Propos recueillis par Sandrine Bavard en février 2017.
© Christophe Crénel Last train : le groupe de rock mulhousien qui monte en puissanceLast Train s’est formé vraiment jeune, au collège de Dannemarie. Quand avez-vous senti que vous pourriez faire de la musique votre métier ?
Nos études arrivaient à leur fin et on s’est posé la question : est-ce qu’on a vraiment envie de le faire ? Est-ce qu’on est tous motivés ? Parce que ça demande beaucoup de persévérance. Il aurait été compréhensible que l’un d’entre nous dise « Non, je préfère avoir un job plus stable ». Mais tout le monde a dit oui, on va tout donner pour y arriver, mais on a quand même mis un an avant de trouver nos premiers cachets. C’était en 2014.
L’année suivante, vous avez gagné le Prix des Inouïs au Printemps de Bourges. Etait-ce le tremplin dont vous aviez besoin pour percer ?
Si on ne l’avait pas eu, on aurait trouvé un moyen pour continuer à jouer, mais cela a été une très grosse étape. Cela nous a donné une vraie reconnaissance nationale : c’est la première fois que notre nom a été cité sur France Inter et dans les médias nationaux.
Votre particularité, c’est de faire de la scène, encore de la scène, toujours de la scène. Cela a été une révélation de jouer face à un public ?
Oui, même quand on était au lycée à Altkirch, on essayait toujours de jouer partout en Alsace. Même sans le permis, nos gentils parents et amis nous emmenaient pour jouer des concerts dans les bars. À 18 ans, quand on a eu notre permis, on est parti avec notre 206 pour jouer à l’autre bout de la France. C’est comme ça qu’on voit le rock : vivre sur la route et tout donner sur scène. C’est aussi comme ça qu’on apprend : on s’est trouvé en jouant notre musique en live.
Quel est le truc le plus fou que vous ayez fait : jouer en première partie de Johnny Hallyday à Paris Bercy ou faire un concert devant 30 000 personnes en Birmanie ?
La Birmanie en fait clairement partie : on jouait sur une toute petite scène qu’on aurait dit en carton devant des milliers de personnes sur une place immense face à un monument historique, il y avait un petit côté Woodstock. Les trucs les plus fous, ce peut-être le côté grandiose d’un concert à Paris Bercy ou aux Vieilles Charrues, mais ce peut être aussi de rouler pendant 9 heures comme aujourd’hui pour jouer dans un petit club en Allemagne parce qu’il nous tient à cœur. Peut-être qu’on jouera devant 50 personnes…
Cela ne doit plus vous arriver beaucoup…
Si, ça nous arrive encore et heureusement, ça nous remet à notre place. Et on se rend compte que si on donne tout pour ces quelques personnes, on peut faire la différence et passer un excellent moment. Forcément, il y a une plus grande proximité, il y a quelque chose qui se passe à ce moment-là, qui ne se passera pas le lendemain.
Vous serez le 9 mai prochain au Bataclan à Paris. Au-delà du symbole, j’imagine que ce concert aura une saveur particulière puisque c’est la plus grosse date de votre tournée ?
Oui, c’est la plus grosse salle qu’on n’ait jamais faite en tête d’affiche : on sera les « stars » ce soir-là. On fait le pari qu’il y aura 1 200 personnes pour venir nous écouter. Les concerts parisiens ont toujours une saveur particulière parce qu’on y a notre plus grande communauté de fans. Nos familles et nos amis vont venir d’Alsace pour nous voir : cela me touche beaucoup parce qu’ils pourraient nous voir n’importe où en France, mais ils ont envie d’être avec nous au Bataclan, parce qu’ils savent que c’est le moment où l’histoire va s’écrire pour nous, que c’est un moment marquant pour le groupe. Ça me donne les larmes aux yeux. Ça va être très beau !
La vie d’un groupe passe aussi par le studio. Vous avez sorti 2 EP et votre premier album, Weathering, est attendu le 7 avril prochain. Vous aviez besoin de temporiser les choses ?
On avait besoin de prendre conscience de tout ce qu’il se passait, de mûrir le projet, d’avoir de bonnes compositions, de bonnes intentions, de trouver les bons partenaires. On ne voulait pas bâcler ce premier album. C’est marrant, parce que quand on s’intéresse à un groupe connu, on va écouter son premier album, rarement le deuxième ou le troisième à moins d’être vraiment fans. Mais on est très heureux qu’il sorte enfin : on avait même besoin physiquement de le sortir. Il y a une telle pression, d’autant qu’il est autoproduit et qu’on s’occupe de son financement jusqu’à la direction artistique. La corde est tendue au maximum et là, il faut tout lâcher pour que l’on puisse avancer.
Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
On l’a écrit et composé sur les routes avec quelques breaks en studio de plusieurs jours, entre 2014 et 2016. On n’a pas fait comme les autres groupes émergents qui payent 5 jours de studio et qui repartent avec un CD dans les mains. On a la grande chance de travailler avec un ami de longue date, Rémi Gettliff, et on a pris le temps de bien faire.
Entre 2014 et 2016, vous avez eu le temps d’évoluer. Comment vouliez-vous qu’il sonne cet album ?
On est passé par plusieurs phases, d’un son très brut et rock’n’roll à nos débuts à une envie d’un son plus propre et plus produit à force d’explorer la musique. Mais, même si on avait envie de ça, on s’est rendu compte que si on faisait un truc trop propre, ce ne serait pas nous ! On a essayé différentes manières de chanter, de jouer, de produire, mais je pense qu’on a su garder notre identité au final. Il y a le côté rock un peu adolescent, un peu insouciant, où l’on pose deux micros devant la guitare et où l’on joue très fort, avec beaucoup d’énergie. Mais on aime aussi les choses jolies et fragiles, les moments un peu plus précieux, qui se nichent dans les détails et les variations de tempo. Cette ambivalence, c’est ce qui fait Last Train.
A lire également : notre interview sur le groupe de Last Train de retour au Noumatrouff.
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