Au XVIe siècle, quand les mineurs entraient dans la mine, ils suivaient toujours le même rituel. Ils prenaient une dose de suif, la graisse animale qui alimentait les lampes à huile pour s’éclairer le temps d’une journée de travail. Ils entraient toujours dans le même ordre selon le corps de métiers : piqueurs, décombreurs, tourneurs de treuil, pompeurs d’eau…
Aujourd’hui, le visiteur délaisse la lampe à huile pour le casque avec une lampe frontale, s’équipe d’une veste et de botte, voire d’une combinaison pour le parcours spéléo, avant d’explorer les entrailles de la terre précédé d’un guide. Xavier Rustenholz, directeur du Parc Tellure, prévient : « Tout est l’œuvre de l’homme ici ! La paroi a été creusée au marteau et au burin. Ce n’est pas l’eau qui a creusé la roche comme dans une grotte. »
Dans la mine St-Jean Engelsbourg, nous voilà plongés dans la pénombre, dans le froid, avec la torche qui éclaire la roche, le gneiss, porteur de tant de filons : « Cette roche n’est pas jointive partout, elle comprend quelques failles, dans lesquelles on peut retrouver des filons d’argent, de cuivre, de zinc, ou d’arsenic. Vous voyez ces traces bleues, elles sont dues à l’oxydation du cuivre », explique Xavier Rustenholz. La mine, exploitée entre 1550 et 1908, a connu différentes technique d’extraction. La manière « douce » au XVIe siècle avec des mineurs qui travaillent au burin et à la pointerolle, et qui taillent des galeries en ogive à taille humaine avec des murs presque lisses. La manière « forte » au XXe siècle avec de la dynamite et le marteau piqueur qui donnent des parois déchiquetées et créent des galeries assez grandes pour y faire passer des machines. Sur le parcours, on peut d’ailleurs voir la salle des poudres : « C’est l’endroit où l’on stockait la dynamite, une dizaine de caisses peut-être. L’avantage de la dynamite, c’est qu’elle ne réagit pas à l’eau. L’inconvénient, c’est qu’à la chaleur, elle se transforme en nitroglycérine et devient intransportable, donc elle était stockée ici à 8-10 degrés », précise Pascal Hestin, guide spéléologique à Tellure et environs.
Et de l'eau, il y en a dans les galeries ! On n’entend qu’elle sous terre, qui coule le long des parois, ou dévale le long du sol : « L’eau est le problème principal dans la mine. C’est pour cela qu’il y avait des tireurs d’eau qui enlevaient de l’eau des puits toute la journée pendant 8 heures jusqu’au niveau zéro, de sorte que l’eau s’écoule ensuite vers l’extérieur », indique le directeur du parc. Sur le parcours, on découvrira des puits avec une eau translucide, dont un découvert tout récemment : « C’est très rare de découvrir un puits dans cet état-là, aussi boisé, avec l’échelle intacte datant des années 1900. Pour l’instant, on a pompé l’eau jusqu’à 7 mètres, mais cela doit descendre à 20-25 mètres », se réjouit Xavier Rustenholz. Plus tard, dans la salle des machines, on découvrira un puits qui descendait au moins à 60 mètres, preuve que l’homme a troué la montagne comme un gruyère à la recherche de l’argent.
Quand on débouche dans une large pièce avec un trou béant au-dessus de soi, cela veut dire que les mineurs ont trouvé ce qu’ils cherchaient : il faut dire que le Val d’argent porte bien son nom et que le site était connu dans tout le Saint Empire romain germanique. Le musée retrace cette ruée vers l’argent et explique le fonctionnement d’une mine au XVIe siècle, à travers Vito, émigré italien venu de Venise pour faire fortune. Arrivé sur place, il achète une concession au juge des mines et se constitue une équipe : « Des hommes venaient d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche avec une vraie spécialité et vendaient leur savoir aux plus offrants : ils restaient quelques années et repartaient ensuite dans d’autres mines. Puis il y avait la main d’œuvre locale ou les ouvriers immigrés, des gens extrêmement pauvres qui se vendaient pour leur bras. Mais tous étaient des hommes libres, embauchés et payés », informe Pascal Hestin. « Nous ne sommes pas dans une mine de charbon ici. L’argent a une valeur, a un cours. Si les mineurs ne trouvaient rien, ils avaient un salaire minimum garanti par la caisse des mineurs. Et s’ils trouvaient quelque chose, ils étaient rémunérés par rapport au cours de l’argent à ce moment-là », ajoute Xavier Rustenholtz. Les conditions de travail étaient ainsi très encadrées : en cas d’accident, une enquête était ouverte, et les coupables redevables d’une amende. Il faut dire que les seigneurs de Ribeaupierre qui exploitait la mine avait tout intérêt à explorer le filon jusqu’au bout !
Les petits, de 3 à 6 ans, peuvent découvrir la mine tout en douceur grâce à un parcours sensoriel. Des globes lumineux, cachés dans des recoins, diffusent une lumière fluorescente pour les plonger dans une ambiance fantastique. Des boîtes sensorielles sont dispatchées sur le parcours pour permettre à l’enfant de plonger ces mains dedans et découvrir la matière : des cristaux, des minéraux, des pierres polies, de la roche brute… C'est aussi l'occasion de découvrir les légendes du Val d'Argent, contées par le guide. La plus célèbre, celle de la Rose d’argent, raconte l’histoire d’un gnome amoureux d’une humaine. Il lui déclare son amour en lui offrant une rose, mais la jeune fille l’éconduit à cause de sa laideur. Le gnome, désespéré, retourne sous terre où il appauvrit les filons d’argent. Depuis, la rose symbolise le bonheur quand elle s’ouvre, le malheur quand elle se ferme.
Les enfants un peu débrouillard et sportif, à partir de 8 ans, peuvent s’élancer dans un parcours spéléo de deux heures. A partir du premier filon d’argent découvert dans la mine Saint-Jean et de son trou béant dans la roche, ils vont monter la grande échelle et vivre une aventure hors du commun. Ils trouveront trois grands obstacles sur leur chemin qui les obligeront à prendre une tyrolienne de 20m de long environ, à descendre en rappel ou à jouer les équilibristes sur une passerelle. « Ce passage dans le vide est assez impressionnant pour les enfants : c’est un espace pas très large de 40-50 cm qui était boisé à l’époque, qui ne l’est plus aujourd’hui, qui se réduit à la fin sur 10 cm de largeur. Bien sûr, les enfants sont accrochés à une corde et s’en sortent très bien », commente Pascal Hestin. Pour les adolescents et les adultes, d’autres parcours sont envisageables, avec de plus grandes sensations encore, comme descendre la grande colonne, soit 50m de rappel ! Même pas peur !
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