Le Misanthrope

Alceste exècre ses semblables, mais il aime Célimène, qui excelle à mener les hommes par le bout du nez. En éclairant la fascinante complexité des personnages, Simon Delétang, nouveau directeur du Théâtre de Lorient, rebat les cartes de cette comédie grinçante où Molière dénonce l’hypocrisie des courtisan·es de tout poil.

© Aurélien Jan Le Misanthrope

Il est intransigeant, passionné et droit. Alceste pourrait bien être un modèle. Mais il est aussi violent, jaloux, buté. Et finalement ridicule. Pour ses contradictions et ses ambiguïtés, le héros romantique du Misanthrope est aux yeux de Simon Delétang le plus beau personnage du théâtre français. Parce qu’il nous offre un miroir cruel ? Avec la plus célèbre de ses pièces, Molière a fait de la satire un sport de combat et des alexandrins une arme de destruction massive, pour pulvériser fourberies, mensonges et simagrées. Auprès de Célimène défile une galerie d’êtres en représentation permanente, poètes ratés, prudes consommées, courtisans effrénés, quémandant un peu d’attention et dupé·es sans pitié par la jeune veuve. Loin des coquettes habituelles, le metteur en scène a choisi, pour incarner Célimène, une comédienne au caractère trempé, qui ne fera qu’une bouchée d’un Alceste rendu grotesque par sa brutalité. Dans un espace pluriel, à la fois intérieur de palais, écurie, galerie d’art, machine à illusion, Simon Delétang fait résonner la beauté d’une langue diablement vivante.