Propos recueillis en mai 2012.
DR Christer Eriksonn, l'entraîneur des Scorpions de MulhouseEntraîneur un jour, entraîneur toujours… Ce pourrait être la maxime du Suédois Christer Eriksson qui arpente les bancs depuis ses 19 ans, lorsqu’une blessure à l’épaule l’a empêché de jouer quasiment toute la saison avec son club de Säter et qu’il a remplacé au pied levé l’entraîneur des juniors. « Je savais que je ne serai pas un joueur international, et le challenge d’entraîneur m’a tout de suite plu », se rappelle Christer.
Puis ce fut une équipe senior, puis une équipe élite. Ses bons résultats tapent dans l’œil de Mickaël Lundström, un de ses anciens entraîneurs, qui lui demande de devenir son adjoint à Reims : « Wahou, je n’avais jamais été en France, je ne parlais pas un mot. Mais on ne reçoit qu’une proposition comme ça dans sa vie. Je n’avais aucune idée dans quoi je me lançais… », souligne-t-il. Le jeune homme se heurte alors au manque de professionnalisme du hockey français, qu’il dénonce encore aujourd’hui sans langue de bois : « Pour bien travailler dans le présent, il faut connaître son histoire et savoir où l’on va. En France, on travaille sur l’instinct, la facilité, la courte durée. Parfois, ça libère les choses et ça permet d’aller plus vite. Mais parfois, on commet les mêmes erreurs et on tourne en rond. »
Et le hockey français, Christer le connaît à son plus haut niveau, puisqu’il a été entraîneur adjoint de l’équipe de France pendant 6 ans, participant notamment au Jeux Olympiques de Salt Lake City, son plus beau souvenir : « Même si la France est un petit pays du hockey, ça m’a permis d’avoir une expérience internationale, d’être confronté au plus haut niveau. Les JO, c’est plusieurs mois de bonheur depuis la préparation jusqu’à la participation. J’ai eu la chance de vivre de l’intérieur cet événement inoubliable : c’est une machine un peu folle avec tous ces athlètes, de toutes nationalités, dans tous les sports. On dormait dans le même hôtel que le prince Albert de Monaco ».
L’autre grand moment de sa carrière, c’est le titre de champion de France décroché par le club de Mulhouse en 2005. Mais l’euphorie est de courte durée : le club accuse un fort déficit budgétaire, dépose finalement le bilan et ne peut participer au championnat. « Les résultats sportifs ont été trop rapides pour être suivis structurellement. Je l’ai mal vécu parce que je m’étais investi pendant 4/5 ans. Mais j’étais très heureux par cet aboutissement sportif : on a fait un beau parcours, avec une belle équipe, et ce titre est bien réel malgré ce qui c’est passé après », confie-t-il. Après un été à fort rebondissement, « cuit mentalement », il se réfugie au Danemark pour entraîner un club élite.
Après deux ans, il est de retour en France, à Lyon, là où il avait « fait son CV » et porté haut les couleurs du club dans les années 90. Il a une obsession : la formation. Ce n’est pas le cas de ses dirigeants. Alors quand Mulhouse lui fait les yeux doux, il n’hésite pas : « J’ai toujours senti qu’on pouvait faire un grand club ici. On sent une volonté de réussir de tout le monde : le public, les bénévoles, les partenaires, la ville. Pour moi, c’est le sport numéro 1 à Mulhouse. La preuve : même au plus bas niveau, le hockey remplit la patinoire, il y a une grande ferveur », note-t-il. Il a amorcé la saison dernière son projet de formation, avec quatre créneaux par semaine pour entraîner les mineurs. L’an prochain, l’effectif doublera et deux entraîneurs viendront en renfort.
Fort de sa montée en Ligue Magnus, Chister Eriksson se bat pour avoir plus de créneaux et une nouvelle piste d’entraînement. Et se voit bien finir sa carrière ici. L’adrénaline, elle, sera toujours au rendez-vous : « Une fois que le match démarre, on n’est plus conscient de l’environnement. S’il y a 20 ou 2000 spectateurs, je ne vois pas la différence, je suis dans ma bulle, avec mes joueurs. C’est beaucoup d’émotion et d’engagement ! »
Les Scorpions, promus en ligue Magnus, l’élite du hockey, pour la saison 2012-2013, visent le maintien. « On part prudent. On est un peu victime de notre succès et on ne peut pas continuer avec notre effectif, déclare Christer Eriksson. L’objectif est de créer un noyau dur de joueurs, stables, pour une équipe qui va monter en puissance sur plusieurs années. Une fois que ce sera acquis, on pourra avoir des ambitions : atteindre la première moitié de tableau du championnat, et pourquoi pas le titre ! ». De fait, l’équipe qui foulera la patinoire l’an prochain devrait être renouvelé à 50%, voire plus : « Je suis assez optimiste sur les qualité individuelles des recrues, mais il faut voir si la mayonnaise prend. Cette année, on avait une équipe très soudée, assure l’entraîneur. Dans un groupe, il y a un statut hiérarchique qui s’établit, entre les extravertis et les timides, les très bons et les moins bons, donc je programme des activités qui fédèrent les joueurs, comme du canoë kayak, du judo, de l’accrobranche… pour révéler les forces et les faiblesses de chacun. » Les Scorpions reprendront l’entraînement le 6 août, avec un premier match amical prévu le 14 août.
En boucle sur votre Ipod ? J’aime les classiques pop rock des années 80/90 : RTL2 me convient bien.
Votre livre de chevet ? J’ai fini la trilogie Millénium de Stieg Larsson. Je lis beaucoup de polars suédois.
Un spectacle à ne pas manquer ? J’ai hâte de voir Paradise au Paradis des Sources à Soultzmatt.
Une personnalité que vous admirez ? Arsène Wenger Il m’ inspire par son leadership, sa façon d’être, simple et humble, toujours les pieds sur terre.
Un endroit où vous vous sentez bien ? Le bonheur pour moi, c’est de rester en famille dans ma maison dans le Sundgau après une bonne journée de travail !
Le truc qui vous énerve chez les autres ? J’ai du mal avec les personnes qui ne disent pas ce qu’elles pensent.
Le truc que vous appréciez chez les autres ? La spontanéité, et les gens qui voient les solutions, pas que les problèmes.
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