Propos recueillis en janvier 2013.
Il y a comme ça des révélations dans une vie qui peuvent en faire changer leurs cours. Pour Stéphanie Pain, directrice du Bel Air, ce fut Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone : « Ce film m’a happé totalement et j’ai découvert que les films pouvaient procurer un plaisir immense. » Elle est alors adolescente et suit les ciné-clubs sur France 3, enregistrant les films sur VHS : Truffaut, Tati, Chaplin…
Quand elle se retourne sur son parcours, avec ses deux sœurs qui travaillent dans l’audiovisuel, elle se dit qu’elle le doit aussi peut-être à son père : « Il a tourné des films 8 mm en Afrique et on se regroupait en famille pour regarder la projection. C’est un rituel qu’on adorait avec mes sœurs, même si mon père est loin d’être un grand réalisateur… », plaisante-t-elle.
Puis, ses études l’amènent à Mulhouse, où elle passe une maîtrise des métiers de la culture, des archives, de la documentation pour les collectivités territoriales, qui la fait travailler pour la mairie et au musée des chemins de fer. « Comme je débarquais à Mulhouse depuis ma Vendée, que je ne connaissais personne, je me suis dit que le meilleur moyen de m’intégrer serait d’entrer dans une association. Et je suis devenue bénévole au Bel Air pendant 5 ans, en faisant la caisse, le bar, le contrôle des billets, la projection… Puis j’ai travaillé sur la communication presse, les scolaires, l’organisation de soirée pour le festival Espoir en 35 mm. Et mine de rien, ça m’a fait un sacré bagage. » Après les départs successifs de Stéphane Libs et Christophe Hager, elle devient la directrice du cinéma en 2001.
Depuis plus de 10 ans, Stéphanie Pain défend le cinéma d’art et d’essai à la tête du Bel Air, petit poucet du cinéma mulhousien avec son unique salle de 125 places face au Kinepolis (14 salles) et le Palace (8 salles). Elle programme des films que l’on ne verrait pas ailleurs dans le département, avec des succès inattendus comme le film turc Evim Sensim, d’Ozcan Deniz qui a réuni 82 spectateurs en moyenne. Des choix qui répondent à un seul impératif : « J’aime bien qu’on m’embarque dans une histoire et ne pas être dans ma réalité pendant une1h30, peut importe si l’histoire est triste, gaie, si c’est un film pointu ou grand public. », lâche-t-elle.
Le Bel Air, c’est aussi une autre conception du cinéma, avec des rencontres organisées régulièrement pour aller au-delà du film : « C’est important de laisser place à des associations qui font un gros travail d’alerte, qui viennent apporter des éclairages avec des éléments chiffrés, et qui parle également de la situation locale. Les gens en débattent avec les intervenants, puis au bar entre eux, et ça se prolonge parfois jusque dans la rue. »
Mais tenir ce cinéma debout est un combat de longue haleine. L’an dernier, le cinéma est passé au numérique et doit faire 10 sorties nationales par an pour rembourser son emprunt. Il doit diffuser au moins 70% de films d’art et d’essai pour toucher les subventions de l’état. Et il espère atteindre les 30 000 entrées en 2013 pour s’assurer les subventions européennes. « L’Europe nous soutient aujourd’hui, parce qu’on fait un travail de promotion du cinéma européen et auprès du jeune public, mais si on n’atteint pas ce critère, elle pourrait suspendre son aide. C’est comme une épée de Damoclès au-dessus de notre tête. »
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