Salade, tomate, oignons

Un soir, en entrant dans un kebab, un homme croise le regard d’une femme. Cet instant, reconnaissance immédiate de deux solitudes, il nous le raconte dans un flot de mots, tous les mots refoulés depuis des années. Avec ce premier geste d’auteur, le comédien Jean-Christophe Folly fait valser les clichés sur les racines, l’appartenance et l’héritage.

© Virginie Meigne

On se souvient de l’acteur époustouflant de La Nuit juste avant les forêts. Jean-Christophe Folly signe ici un spectacle tout en finesse, humour et virtuosité, dessinant le portrait mouvant d’êtres en quête de leur identité. Seul en scène, s’amusant à brouiller les pistes entre fiction, autofiction et réalité, il incarne tour à tour trois personnages, leur urgence à s’exprimer, leur solitude, celle de ces jeunes issu·es de l’immigration, dont les parents sont nés ailleurs. Prisonnier·ères d’un héritage, ils et elles tentent d’inventer autre chose. Mais comment faire pour réussir à vivre sereinement une vie hantée par des ancêtres dont on ne sait plus rien, dont on n’a jamais rien su ? Comment oser croire en soi ? Jusqu’où la liberté est-elle possible quand on ne se reconnaît dans rien ? Salade, tomate, oignons parle de celles et ceux qui font le pari de ne pas se cacher derrière une appartenance, qui acceptent d’être nu·es sur la banquise face à l’idée du terroir, du chez-soi. Celles et ceux qui vont, fragiles, à la recherche de l’Autre.