En 2018, la Cité du Train à Mulhouse a célébré son 100 000ème visiteur annuel pendant les congés de Noël : un record de fréquentation depuis 2007. L’équipe en place se décarcasse pour faire venir de nouveaux publics dans ses vastes halls d’exposition : concerts rock, DJ party, réceptions privées, mais aussi visites théâtralisées humoristiques ou Murder Party - où les visiteurs doivent résoudre une enquête en plein milieu des locomotives...
© Mike Obri Sylvain Vernerey "dans ses habits du dimanche"« Le public amateur de ferroviaire, on n’a pas besoin d’aller le chercher, les passionnés nous connaissent déjà. Nous avons la volonté de développer des rendez-vous atypiques : ça n’est que comme ça que l’on peut atteindre les 100 000 visiteurs par an », détaille sans langue de bois Sylvain Vernerey, le directeur de la Cité du Train... depuis déjà 14 ans.
« Cette année, on a même pensé à organiser un salon de l’érotisme ou quelque chose dans ce goût-là. On est des grands malades ! La réalité, c’est que certains professionnels sont à fond pour la conservation du patrimoine, où il faudrait se prosterner devant ce que vous exposez. Alors que le grand public a encore tendance à se dire qu’un musée, c’est un truc poussiéreux. On nous dit qu’il faut démocratiser les musées. D’accord, mais le petit jeune de 25 ans, il s’en fout un peu des locos à vapeur. Il faut donc imaginer autre chose pour le faire venir sur place. Un concert, par exemple ! », poursuit-il.
Forcément, des grattes et une batterie à côté de l’autorail Bugatti, ça fait grincer les dents à certains puristes. Mais Sylvain Vernerey est là pour faire tourner la maison : « Ce petit jeune de 25 ou 30 ans va peut-être se rendre compte qu’il y a de très belles choses à voir dans notre musée et plus tard, revenir avec ses enfants... C’est notre pari. »
Comment en vient-on à diriger un musée tel que la Cité du Train ? Un passé de cheminot ? Du tout. « Je suis l’un des derniers bébés à être sorti de la maternité des Hospices de Beaune en 1970. Comme on dit là-bas : né le cul sur le tonneau ! Puis j’ai travaillé dans l’hôtellerie de luxe, en tant que chasseur - sorte de groom et de chauffeur - le p’tit job pour étudiant. J’ai un souvenir incroyable d’avoir passé mon permis de conduire sur une 205 le matin, et l’après-midi, il a fallu garer la Rolls en conduite à droite d’un riche client anglais. S’il avait su que j’avais eu mon permis deux heures avant... » Eclats de rire.
« Arrive le service militaire. ça tombait bien, j’avais toujours rêvé d’une carrière militaire, à condition de monter les échelons. Je suis passé par Saint-Cyr, où je suis devenu officier. J’ai eu quatre chars de combat sous mon commandement. » Le retour dans la vie civile est marqué par la désillusion. Sylvain Vernerey reprend un job dans l’hôtellerie. « Cela a été dur au début. Passer du commandement à devoir retendre la main pour avoir des pourboires... »
Mais il monte rapidement dans la hiérarchie, comme il a l’habitude de le faire. Jusqu’à devenir directeur d’un établissement haut de gamme à son tour. En 2005, on vient le chercher pour donner un coup de boost à la Cité du Train. C’est son côté « démerdard » qui a primé. Pouvoir réparer un char avec un papier de chewing-gum. « Là, j’ai mis mes habits du dimanche pour la photo, mais après, c’est bleu de travail et je fais la vidange d’une loco ! ».
Une musique en boucle ?
« Speed », le dernier tube de Zazie, où elle dit : « allez hop ! »
Votre livre de chevet ?
Je lis beaucoup car je suis insomniaque. En ce moment, « De Taille et d’Estoc », sur les Templiers.
Une personnalité que vous admirez ?
Churchill. Je m’identifie un peu à ce vieux bougon.
Un resto dans le coin ?
Chez Plume, rôtisserie du centre-ville de Mulhouse.
Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Un paysage de montagne.
Votre dernière grosse colère ?
Les attentats de Strasbourg. Le fait que ça continue à se produire. Encore et encore et encore.
Le truc que vous adorez en Alsace ?
J’y retrouve toute ma Bourgogne natale : gastronomie, vins et donc convivialité.
Le truc qui vous gonfle en Alsace ?
Peut-être cette « rigueur alsacienne », qui a ses avantages et aussi ses limites, notamment un petit manque de souplesse et de légèreté.
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