Propos recueillis en juin 2011.
© Sandrine Bavard Martin Panou, figure du volleyball mulhousienComme bon nombre de jeunes Africains, Martin Panou a d'abord joué au foot, le sport roi. Mais son grand-frère volleyeur, qui deviendra par la suite capitaine de l'équipe nationale togolaise, va l'emmener pendant les vacances scolaires à ses entraînements. Foot ou volley ? La question ne se pose pas longtemps : « J'étais parmi l'un des meilleurs volleyeurs de mon âge, ce qui n'était pas le cas dans le football. En club, on gagnait de temps en temps une paire de chaussures qui ne durait pas longtemps parce qu'on jouait sur le macadam... Avec la sélection nationale, on pouvait faire des beaux voyages ». Et d'évoquer la première fois où il a pris l'avion pour disputer des matches contre des équipes en Chine, avec un passage par Paris où les joueurs se sont fait « un peu de frais » en se faisant tailler des vestes (n'y voyez pas de métaphore sportive !) Puis il y a eu le Mexique, l'Egypte, le Congo, en équipe universitaire ou nationale, qu'il intègre dès 16 ans.
Et puis Martin Panou a l'opportunité de partir en Côte d'Ivoire : il joue pendant deux ans à l'Africa Sports d'Abidjan qui vient de monter une section de volley, puis rejoint pendant deux autres années le Club sportif libanais : « C'est marrant, nous étions une bande de copains et nous avions pris un appartement à quatre. Il y'en avait deux qui jouaient à l'Africa Sports et deux au Club sportif libanais. On mangeait ensemble le midi avant de s'affronter sur les terrains l'après-midi », rigole Martin. Et les bons copains, ça vous refile des bons plans.
En 1983, le club de Riom en Auvergne passe une petite annonce dans l'Equipe pour recruter un attaquant. A mille lieues de là, un entraîneur français en Côte d'Ivoire lit ces lignes et encourage Frédéric Lawson-Body à y répondre. Il tape vite dans l'œil des clubs de première division, et Riom le cède à regret : « Comme le club était satisfait de sa prestation, ils lui ont demandé s'il ne connaissait pas un copain comme lui pour le remplacer et il a donné mon nom. » C'est ainsi que Martin arrive en France en 1984 où il va jouer pendant 5 ans dans le club auvergnat, avant de rejoindre en 1989 l'Union sportive mulhousienne (USM) avec qui il vivra la montée en Pro A.
C'était un moment clé dans le sport français, quand la professionnalisation était en marche : « Les villes et entreprises ont commencé à s'intéresser aux petits sports comme le volley et le basket pour se faire une notoriété, quand elles ne pouvaient le faire avec le foot. Moi, j'ai toujours pensé que le sport était passager et qu'il fallait travailler à côté. Je n'avais jamais pensé vivre du sport, ce n'était qu'un jeu, contrairement aux jeunes d'aujourd'hui qui peuvent l'envisager comme profession. »
Et cet amateurisme, au sens noble du terme, implique une philosophie de jeu : le sport pour le beau geste. « Jouer au haut niveau est secondaire pour moi. Ce qui compte, c'est de bien jouer et montrer ce dont on est capable. Oui, c'était bien d'affronter les meilleurs joueurs de France. Mais c'était encore mieux de sortir du terrain et de pouvoir compter mes fautes sur une main. Je retiens davantage certains gestes que des victoires».
C'est peut-être moins le joueur qui parle que l'entraîneur puisque Martin Panou a obtenu son brevet d'état et continue sa carrière au bord des terrains. Souvent appelé à la rescousse quad les clubs de volley féminin et masculin de Mulhouse étaient en difficulté financière, Martin Panou fait avec les moyens du bord, en formant des jeunes. Son plus beau souvenir ? La saison 2005 avec l'ASPTT : « J'avais des jeunes de 16 ans qui n'avaient pas encore le niveau et on visait le maintien qui n'était pas garanti. Puis dans la deuxième partie de saison, les filles ont battu les grosses équipes et ont fini 4e du championnat. C'est ça mon plaisir, faire progresser les jeunes. »
Aujourd'hui, Martin Panou entraîne l'équipe 1 de l'USM en Nationale 3, mais continue de travailler comme éducateur sportif à la ville dans les écoles et les centres de loisirs. Il y défend le respect : « Je surveille le langage, le comportement. Moi, je ne prenais pas de carton sur le terrain et les arbitres me transmettent toujours leurs salutations. J'exige la même chose de mon groupe. Il ne faut pas vouloir gagner à tout prix, il faut le faire avec honnêteté et correction. »
Voir aussi notre article :
Les actions humanitaires de Martin Panou à travers l'association Mi Lé Novissi
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