Propos recueillis en avril 2015.
DR Stéphane Herrada, conteur de légendes localesSur les hauteurs du Rimlishof non loin de Buhl, Stéphane Herrada a planté sa yourte à l’orée de la forêt : le décor de son spectacle n’est pas encore tout à fait installé mais il pousse déjà quelques faux champignons et un lutin facétieux repose sur un tronc d’arbre. Le temps de raviver les légendes locales, ce fan du Seigneur des anneaux vit dans un monde fait de lutins, d’elfes, de dames blanches, de sorcières et de géants…
C’est d’ailleurs pour vivre une « aventure » qu’il a quitté son emploi de responsable de production dans une biscuiterie industrielle à Saint-Amarin pour se consacrer à 100% à sa passion de toujours, le spectacle : « Le choix était simple à faire, je n’avais pas de charge de famille à l’époque, je prenais uniquement un risque avec moi-même. Bien sûr, cela remet des choses en question, comme le niveau de vie : j’ai divisé mes revenus par trois, mais on apprend à vivre avec beaucoup moins. Je ne regrette pas du tout mon choix, je vis beaucoup mieux qu’avant », confie-t-il.
C’est au lycée que Stéphane Herrada découvre la magie du théâtre. En arrivant en Alsace, ce Bourguignon étoffe son parcours artistique dans diverses associations : Ouver’Thur à Saint-Amarin, les Bâtisseurs de Thann, le cercle des conteurs de Saint-Thiébaut, jusqu’à monter sa propre troupe, Ramdam Théâtre. « Toutes ces années à m’impliquer dans le milieu associatif, à côtoyer des responsables de salles, m’ont aidé : je ne suis pas parti totalement dans l’inconnu. » En cavalier solitaire, il choisit le conte et fonde en 2005 sa compagnie Le comptoir des 100 grillons : « Il y a une dimension de liberté supplémentaire dans le conte par rapport au théâtre. Au théâtre, on incarne un personnage, on restitue un texte. Dans le conte, on part d’une histoire, on la fait sienne, on la transforme par ses propres expériences, ses propres images, il y a un aspect très créatif par rapport au texte ! »
Il est vite mis dans le bain avec deux beaux projets en partenariat avec le centre culturel et des loisirs des Coteaux à Mulhouse, pour lequel il crée Les contes des sables, inspiré de la tradition orale du Maghreb, accompagné par un oudiste, puis La pagode de Li, tiré des contes asiatiques, mis en valeur par un plasticien. Depuis, il s’est spécialisé dans les légendes locales : « Il y a plus de sens à raconter des choses sur le territoire dans lequel on vit. L’Alsace est riche de légendes, plus ou moins connues, le patrimoine est là, il faut le faire vivre. Il est tellement vaste qu’on n’en fera jamais le tour », commente-t-il.
Et Stéphane Herrada s’inscrit pleinement dans le territoire, en racontant des histoires dans des lieux atypiques, comme lors des Contes à la ferme organisés chaque été. Quand le Parc des Ballons des Vosges lui a demandé de retracer la vie des paysans de montagne à travers ses spectacles, Stéphane Herrada n’a pas hésité à donner de sa personne : « J’ai travaillé tout un été dans cinq fermes des Vosges pour me nourrir du quotidien des paysans, réinjecter du vécu, des anecdotes de travail et de vie, dans les contes. Ils sont très contents de faire découvrir au public une exploitation agricole. Lors des veillées, on a l’odeur et le bruit de la ferme, les animaux ne sont jamais loin. Je pourrais raconter ces histoires dans une salle des fêtes, mais ça n’aurait pas le même effet. » C’est le même état d’esprit qui l’a propulsé pendant 10 ans dans l’aventure du CirckôMarkstein pour raconter des histoires au sommet de la montagne, dans un environnement époustouflant. Et c’est encore son moteur aujourd’hui pour lancer une autre manifestation : Tentinabul’ au hameau du Rimlishof, toujours dans un cadre naturel enchanteur.
En boucle sur votre Ipod ?
J’écoute beaucoup de world music et de jazz : Keith Jarrett, Rajery, Susana Baca...
Votre livre de chevet ?
Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, et Les mines du roi Salomon d’Haggard quand j’étais môme.
Une personnalité que vous admirez ?
Pierre Rabhi, pour son côté militant et écolo, pour sa réflexion par rapport à la croissance. J’aime l’idée d’un indice de bonheur humain qui pourrait remplacer le PIB.
Un endroit où vous vous sentez bien ?
Dans la montagne
Votre resto préféré dans le coin ?
Les fermes auberges les Buissonnets à Bourbach-le-Haut et du Haag à Geishouse.
Le truc que vous appréciez chez les autres ?
Le calme
Le truc qui vous énerve chez les autres ?
Les discours sectaires
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