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Mireille Delunsch : la soprano qui nous enchante

Grande soprano née à Mulhouse et grande amoureuse des arts, Mireille Delunsch met en scène la Traviata pour le Lab’Opéra d’Alsace. Retour sur un parcours remarquable.

« Sans savoir si j’avais une voix, je me suis lancée à corps perdu dans le chant à 21 ans ! Le rapport de l’opéra à la littérature m’a tout de suite intéressée et tout ce qu’on peut faire avec un texte en le chantant », confie Mireille Delunsch, la grande soprano née à Mulhouse. C’était « sa dernière chance » face à une carrière de professeur de musique qui s’annonçait et qui ne l’enthousiasmait guère.

Mireille Delunsch continue sa carrière de chanteuse tout en mettant en scène des opéras © Clara Georgel Mireille Delunsch continue sa carrière de chanteuse tout en mettant en scène des opéras

Mirelle Delunsch est bercée par la musique depuis son enfance, grâce à deux parents choristes. « En même temps, mes parents d’origine modestes n’étaient pas prédestinés à aimer l’opéra. Mon père a eu des places un jour par un comité d’entreprises pour aller voir Faust : ça l’a converti à l’opéra et à la grande musique classique, ça lui a changé la vie, l’a élevé même », commente Mirelle Delunsch.

Petite fille d’une curiosité insatiable, elle veut tout jouer : le piano, la flûte à bec, le saxophone, qu’elle apprend en partie au Conservatoire de Mulhouse. À l’adolescence, elle monte sa propre chorale et devient l’organiste de son village à Dietwiller. Mais ça ne lui suffit pas : elle fait du chant, de la danse, et du théâtre dans la troupe de théâtre alsacien de sa mère : « J’ai eu l’amour des planches à ce moment-là : un déclencheur terrible ! Mais j’ai dû lutter ensuite contre un naturel très timide, surtout quand il faut chanter assez fort pour couvrir un orchestre. »

« Un lieu d’utopie »

En 1990, Mireille Delunsch décroche son premier rôle à l’Opéra de Strasbourg dans Boris Godounov. « Je me suis tout de suite sentie chez moi dans les théâtres, des lieux où l’on fait des choses avec les autres, on l’on vit des aventures humaines extraordinaires ».

Débute alors une formidable carrière où elle joue plus de 70 rôles sur toutes les scènes d’Europe, allant de Monteverdi à Varèse, en passant par les grandes héroïnes de Mozart : « Une fois qu’on est dans le métier, il faut être curieux, et même boulimique, s’intéresser à tous les rôles même ceux qu’on ne joue pas, connaître le contexte historique, littéraire, musicologique d’une œuvre. L’opéra est avant tout un métier de culture avec un grand C. Ce qui est passionnant, c’est de voir à quel point ça parle de nous. On fait mine de croire qu’on est autonome avec nos ordinateurs et nos smartphones, mais on est totalement dépendants de notre culture et de notre histoire. »

Depuis 2007, Mireille Delunsch est aussi passée de l’autre côté de la barrière, à la mise en scène. « Beaucoup de gens sont soupçonneux quand une chanteuse fait de la mise en scène, ils pensent que c’est pour se venger des metteurs en scène ou pour se recycler. Ce n’est ni l’un ni l’autre chez moi, puisque je chante encore. C’est juste que j’ai un imaginaire, que quand la machine se met en route, cela me tient jour et nuit. La psychanalyse m’a aussi ouvert les yeux dans ce domaine, dans la manière dont une idée amène à une autre : il faut que le parcours musical soit cohérent avec le parcours psychologique du personnage. »

Actuellement, elle monte La Traviata pour le Lab’Opéra d’Alsace, un opéra coopératif qui fait appel à des amateurs et professionnels, à voir en avril 2018 à Sausheim et Colmar  : « C’est la première fois que je travaille avec des amateurs, mais je le prends au sens noble du terme, ce sont d’abord des gens qui aiment, des gens qui font ça en plus de leur travail. Les contraintes sont énormes, mais les possibilités aussi. C’est très enthousiasmant ! »

Elle se retrouve totalement dans ce projet, elle qui pense que l’opéra est le « lieu de l’utopie totale » : « Notre grande chance, c’est qu’on a des chefs d’œuvre dans les mains. On a à la fois la responsabilité de les préserver et de les montrer, de dire au public d’aujourd’hui combien cette œuvre est digne d’être regardée. »

Article réalisé en mars 2018

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