Si on pouvait parler d’acte de naissance artistique, on la situerait au 3 septembre 2013 pour Valy Mo : ce jour-là, le groupe canadien Crystal Castles poste sur les réseaux sociaux le remix Kerosene du DJ mulhousien qu’il a visiblement très apprécié. Un joli coup pour Valentin Morelle, alias Valy Mo, qui s’exerce depuis 5 ans à la musique assistée par ordinateur depuis sa chambre et qui voit sa version de Kerosene grimper à plus de 350 000 écoutes sur la plateforme musicale Bandcamp. « A partir de là, j’ai forgé mon propre son, à travers un type de synthé. On peut faire de la techno, de la house, de la bass music, mais c’est important de se faire reconnaître par sa signature. Il faut pouvoir se démarquer sans se coller d’étiquette parce que le genre est éphémère : je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. Il y a une phrase d’Yves Saint-Laurent que j’aime : "Les modes passent, le style est éternel". C’est ma ligne directrice », confie Valy Mo. Il est donc fort logique que le DJ et producteur soit mal à l’aise pour décrire sa musique, même si ces principales influences sont Boys Noize et Simian Mobile Disco : « Certains parlent de techno, de rave, de base music. Mon but, c’est de faire danser les gens et d’offrir une diversité. Je reproche souvent aux DJs de rester dans un même battement par minute, de ne pas prendre de risque et du coup d’être monotones. »
DR Valy Mo, un DJ sur une rampe de lancementValy Mo a jeté les bases de sa musique avec un premier EP, contenant les originaux A love anthem et Visions, signé sur Boxon Records, en 2013. Deux titres qui attirent l’attention de Kissy Sell Out, DJ et producteur anglais qui va les diffuser dans son émission de radio sur BBC1. Puisque les portes s’entrouvrent, Valy Mo force le destin : il contacte son groupe préféré, The Subs pour leur proposer un remix : « The Subs est un groupe emblématique de l’électro qui a sorti un troisième album avant-gardiste. Ils ont été séduits par mes productions et ils m’ont donné ma chance pour remixer Condorde avec un featuring de Jean-Pierre Castaldi. J’avais une telle pression que j’en ai fait 14 versions avant d’aboutir à un produit final. Mais je peux dire que j’ai remixé mon groupe préféré ! », se réjouit-il. Et ses remix continuent de faire parler à lui : Etienne de Crécy a jugé « très bon » son remix de Binary, le blog américain Airmilk a déclaré qu’il était l’auteur du meilleur remix de Disclosure.
Une petite notoriété qui lui vaut d’être démarché à son tour pour faire des remix. Ainsi, vient de sortir une version de Rise of the Serpent d’Aucan, groupe italien signé chez Ultra Records, un des plus gros labels électro (The Bloody Beetroots, Benny Benassi, Calvin Harris…), avec un éloge flatteur de leur part. « Le groupe et l’entourage ont qualifié ce morceau d’avant-gardiste, ils m’ont dit que ça pourrait être la nouvelle ligne de bass music en vogue ! », s’enthousiasme-t-il. D’autres collaborations sont en cours, avec le collectif belge Party Harders et le duo français Da Octopusss. Entre temps, Valy Mo a sorti Redemption, single applaudi par Airmilk et Nest NQ.
C’est à se demander comment Valy Mo a trouvé le temps pendant cette année chargée de finaliser son premier album de dix titres, commencé il y a un an alors qu’il était encore étudiant à l’IUT de Mulhouse. Un album tapissé de différentes ambiances, très vocal avec pas moins de 5 chanteurs sollicités et un rythme qui ne se relâche jamais : « J’ai essayé de trouver un juste milieu entre une musique qui donne envie de danser, mais qui peut aussi s’écouter en soirée avec des potes. Si tu prends Carl Cox, c’est bien pour danser dessus en club, mais pas si tu reçois des amis dans ton salon. Si tu prends Flume, c’est cool à écouter en soirée, mais tu ne danses pas dessus en soirée. Pour moi, aujourd’hui, j’ai réussi ce pari. » Une assurance qui tranche de suite avec une sensibilité, quand on lui demande de s’expliquer sur ce côté sombre pointé dans les chroniques spécialisées : « Les mélodies que je fais doivent me procurer un frisson, doivent créer de l’émotion. Si je pense à Ritournelle de Sébastien Tellier, cela me donne les larmes aux yeux rien que d’y penser (nous confirmons –NDLR). Tu te dis alors qu’il a réussi un truc de dingue ! Voilà, je ressens peut-être plus de frissons dans des choses sombres que dans des choses joyeuses. »
Néanmoins, on ne sortira pas nos mouchoirs, mais plutôt nos meilleures chaussures plates taillées pour le dancefloor, pour la prochaine date de Valy Mo. « Je ne veux pas que la vidéo prenne le dessus sur la musique, ce sont donc des images graphiques, agréables à regarder, mais desquelles tu peux te détacher », explique Valy Mo.
Un album, un live… Il ne reste plus à Valy Mo qu’à décrocher le label de ses rêves – et ses rêves sont grands. « J’ai toutes les cartes en main pour dénicher de très bons labels. Je peux me permettre de démarcher Owsla le label de Skrillex, vu que The Nest, label sous-marin de Skrillex, aime ce que je fais depuis Crystal Castles. Si je choppe ce label, la machine est lancée…». Il a 23 ans, il a pris son temps, il est prêt.
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