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Patrick Di Vito : figure des nuits mulhousiennes

Figure des nuits mulhousiennes, Patrick Di Vito, alias Alan Pride, cumule les casquettes : DJ, producteur et propriétaire de discothèque. Depuis 2014, il fait revivre le Joya Club à Altkirch, avec de nouveaux projets pour la rentrée.

Propos recueillis par Sandrine Bavard en avril 2016.

 

Le Joya Club de Patrick Di Vito a été récompensé par la profession lors du dernier Festinight DR Le Joya Club de Patrick Di Vito a été récompensé par la profession lors du dernier Festinight

Il se décrit comme l’un des derniers « dinosaures » des nuits mulhousiennes. Quand beaucoup ont quitté le monde de la nuit, lui continue à faire danser les foules et tenir la barre du Joya, une des plus grandes boîtes de nuit du département à Altkirch. « J’ai gardé mon âme d’ado. En tant que DJ, j’aime faire danser des jeunes qui pourraient être mes enfants. Je ne me sens pas encore en décalage », assure-t-il. Elle a même redoublé depuis qu’il a failli perdre la vie il y a deux ans. « L’amour et la famille sont les moteurs de la vie ; le reste, ce n’est que de l’occupation. Aujourd’hui, je suis devenu plus philosophe, mais aussi plus humain et à l’écoute, je vis pleinement cette seconde chance », confie celui qui s’est fait tatouer un phénix sur le cœur et une maxime sur les avant-bras : « Sound is everywhere », « Love is everything ». On pourrait croire que le monde de la nuit use, mais Patrick di Vito réfute : « C’est un métier catalogué pour ses excès, mais moi je ne fume pas, ne bois pas, ne me drogue pas. Pour durer, il ne faut pas tomber dans les travers de la nuit », explique-il en buvant sa verveine.

L’âme d’un chef

Le métier, Patrick Di Vito, qui a fait les beaux jours du Caesar Palace et du Grand Bleu, l’a d’abord appris à l’adolescence: « A 14 ans, quand tous les copains voulaient des mobylettes, moi je voulais un synthétiseur ». Il commence à mixer à la Péniche, le club de Mulhouse, où il a gagné un concours de… chant. Mais pour rassurer ses parents, il entame des études de comptabilité, soit 5 ans d’études pour un mois effectif de travail. « Après un mois, je me suis dit : plus jamais de la vie, mais cela m’a aidé dans mon parcours, pour gérer un établissement », commente-t-il. A l’époque, DJ n’est pas encore un métier « honorable et lucratif », alors Patrick Di Vito fait autre chose, plein d’autres choses : il travaille dans un bureau de reclassement pour l’armée, à la régie publicitaire de Radio Star, comme responsable dans un magasin de meuble, comme directeur dans l’agence immobilière familiale, et même comme speaker au Stade de l’Ill...

Mais Patrick Di Vito a une âme de chef. En 2000, il créé le Planet Discopolis à Bartenheim, sur la mode des grands multiplexes,où il fera venir un certain… David Guetta. Il dirige ensuite le Fashion Klub à Sausheim tout en commençant à se mettre à la production musicale. Il décroche le jackpot sous le nom de Jakarta avec le single One Desire, un carton en France, qui lui permet de signer un album avec EMI et de tourner en Europe. Mais l’âme du chef revient au galop et il fonde son propre label Njoy Records, avec aujourd’hui une trentaine d’artistes au catalogue : « Plutôt que d’avoir pieds et mains liés, j’avais envie de créer ma propre maison de disques pour faire ce que je veux. Nous faisons de la musique commerciale pour passer sur les radios et les télés, ce qui ne veut pas dire que ce ne soit pas qualitatif. Moi, j’ai toujours voulu faire partager ma musique au plus grand nombre ». On pourrait préciser la partager dans un esprit festif, car après plus de 10 ans de boîte, Patrick Di Vito a le blues du patron de discothèque : « Ce n’était plus la même manière de s’amuser, l’esprit de la fête disparaissait pour laisser place à l’excès. Et puis la conjoncture était mauvaise : on est passé de 7000 discothèques en France en 2005 à 2300 en 2015, une vraie catastrophe ! ».

Il fallait donc un vrai challenge pour le relancer : ce sera le Phare à Altkirch qu’il rebaptise le Joya. « Je ne voulais pas refaire les mêmes erreurs que les prédécesseurs, avec une offre surdimensionnée. On utilise seulement deux des quatre salles et on garde l’âme du Phare, c’est-à-dire des notions de fête et de famille », explique le gérant. Il fait venir aussi des artistes et des people, comme Maître Gims, Jillionaire (membre de Major Laezr), Willy William, Clara Morgan. A la rentrée prochaine, une troisième salle de 400 m², dédiée au dîner spectacle, ouvrira pour attirer une clientèle plus âgée avec au menu des revues, de la magie, de l’humour, du théâtre, des concerts… Il compte bien faire profiter à tous de son « gigantesque carnet d’adresses ».

Des goûts et des couleurs :

En boucle sur votre Ipod ?
Mon éternel idole, Seal, et Selah Sue

Votre livre de chevet ?
On est foutu, on pense trop, de Serge Marquis, un essai sur la façon d’aborder la vie, que je recommande à tous

Une personnalité que vous admirez ?
Mandela pour son combat et son courage, Obama pour le symbole qu’il représente, premier président noir des USA et l’incarnation du changement

Un endroit où vous vous sentez bien ?
Le Carré à Mulhouse, parce qu’on pouvait encore il y a peu manger tout en écoutant des DJ invités

Votre resto préféré dans le coin ?
La Bruschetta à Mulhouse pour la convivialité à l’italienne.

Ce qui vous émerveille dans la vie ?
L’amour. Mon rêve, c’est de me marier.

Votre dernière grosse colère ?
Il y a trois ans, quand quelqu’un a essayé de me faire devenir ce que je ne suis pas.

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