Elle n’avait pas « d’ambition politique personnelle ». Et pourtant, Michèle Lutz est la nouvelle maire de Mulhouse depuis le 3 novembre 2017, succédant à Jean Rottner, élu président de région du Grand Est. Entrée en politique depuis seulement trois ans, l’ancienne coiffeuse qui a tenu boutique place Franklin pendant 44 ans a connu une ascension fulgurante mais pas spécialement préméditée : « J’ai une forme de naïveté extraordinaire », lâche-t-elle.
DR Michèle Lutz, dans le club très fermé des femmes à diriger une ville de plus de 100 000 habitantsUn parcours atypique mais néanmoins cohérent, puisque Michèle Lutz s’est engagée peu à peu dans la vie publique, en devenant présidente de la Corporation des coiffeurs de 2006 à 2016, et de Sémaphore depuis 2014, association agissant dans le domaine de l’orientation et de la formation.
C’est à ce titre qu’elle croise à plusieurs reprises la route de Jean Rottner qui lui fixe un rendez-vous dans son bureau à l’été 2013 : « Il m’a dit : " Ta vision de la formation, de l’artisanat, du marché de travail me plaît. On va lancer la campagne municipale à l’automne. Est-ce que tu voudrais travailler avec moi ? " J’ai répondu volontiers. Il y a des moments dans la vie où l’on a envie de tester des nouvelles choses », explique-t-elle.
Et la voici faisant campagne, tractant dans les rues, faisant du porte à porte, chaque soir après le travail : « On était comme une équipe sportive, stimulée par une ambiance, par un enjeu, avec un vrai capitaine à la manœuvre ».
En février 2014, Jean Rottner lui annonce qu’elle sera seconde sur sa liste : « Pour moi, a mimima, cela voulait dire que je serai sur la liste municipale. A la veille du second tour, Jean Rottner m’a dit : " Si on l’emporte dimanche, tu seras ma première adjointe " et c’est à ce moment que j’ai réellement compris ma place au sein de l’équipe. Je ne me suis jamais fait un film à l’avance. »
Pendant trois ans, la première adjointe en charge du développement économique local, de l’attractivité et l’innovation des territoires, apprend le métier. Jusqu’au jour où Jean Rottner obtient la présidence de la région Grand Est après la démission de Philippe Richert.
Le fauteuil vide du maire revient « dans l’ordre du tableau » à la première adjointe. La débutante en politique n’a-t-elle pas trouvé l’instant vertigineux ? « Les autres l’ont appréhendé de manière plus vertigineuse que moi. Le quotidien vous rattrape tellement vite. On n’a pas le temps de se poser de questions qu’on a déjà 15 parapheurs sur le bureau ».
Michèle Lutz est une pragmatique, héritée de son passé de chef d’entreprise : « Je pense qu’on est conditionné par sa vie professionnelle. Un chef d’entreprise a des responsabilités, doit prendre des décisions rapidement, faire une gestion de bon père de famille. ».
Son passé l'a aussi confronté au quotidien des habitants : « Dans un salon de coiffure, on parle de tout et de rien. Les gens viennent souvent raconter leurs problèmes : on y parle de l’éclairage dans la rue qui ne fonctionne pas, des problèmes à l’école, etc. »
Charge à elle de les résoudre maintenant, mais le challenge ne lui fait pas peur : « Qu’on arrête de dire que Mulhouse est une ville compliquée ! Moi, j’ai de l’ambition pour Mulhouse, une ville extraordinaire, une ville laboratoire, dont la taille permet de faire des expérimentations. »
Malgré elle, Michèle Lutz, première femme maire de Mulhouse est aussi un symbole : celui du renouvellement du paysage politique. « J’ai reçu beaucoup de témoignages de femmes qui m’ont dit : c’est génial, une femme à la tête d’une des grandes villes de France ! Je ne suis pas une féministe de la première heure. Si une femme veut faire son chemin, elle a la possibilité de le faire. Le message que j’aimerais faire passer, c’est engagez-vous si vous le souhaitez, sans vous limiter par des considérations hommes/femmes, jeunes/vieux. »
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