Après quatre ans de travaux, la Bibliothèque Humaniste de Sélestat rouvre ses portes le 23 juin. Elle entre de plein pied dans le XXIe siècle avec une architecture moderne signée Rudy Ricciotti et des outils numériques pour séduire les visiteurs.
Il est rare de voir un projet d’une si grande envergure dans une si petite ville : 4 ans de travaux et un investissement de près de 14 millions d’euros !
L’ancienne Halle aux Blés a été transfigurée par le célèbre architecte Rudy Ricciotti qui a joué sur les volumes et la transparence pour un effet très lumineux et monumental. Le bâtiment a doublé de surface, avec la création d’un sous-sol pour les réserves et une extension contemporaine marquée par ses colonnes de grès torsadées. Des bâtiments ont été rasés pour créer un parvis et une entrée digne de ce nom.
La Bibliothèque Humaniste, nouvelle version, a été pensée comme un vrai «musée» : salle d’exposition permanente et temporaire, boutique, auditorium, salle de lecture, salle de classe, réserves, vestiaires, espace de détente...
« C’est un projet ambitieux pour une ville de 20 000 habitants, qui doit permettre de rayonner dans la région et au-delà. Nous avions 20 000 visiteurs avant la fermeture, nous espérons doubler la fréquentation », indique Elia Trouche, chargée de communication à la ville.
« C’est un outil exceptionnel qui doit rendre fier les habitants de Sélestat et les Alsaciens. C’est moins facile d’accès qu’un château de Louis de Bavière, mais nos collections ont une portée intellectuelle et historique qui ne doit pas être négligée », souligne Benjamin Fendler, directeur de la Bibliothèque Humaniste.
Fini l’esprit de la vieille bibliothèque qui avait aussi ses partisans ! La Bibliothèque Humaniste, nouvelle version, offre de nouveaux espaces plus clairs, plus lumineux, plus confortables. En un mot, plus modernes. À l’entrée, le salon Erasme est un espace de détente pour les visiteurs mais aussi libre d’accès pour les autres.
Un auditorium de 130 places a aussi vu le jour pour les conférences, séminaires, lectures... qui accueillera notamment le programme de l’association Les Amis de la Bibliothèque. Tous ces nouveaux espaces sont proposés à la location.
L’exposition permanente est consacrée à Beatus Rhenanus, humaniste de Sélestat, qui a donné sa bibliothèque à sa ville natale en 1547. Des livres originaux seront présentés mais aussi des fac-similés : « C’est notre seul moyen de présenter nos best-of, comme le cahier d’écolier de Beatus Rhenanus qui nous montre la pédagogie de l’école latine, car les livres ne peuvent être exposés que pendant 3 mois pour leur conservation », souligne Benjamin Fendler.
Mais pas de frustration à avoir : certains des ouvrages précieux pourront être feuilletés sur... écrans numériques : « Avant, on avait des livres dans des vitrines. Ok, c’est beau mais qu’est-ce qu’ils racontent ? Là, on entre à l’intérieur du livre : on a traduit les parties les plus importantes, on explique les gravures, mais aussi les ratures, les annotations... », poursuit le directeur.
L’exposition permanente remet aussi Beatus Rhenanus dans son contexte, avec une maquette tactile de Sélestat au XVIe siècle, des vitrines sur la cosmographie et la religion, ainsi que des jeux sur l’imprimerie. « On ne peut pas comprendre l’œuvre de Beatus Rhenanus sans comprendre l’importance de l’imprimerie, une révolution totale qui a permis tous les échanges intellectuels en Europe à cette époque. »
Derrière cet écrin de verre et ses vitres teintées se cachent un trésor, où seules trois personnes sont autorisées à rentrer : toute la collection de la bibliothèque de l’école latine et celle du savant
Beatus Rhenanus. Celle qui a reçu le label « Mémoires du monde » de l’Unesco.
« Seulement 15 documents ont ce label en France comme la Tapisserie de Bayeux ou l’Appel du 18 juin. Cela veut dire que l’Unesco considère qu’on a une collection exceptionnelle à conserver et à valoriser : ce ne doit pas être un trésor figé dans une caisse que personne ne verra jamais ! Pourquoi est-elle si importante ? Parce que c’est la seule collection d’un humaniste de cette période-là, reflet d’un monde de pensée nouveau en Europe dans les sciences, la géographie, l’histoire, etc, qui représente l’état du savoir à la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance. Cette collection n’a jamais perdu de sa cohérence, entre le moment où elle a été donnée, en 1547, et aujourd’hui : elle est quasi identique, et ça, c’est exceptionnel ! », vante Benjamin Fendler.
Six livres de ce trésor seront consultables via des écrans numériques, et renouvelés tous les trois mois.
Dans l’ancienne Halle aux Blés, les collections étaient un peu à l’étroit. Rudy Ricciotti a proposé une solution radicale : créer un sous-sol ! Les 70 000 documents reposent désormais dans des conditions optimales, avec traitement de l’air, de la température, de l’hydrométrie pour éviter tout choc fatal aux livres.
Ils sont répartis dans 4 magasins pour 3,5 km de linéaires au total : les fonds général, alsatique et périodique, fonds semi-précieux et musicaux, et le vrac qui reste encore à trier. « Un boulot surréaliste », soupire le directeur entre palettes et cartons pas encore déballés.
On descend encore un peu plus dans les entrailles du bâtiment, pour déboucher sur deux salles où sont conservés 2 000 objets. Des tableaux, des vitraux, des statues... donnés généreusement par les Sélestadiens, parfois trop généreusement : « On a 400 tableaux sur des sujets variés, de très belles choses mais aussi quelques croûtes », avoue le directeur.
Parfois, il y a de belles surprises comme le fond Fackler qui comprend des objets asiatiques d’une grande valeur. Parfois, il y a des surprises qui laissent coi, comme cette médaille rangée dans une boîte à cigare...
À l’occasion des expositions temporaires, ces objets pourront sortir des réserves et se montrer au grand jour comme dans l’exposition « C’est quoi ce truc ? » sur les perles cachées de la collection.
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