Conférence : Du berceau au bastion, la Provence des oratoriens XVIIe-XVIIIe siècles

Comment l’Oratoire de France, né au début du XVIIe siècle, a-t-il façonné durablement le paysage spirituel et intellectuel de la Provence ? François-Xavier Carlotti, historien et docteur en histoire religieuse, nous propose un éclairage passionnant sur cette congrégation longtemps oubliée.

La suppression des congrégations religieuses en 1792 a plongé dans l’oubli l’ancien Oratoire de France. Certes, des noms ont survécu, des études se sont penchées sur l’engagement éducatif de ses brillants pédagogues ou son implication dans la querelle janséniste. Mais c’est négliger l’étendue de l’action de ses quelque 8 000 Pères et confrères dans le vaste champ de l’apostolat au point culminant de la Réforme catholique.

La sanctification du clergé, tel est en 1611 le projet de son fondateur parisien, Pierre de Bérulle, dont l’œuvre centralisatrice se greffe sur deux racines plus anciennes, poussées sous les influences croisées de Rome, Avignon et Aix : l’italienne, l’Oratorio romano de Philippe Neri, et la provençale, née de la dissidence du Comtadin Jean-Baptiste Romillon, issu de la Doctrine chrétienne. La genèse de l’Oratoire fait ainsi intervenir un fondateur primitif, dont la trajectoire personnelle mérite d’être éclairée en ce qu’elle détermine pour deux siècles, dans sa singularité, l’être collectif des oratoriens, ses successeurs, en Provence et Languedoc. En jeu, la question des vœux. Car cet institut séculier n’en impose pas.

Ici sont jetées ses fondations méridionales, premier chapitre d'une histoire singulière. L'emprise du troisième département (le Midi oratorien) s’étend bientôt sur soixante-cinq diocèses et dix provinces ecclésiastiques. Et si les fils de Bérulle échouent devant Martigues et Saint-Rémy, et que leur maison salonnaise est éphémère, ils établissent toutefois de solides positions en Basse-Provence occidentale, d’Arles à Aix, et de Pertuis à Marseille.

Cette conférence s’attache à éclairer le puissant réseau humain, économique et spirituel ainsi formé, aussi durable qu’étonnant dans ses formes.