Chaque mois, nous allons à la rencontre de nos annonceur·euse·s, acteur·rice·s locaux·ales de la communication, pour partager leurs visions du secteur, de leur métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations.
Pour ce troisième entretien, nous avons interviewé Mannaïg Le Vôt, responsable de la communication de La Filature, Scène nationale de Mulhouse, quelques jours avant le lancement de la saison 23/24.
L'occasion pour elle de nous parler de son parcours, des défis pour le secteur culturel, du changement de charte graphique pour cette nouvelle saison et bien sûr des 30 ans de La Filature, vaisseau amiral de la culture à Mulhouse qui fait cohabiter la Scène nationale, l'Orchestre symphonique de Mulhouse, l'Opéra national du Rhin et la Médiathèque.
J’ai commencé à travailler dans la communication au Liberté, scène nationale de Toulon pendant deux ans. J’ai ensuite rejoint le réseau des Instituts français en tant que Volontaire Internationale en Administration (VIA) au Centre Culturel Franco-Nigérien de Niamey, où j’étais responsable de la Médiathèque et chargée de la communication numérique. Par la suite, j’ai intégré l’Institut français de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, où j’étais responsable de la communication, de la programmation et des partenariats. Je suis désormais responsable de la communication à La Filature, Scène nationale de Mulhouse depuis septembre 2022.
La Filature, comme l’ensemble du secteur culturel, a été doublement impactée ces dernières années, par la crise sanitaire d’abord, puis par la crise énergétique ensuite. La saison 22/23 a été assez contrastée : nous avons entamé un retour progressif à la normale, bien que les chiffres de fréquentation d’avant le Covid ne soient pas encore atteints. Nous avons cependant noté que le public a évolué puisque de nombreux·ses spectateur·rices sont nouvellement abonné·es, alors que d’autres abonné·es n’ont pas encore retrouvé le chemin de nos salles. L’objectif est donc de poursuivre notre ouverture vers de nouveaux publics – le public jeune notamment, mais également de donner envie à nos ancien·nes spectateur·rices de revenir fréquenter La Filature. Par ailleurs, nous notons également une évolution des habitudes des publics, puisque nous devons nous habituer de plus en plus aux réservations de dernières minutes, alors qu’auparavant les ventes étaient plus anticipées, ce qui impacte nos habitudes de travail, au niveau de la communication notamment.
À l’occasion des 30 ans de La Filature, et suite aux différentes crises que nous avons subies, il nous a semblé important de faire évoluer notre communication, en l’inscrivant dans une continuité formelle et esthétique (visuel très coloré, couverture de la brochure reliée par un fil), tout en la rendant plus figurative et donc plus accessible, et marquer ainsi une ouverture très nette vers de nouveaux publics et de nouvelles façons d’entrer dans La Filature. Pour ce premier visuel réalisé avec notre nouvelle graphiste Amélie Doistau, nous avons pris le parti de mettre en avant la pluralité des formes accueillies : le spectacle vivant – et en particulier la danse, le cirque, les formes urbaines, qui « cassent » l’image élitiste que le public peut avoir de La Filature – mais aussi les arts visuels, avec cette œuvre du photographe marocain Hassan Hajjaj, tirée de la série qu’il a réalisée autour du spectacle FIQ ! (Réveille-toi !) programmé en décembre 2023 – une partie de ces photographies sera exposée dans le hall de La Filature en amont du spectacle.
Nous avons également complètement repensé notre brochure de saison. Le format est revenu à celui de l’avant crise sanitaire, et la part belle a été faite à la photographie, qui est beaucoup plus mise en valeur, afin de mettre en avant une communication beaucoup plus visuelle, et donc beaucoup plus accessible.
Nous gageons que la création de cette nouvelle identité visuelle nous permettra de répondre aux nouvelles habitudes et attentes des publics – les nouveaux publics, et ceux qui se sont éloignés de la culture suite à la crise sanitaire.
En trois mots (à peu près) : ouverture (vers de nouveaux publics), accessibilité et (mise en valeur des) images.
Si nous avons eu la possibilité de maintenir des habitudes de communication dans le secteur culturel pendant de nombreuses années, nous commençons aujourd’hui à devoir répondre à de nouveaux nombreux défis. Tout d’abord, comme je l’ai mentionné précédemment, les habitudes du public ont évolué cette saison : il y a de plus en plus de réservations de dernières minutes, il est donc difficile d’anticiper la fréquentation de certains spectacles, et donc de jauger les efforts en communication que nous devons fournir. Si nous avions, ces dernières années, la possibilité de prévoir l’importance des campagnes et/ou des supports de communication que nous devions mettre en place pour chaque représentation, nous devons de plus en plus nous habituer à un travail sur le tard, ce qui représente un défi de taille et qui nous contraint à travailler différemment. Par ailleurs, il me semble capital de considérer deux autres sujets dans l’évolution de nos missions : les réflexions autour de la transition écologique, et l’évolution des réseaux sociaux.
La question du développement durable a un impact évident dans notre démarche : comment peut-on concilier la communication tout en essayant de réduire au maximum les impressions de papier, en ayant conscience en parallèle de l’impact extrêmement énergivore du numérique ? Quelles alternatives avons-nous ? Comment produire une communication efficace tout en limitant au maximum le contenu de nos supports ? Comment toucher le maximum de monde tout en limitant le nombre d’exemplaires imprimés ? Si l’ensemble du secteur culturel se pose aujourd’hui ces questions, et s’il nous est intéressant de partager nos bonnes pratiques, à l’heure actuelle nous n’avons pas encore trouvé de « solution miracle » et de réponses satisfaisantes à toutes ces questions. C’est une réflexion que nous devons mener au quotidien, et qui nous amènera certainement à prendre certains risques, à essuyer quelques plâtres, mais qui nous permettra, je l’espère, de réussir à trouver un bon équilibre entre une communication qualitative et exigeante, et un impact environnemental le plus faible possible.
L’autre sujet qui me questionne beaucoup ces derniers temps est l’évolution des réseaux sociaux. Si nous avons pu communiquer de façon assez standardisée pendant plusieurs années sur les différentes plateformes, l’opacité des algorithmes et la modification des habitudes des utilisateur·rices nous obligent à réfléchir à l’utilisation de ces outils : ce qui fonctionnait très bien il n’y a pas si longtemps, ne fonctionne presque plus aujourd’hui. L’un des problèmes majeurs que j’identifie est la mise en avant des contenus sponsorisés : si nous voulons nous assurer qu’un contenu fonctionne, nous devons nécessairement le payer, ce qui, à mon sens, détourne l’intérêt premier des réseaux sociaux qui consistent à accéder à du contenu gratuitement. À l’heure actuelle, nous sommes envahi·es de contenus suggérés, sponsorisés ou de publicités, au détriment du contenu que nous suivons réellement, ce qui est pénalisant pour les utilisateur·rices mais également pour le créateur·rice de contenu. De plus, ce sont actuellement les contenus vidéos qui sont de plus en plus valorisés sur les plateformes, ce qui implique un savoir-faire et également un budget spécifiques que nous n’avons pas toujours en interne.
Nous sommes donc à un tournant assez intéressant qui nous oblige à redéfinir nos priorités et à faire évoluer nos habitudes, à essayer de nouvelles choses, à nous tromper parfois mais surtout à imaginer et à apprendre de nouvelles façons de communiquer.
Le JDS est l’un de nos partenaires média privilégié. Nous communiquons chaque mois par le biais d’une insertion sur un spectacle ou un temps fort que nous souhaitons valoriser. Le JDS est également un support essentiel dans la communication de dernière minute, grâce à un travail sur les réseaux sociaux très précieux (post sur un de nos événements boosté et jeux concours permettant de gagner des places de spectacle). Enfin, les journalistes nous suivent très régulièrement et nous sommes assurés d’avoir mensuellement une présence très importante dans chaque numéro (interview d’artistes, articles, présence dans les agendas papier). Nous utilisons également l’agenda en ligne qui est l’un des plus suivis (sinon le plus suivi) dans Mulhouse et son agglomération. Enfin, nous faisons également appel au JDS pour la diffusion de certains supports de communications (brochure de saison et programmes de temps forts), ce qui nous permet d’être présent physiquement dans plus de trois cent points à Mulhouse et aux alentours.
La collaboration avec le JDS nous est donc indispensable et nous souhaitons la faire perdurer encore longtemps, d’autant que la qualité des relations que nous avons avec l’équipe crée une proximité que nous souhaitons préserver.
Le succès est évidemment une notion très relative, mais, professionnellement, je pense qu’elle implique tout d’abord d’aimer ce que l’on fait et d’estimer avoir une chance réelle d’exercer notre métier. Pour ma part, il est également essentiel de pouvoir apprendre au quotidien, et d’être dans une évolution constante.
De façon plus globale, je crois que le succès est d’être suffisamment épanoui·e dans son quotidien pour se satisfaire des ses propres réussites tout en relativisant ses échecs, et d’avancer accompagné·e d’un entourage positif et bienveillant.
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