Propos recueillis en février 2013.
© Sandrine Bavard L'illustrateur Mérel vit aujourd'hui à StrasbourgIl voulait faire de la sculpture monumentale après ses études aux Beaux-Arts de Mulhouse et les Arts déco à Strasbourg. Michel Schickle, Mérel de son nom d’artiste, a finalement choisi l’illustration. Dans les années 70, il commence par aiguiser son coup de crayon en publiant ses dessins dans la presse, dans le journal mulhousien Klapperstein et dans des fanzines strasbourgeois. Le cœur à gauche, l’âme écolo, il sort avec les moyens du bord son premier ouvrage : « Une histoire sur la pollution en alsacien et traduit en français. J’ai imprimé le livre chez un copain imprimeur qui nous a appris, à moi et mes copains, à coudre les livres à la main, témoigne-t-il. J’ai couru les librairies pour déposer les livres, j’ai fait les foires du livre, les manifestations écolo, pour vendre le livre qui s’est écoulé à peu près à 800 exemplaires. »
Alors qu’il est professeur de dessin, il démarche les éditeurs car il veut se consacrer entièrement à sa passion. Ce sont les éditions Magnard qui le repèrent en premier et qui éditent L’Alphabet d’Alphonse, le seul livre dont il est à la fois auteur et illustrateur. Sa carrière est alors lancée. Il enchaîne les succès, puisqu’il est le papa d’Arsène Lapin, traduit dans une dizaine de langues et qui a eu une durée de vie de 10 ans chez Casterman ou encore de Petit Féroce, héros de la Préhistoire, lui aussi une dizaine d’années au compteur et qui continue d’être réédité chez Rageot. Pas mal dans le monde très changeant de la littérature jeunesse ! « Le dessin, c’est comme une écriture. Quand vous dessinez, il y a toujours un personnage plus fort que les autres qui se dégage et qui s’impose. Donc vous l’approfondissez », précise Mérel.
Son plus grand succès, il le doit à Gafi le fantôme, né en 1992 pour une méthode d’apprentissage de lecture. A l’époque, le personnage a été testé dans les classes et approuvé par les enfants qui ne s’en lassent pas. A tel point que la méthode de lecture a été réactualisée en 2002 : « Je fais aujourd’hui des interventions dans les classes où les enfants apprennent encore à lire avec Gafi. Mon dernier fils a d’ailleurs appris à lire avec lui, c’est rigolo. Mais pourquoi les gamins accrochent ? On ne sait pas. Gafi a quatre compères, qui correspondent à quatre caractères différents, et peut-être que les enfants s’identifient à Mélanie la chipie ou Arthur le gros dur… », note l’illustrateur.
Gafi le fantôme a même fait l’objet d’un procès, car il apparaissait sur des planches dans le documentaire Être et avoir, de Nicolas Philibert, qui suivait un professeur des écoles sur une année en milieu rural. La cour d’appel de Paris a donné tort à Mérel après avoir conclu que les planches ne constituaient qu’un élément accessoire du décor : « Quand j’ai vu le film, j’étais plutôt flatté. Mais l’organisation qui s’occupe des droits d’auteurs des illustrateurs a estimé qu’on avait utilisé les images sans autorisation et a attaqué sans doute par principe », lâche l’illustrateur. Outre la méthode de lecture, Gafi poursuit sa longue vie dans une série d’albums, environ 3 par an, ce qui commencent à chiffrer au bout de 20 ans d’activité. « J’ai illustré plus de 300 livres. Beaucoup d’albums ne sont plus réédités. Qu’un personnage reste aussi logntemps, c’est miraculeux ! ».
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