Pour saisir le feu intérieur qui anime Lionel Lingelser, recommandons illico Les Possédés d’Illfurth, spectacle à voir à la Filature du 5 au 8 octobre 2021. Il se présente seul en scène pour interpréter tous les rôles de cette pièce bouleversante, inspirée de ses propres expériences, qui s’est déjà taillée un beau succès cet été à Scènes de Rue et en tournée avec la Filature nomade. Une splendide introspection. « J’ai commencé le théâtre au collège, se souvient le comédien et metteur en scène. J’y ai trouvé un moyen de vaincre la timidité, de manière assez innée... » Au point que le jeune homme se retrouve en 2002 au Cours Florent puis au Conservatoire National à Paris.
© JeanLouisFernandez Lionel Lingelser dans "Les Possédés d'Illfurth"C’est à Paris qu’il fait la connaissance de Louis Arene, qui devient son compagnon de route et avec qui il forme en 2012 la compagnie Munstrum. « Après des expériences variées, on souhaitait explorer notre espace propre. » Et celui-ci est symbolisé par un accessoire fondamental : « Le masque nous permet de plonger en nous-mêmes et d’atteindre la transcendance, c’est un révélateur de vérité. Il autorise à dépasser les genres, à passer du grotesque au sublime, c’est plus que la vie ! »
Le nom de la compagnie, Munstrum, évoque autant la recherche du monstre qui est en chacun de nous, que ce que l’on montre... ou pas. L’Ascension de Jipé, Le Chien, la nuit et le couteau, Clownstrum, 40° sous zéro : depuis 2014, les spectacles de Munstrum marquent les spectateurs de La Filature - qui les co-produit et les accueille fidèlement - par leur extravagance, leurs provocations maîtrisées, et leur inscription dans un style peu exploré : le théâtre d’anticipation.
« Depuis le début de Munstrum, on parle des mondes d’après l’apocalypse, des monstres qui les peuplent, de nos doubles ». L’univers visuel développé par la compagnie apparaît aussi fou, immersif et personnel que celui que l’on découvre dans des films comme Brazil, Blade Runner ou des BD comme celles d’Enki Bilal : sur une scène de théâtre, l’ambiance est d’autant plus impressionnante !
Après la parenthèse plus intimiste des Possédés d’Illfurth, on retrouve Munstrum en grand format post-apocalyptique avec Zypher Z., créé du 9 au 12 novembre à la Filature dans le cadre du festival Scènes d’automne en Alsace. Une « œuvre d’art total » mobilisant 30 masques ! Au printemps, changement de décor, la compagnie met le cap sur la Comédie Française, dont Louis Arene fut pensionnaire, pour une adaptation du Mariage forcé de Molière.
Tout en gardant un souvenir ému des représentations des Possédés dans des établissements scolaires ou pénitentiaires du Haut-Rhin, Lionel espère maintenant faire davantage résonner Munstrum au niveau national, multiplier les rencontres dans des disciplines artistiques diverses... Et, de son côté, poursuivre sa carrière parallèle d’acteur de cinéma. Toujours avec l’ambition d’être un « vecteur de joie : la part sombre et la rugosité du monde sont très présentes dans nos spectacles mais il s’agit toujours d’aller vers la lumière ».
Votre livre de chevet ?
« Le Trésor des Humbles » de Maurice Maeterlinck.
Un film ou une série ?
Un film : « The Fountain » de Darren Aronofsky... et une série : « Years and Years ».
Une personnalité que vous admirez ?
Aurélien Barreau, astrophysicien.
Votre dernière grande joie ?
Partager « Les Possédés d’Illfurth » avec le public alsacien, et notamment à Illfurth devant toute ma famille.
Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Les levers et les couchers de soleil.
Le truc que vous adorez en Alsace ?
Les balades dans les Vosges.
Une devise ?
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque : à te regarder, ils s’habitueront » - René Char
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