C’est décidé, vous voulez acheter un nouvel instrument de musique ? Et vous êtes prêt à y mettre le prix pour avoir un instrument de qualité ? Pourquoi ne pas pousser la porte d’un luthier pour s’offrir son meilleur compagnon de chambrée, le compagnon de toute une vie ?
DR Gabin Graff, luthier à PfaffenheimQuand on devient expérimenté avec un instrument de musique, on veut en tirer le meilleur son possible. Et souvent, celui sur lequel on joue était très bien pour faire ses gammes, mais n’est plus satisfaisant pour progresser et développer son jeu. Pas le choix : il faut changer de « monture » et monter en gamme. Les luthiers, qu’on connaît bien pour venir y faire ses ajustement et réparations, fabriquent aussi sur commande des instruments d’exception.
On se trouve ici en territoires d’intarissables passionnés qui vont vous conseiller au mieux dans vos désirs. Premier élément à prendre en compte : la qualité du son, qui repose sur plusieurs critères comme l’essence du bois, ses performances acoustiques, son temps de séchage… « Pour un violon, l’essence restera la même, de l’érable et de l’épicéa, mais je présente une vingtaine de pièce de bois au musicien, qui choisira un bois plus ou moins tendre selon ses besoins acoustiques. L’acoustique varie selon le bois utilisé, la voûte sculptée dans la masse et l’épaisseur de bois qu’on y laisse. Le vernis joue aussi un rôle énorme », explique Benoit Charon, installé à Saint-Louis depuis dix ans.
Pour une guitare électrique, comme les fabrique Gabin Graff à Pfaffenheim, le choix est plus vaste : acajou, ébène, noyer, citronnier, érable… « Moi, j’aime beaucoup travailler l’acajou, parce que les notes durent très longtemps, il y a une bonne harmonique mais un son un peu sourd, alors je vais coller de l’érable ondé dessus parce qu’il donne un son très brillant qui équilibre le tout ». Et pour une guitare électrique, il va de soi que le choix des composants électroniques et les micros auront tout autant d’importance : « Rien qu’une petite pièce, si elle est en plastique, en nacre ou en ivoire, a une incidence énorme ! », indique le luthier.
Deuxième argument de taille pour commander un instrument de musique chez un luthier : l’ergonomie. Benoit Charon n’a même pas besoin de discuter de cela avec un violoniste, il lui suffit de regarder ses mains : « Si j’ai un gars d’1.75m avec des mains de géants ou avec des mains de gamins, je sais tout de suite ce qu’il lui faut pour la taille du manche. Pour un alto, c’est différent, sachant que le plus petit est de 38cm, le plus grand de 45 cm, il faut une grosse discussion sur la taille qu’il lui faut par rapport à son expérience », souligne Benoît Charon. Avec Gabin Graff, les guitaristes discutent également beaucoup du projet : faire un manche selon la taille de la main, alléger le poids de l’instrument si le client est un petit gabarit ou encore faire des échancrures selon son style de jeu. Quand on fait du sur-mesure, le moindre détail compte.
Maintenant que les détails techniques ont été traités, reste à choisir la physionomie de l’instrument. Et là, entre luthier classique et luthier guitare, ce sont deux écoles très différentes. Pour les instruments du quatuor à cordes (violon, violoncelle, alto), les clients recherchent majoritairement le prestige de l’ancien : « J’ai beaucoup plus de facilité à vendre une copie d’instruments anciens comme le Stradivarius qu’à vendre un violon d’aspect contemporain. Je donne à ces copies une apparence 17e et 18e, avec usure du vernis », informe Benoît Charon. Dans le monde de la guitare électrique, au contraire, toutes les audaces sont permises : les bois qui présentent de jolies nervures comme l’érable pommelé, ondée ou mouchetée seront teintés et vernis, ceux qui n’ont pas de spécificité visuelle seront peints « en rose pailleté si le client le veut », on peut choisir des incrustations et des finitions en tous genres : « Les clients qui viennent me voir veulent une guitare originale que personne n’a. J’ai par exemple un client qui est tombé amoureux de l’Egypte et que veut l’œil d’Osiris sur la 12e case », s’amuse Gabin Graff, prêt à relever tous les défis de ses clients. « Il n’y a pas de limite à la fabrication si ce n’est son imagination ! »
En réalité, il y a une autre limite : celle du prix. Gabin Graff met environ 100h pour fabriquer un instrument de musique, jusqu’à 200h selon le niveau de détails. Son premier prix débute à 1800 € mais peut monter beaucoup plus haut selon les exigences du client. Pour un violon, il faut compter 10 000 € environ : « C’est le prix moyen d’un instrument fait main en France », souligne Benoît Charon. Mais c’est encore moins cher qu’un violon ancien : « Plus c’est ancien, plus il faut mettre des ronds sur la table, on parle de 25 000 à 40 000 €. Or il a été prouvé qu’un instrument contemporain valait largement un instrument ancien. Et le client pourra ainsi forger le son de son instrument ! » Acheter un instrument sur-mesure est évidemment un investissement, mais à long terme. Comme le dit Gabin Graff, « On voit très rarement des guitares de luthier sur le marché de l’occasion, c’est un instrument pour jouer mais il représente pour certains une œuvre d’art, et puis il y a le côté charnel et sentimental de l’objet. »
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