motif. Et l’on recommence pour chaque couche de couleur avec un cadre différent. « Quand un dessin a beaucoup de couleurs, l’opération peut prendre une dizaine d’heures », confie la directrice de production. La toile est ensuite suspendue au plafond pour la laisser sécher à température ambiante.
Le site de production ne compte qu’une seule ligne mécanique, qui fonctionne selon le même principe : « L’inconvénient, c’est qu’il y a pas de séchage : on imprime mouillé sur mouillé comme on dit dans notre jargon. Cela nous oblige à sélectionner des dessins où il n’y a pas beaucoup de couleurs, pas beaucoup de surimpression, sinon il y aurait un phénomène d’écrasement, donc des contours moins nets qui ne respecteraient pas le motif », commente Alexandra Kieffer.
Avant d’arriver sur la table, le tissu - que des fibres naturelles comme le coton ou le lin - a subi un petit « flambage » pour brûler le duvet à sa surface. Puis il reçoit un petit traitement de choc pour enlever la colle qui a servi à rigidifier les fils au tissage, et ses cires naturelles, permettant à l’eau et aux colorants de pénétrer dans les fils.
Les « écrus » comme on les appelle sont ensuite blanchis : « On détruit la coloration du tissu qui est crème à la base avec de l’eau oxygénée. C’est une étape importante parce que si on utilise des couleurs clairs, elles vont subir des variations : par exemple, un vert pastel peut virer au bleu à la lumière et avec le temps. » Enfin, le mercerisage lui apporte brillant et stabilité.
Le tissu subit aussi plusieurs traitements après impression. Il passe ainsi par une ligne de vaporisage avec des températures jusqu’à 135° pour fixer les colorants, à travers une réaction chimique d’oxydo-réduction, qui permettra de le rendre plus résistant au lavage et à la lumière. Lors de l’étape de finition, des traitements adoucissants ou antitaches peuvent être ajoutés…Les toiles arrivent ensuite dans l’atelier de confection où elles sont encore découpées à la main.
Les produits (essuie-verre, nappe, serviette…) n’ont plus qu’à être expédié à travers le monde, Beauvillé réalisant 80% de son chiffre d’affaires à l’export, Japonais et Chinois en tête qui raffolent du luxe à la française. Les clients peuvent aussi se rendre sur place, au magasin d’usine inauguré en 1996, où les fins de collection sont vendues à prix réduit.
Où :
19 route de Sainte-Marie-aux Mines 68150 Ribeauvillé
Contacts :
03 89 73 74 74
Grande vente de printemps du 4 au 29 avril 2017
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