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Przybylski : l’art comme défouloir

Jean-Christophe Przybylski est un créatif : publicitaire de métier, artiste par passion, passé très jeune par les Beaux-Arts de Mulhouse.

Propos recueillis par Sandrine Bavard en octobre 2016.

Créatif dans la publicité le jour, artiste dans son atelier la nuit et les week-ends, Jean-Christophe Przybylski est heureusement pour lui « pas un très grand dormeur ». Il est même du genre à ne pas tenir une minute en place, s’excusant presque au cours d’un entretien où il ne fait que s’asseoir et se relever : « Je suis un peu un boulimique, il faut tout le temps que je fasse des trucs ». On comprend mieux pourquoi il n’était pas très à l’aise sur les bancs rigides de l’école, lui qui a arrêté à 16 ans ses études générales : « Je n’avais pas envie de me faire mal à la tête avec des choses qui ne m’intéressaient pas du tout. Mon père m’a dit de tenter les Beaux-Arts. Heureusement, à l’époque, pas besoin d’avoir le bac pour tenter le concours. J’ai été pris, et là, c’était génialissime, on ne me prenait plus pour un con, on me parlait de ce que j’aimais, on avait une très grande liberté, on pouvait même fumer en classe. » Le papa, peintre amateur, pousse quand même le fiston à se spécialiser dans la publicité pour avoir un diplôme.

Przybylski : l’art comme défouloir DR Przybylski : l’art comme défouloir

Provoquer une réaction

Une carrière de créatif l’attend dans différentes agences, avant de la monter la sienne, en 1996 : « J’ai monté ma propre boîte pour faire les choses comme je le voulais. Notre slogan, c’était Allez-vous faire voir chez Kozak, ça marchait bien à une époque, jusqu’à la crise en 2007-2008. » Jean-Christophe Przybylski continue son travail en free lance, travaillant pour de grands clients comme Ravensburger pour qui il imagine des spots publicitaires. « Ce boulot, ça m’aide à me lâcher beaucoup plus dans l’art. Le cadre de création dans la pub est très précis, et répond à une efficacité marketing. L’art, c’est mon défouloir ! »

Il pratique l’art comme un passe-temps, mais de plus en plus sérieusement. Le véritable tremplin fut pour lui le premier salon art3f à Mulhouse en 2011, où il présentait pour la première fois des toiles en grand format, et notamment deux grands nus d’Adam et Eve pour interpeller le visiteur : « Quand je fais une peinture ou une sculpture, je veux que cela provoque une réaction, qu’on ne passe pas devant sans rien dire, peu importe si on trouve ça beau ou laid, mais qu’on ne passe pas devant sans rien dire », insiste-t-il.

Ses références picturales sont à l’avenant de son discours : Picasso, Dubuffet, Warhol, Haring, Basquiat… « Ce sont des mecs qui ont explosé l’écriture artistique, ouvert de nouvelles possibilités », s’enthousiasme-t-il. Lui, dessine beaucoup de portraits, où le trait, qu’il soit compact et épais, ou qu’il soit fin et presque gribouillé, est prédominant. Ses toiles se rapprochent parfois de l’art tribal, de l’art brut ou du pop art avec des êtres hybrides ou des personnages dignes d’un manga : « Mes personnages viennent d’ailleurs, et je les laisse venir. Ils m’apparaissent. A moi de dire stop ou encore. Je me laisse guider par la peinture, par le hasard. Quand il y a un accident, c’est magique…». Parfois, il s’amuse à revisiter l’histoire de l’art, de Mona Lisa à un Déjeuner sur l’herbe, un « super exercice ». Souvent, il s’amuse tout court : « Je n’aime pas faire tout le temps la même chose. J’ai envie de me faire plaisir : un jour, ce sera avec de la peinture épaisse, un autre avec de la peinture noire et de l’eau sale… Un jour, je m’enlisais sur une toile et du coup j’ai mis mes mains dans la peinture et j’ai réalisé une toile rien qu’avec mes doigts », raconte-t-il.

Jean-Christophe Przybylski est aussi passé plus récemment à la sculpture, plus précisément à la découpe laser à partir de dessin réalisé au doigt sur iPad, en partenariat avec l’entreprise Bricofer puis Socalu : « J’avais envie de le faire sortir de la bécane, mais pas sur du papier parce que c’est trop plat, mais avec de la sculpture. L’avantage, c’est qu’à partir d’un fichier, je peux faire de l’édition très limitée ou faire différents tailles, comme des têtes géantes ». En ce moment, il travaille sur une nouvelle technique, le collage après avoir eu un « flash dans la nuit » : « Cela amène une dimension plus réelle dans quelque chose de ouf, ça donne quelque chose à se raccrocher dans un trait complètement sauvage. Tu vois, j’ai commencé par photocopier ma tronche… ». Un autoportrait donc, pour changer ? « Ouais, on peut dire ça », rigole-t-il.

En boucle sur votre iPod ?
Iggy Pop. Sinon quand je travaille, que j’ai les mains pleines de peinture et que je ne peux pas changer de disques, j’écoute Fip Radio
Votre livre de chevet ?
J’aime bien Charles Bukowski
Une personnalité que vous admirez ?
Nicolas Hulot, c’est pas le plus rock’n’roll, mais c’est bien ce qu’il fait pour la planète. L’écologie, c’est une nécessité, malheureusement bafouée
Un endroit où vous vous sentez bien ?
Chez moi, dans mon atelier
Votre café ou resto préféré dans le coin ?
L’Atelier à Mulhouse, on y retrouve des gens sympas, de tous milieux sociaux
Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Voir mes filles heureuses
Votre dernière grosse colère ?
C’est une colère de fond, contre la bêtise humaine

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