Exposition: l'estran entre mystères et menace

Mot d’origine néerlandaise (de « strand », plage), l’estran, qu’on appelle aussi « espace de balancement des marées », désigne un lieu tantôt découvert, tantôt recouvert par la mer.
Découvert, on peut s’y promener, faire de la pêche à pied, étudier la faune et la flore tout à fait spécifiques qui s’y sont développées. Selon le coefficient des marées, certaines parties de l’estran sont couvertes tous les jours, jamais vraiment à sec, restant un peu vaseuses. D’autres, plus hautes, ne se couvrent qu’aux très grandes marées, permettant l’éclosion d’algues et de plantes particulières. Une partie de l’estran est ainsi constamment changeante, se déplace, modifie ses formes, tandis qu'une autre partie est plus stable et permanente. Ces changements sont plus grands quand l’estran n’est composé que de sable ou quand s’y trouvent des rochers. L’estran, un espace qui tantôt existe, tantôt n’existe pas.

L’activité humaine qui se déploie dans cet espace est multiple et variée :

• Ramassage du goémon jadis, interdit depuis
• Pêche à pied, sur les rochers ou dans l’eau
• Pêche au lancer, ou comme sur nos côtes, à l’aide de pêcheries

C’est aussi un haut lieu de loisirs et de farniente : bains de mer, planches à voile et voile. Sur le sable chaud : bronzage, coquillages et crustacés. Cette activité humaine est, comme l’estran, rythmée par les heures des marées et les saisons.

Avant d’être un lieu très fréquenté, l’estran fut longtemps considéré comme l’espace de tous les dangers, représenté dans les tableaux anciens par la mer déchaînée, les tempêtes et les naufrages. Au cours du 19ème siècle, les représentations de l’estran changent. Les premiers touristes, fortunés, découvrent un lieu qui peut être paisible, reposant, ouvrant de grands espaces à perte de vue, des horizons avec des couchers de soleil magnifiques. Alain Corbin, historien, dans un magnifique livre qui retrace l’histoire des transformations des visions de l’estran, l’a appelé Le territoire du vide. Entre la Bernerie et jusqu’au port du Collet, à marée basse, l’espace qui s’y déploie mérite bien ce titre.

Par un étrange retour de l’histoire, l’estran est redevenu aussi un lieu de menaces, celles de la submersion. La tempête Cynthia a sonné l’alarme. Aujourd’hui, l’estran c’est aussi le « retrait du trait de côte ». Plusieurs tempêtes récentes ont détruit des pêcheries. Des maisons sont menacées d’écroulement. L’estran, lieu de tous les dangers ?

L’exposition mettra en lumière ces différents aspects de l’estran, l’un des éléments de notre patrimoine. Comme dans nos expositions précédentes, il s’agira de mettre en lumière ce patrimoine de manière artistique, originale, surprenante, à l’adresse d’un public local (chaque année, plusieurs milliers de personnes). L’exposition sera organisée en partenariat avec la ville de Pornic et une ou plusieurs associations directement concernées par la sauvegarde et l’entretien de l’estran, qui mettront leur documentation à la disposition des visiteurs. Une conférence par un spécialiste de ces questions est également prévue.