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Rencontre avec Benoit Humler, dresseur de rapaces à la Volerie des Aigles

Depuis 20 ans, Benoit Humler dresse des rapaces à la Volerie des Aigles. Un métier « grisant » basé sur la confiance et la persévérance.

Propos recueillis en mars 2013.

Benoit Humler en compagnie d'un agile royal © Sandrine Bavard Benoit Humler en compagnie d'un agile royal

Dresseur de rapaces. En voilà un drôle de métier. Et cela fait 20 ans que Benoît Humler le pratique à la Volerie des Aigles. Lui, l’étudiant en sociologie, qui travaillait ici en haute saison pour se faire un peu d’argent ne se doutait pas qu’il dresserait des oiseaux aussi sauvages dans la vie : « Je n’étais pas un passionné. Je ne le suis toujours pas, et ce n’est pas antinomique. Ici, il faut combiner le travail avec les oiseaux et le monde touristique. Un passionné, il bosse pour lui, son plaisir à lui. Alors que quand on aime ce que l’on fait, on peut partager ce que l’on aime, ce que l’on sait. C’est un vrai plaisir quand les gens sont contents. »

Un travail de longue haleine

Comme il n’y pas de cursus pour devenir dresseur d’animaux sauvages, Benoît Humler a appris sur le tas, avec les dresseurs déjà en place. « Moi, je suis de la vieille école. Je travaille beaucoup au visuel : je vois si l’oiseau est en forme à sa façon de voler. Avec la nouvelle école, les oiseaux sont pesés chaque matin, la nourriture est gérée au mieux. Avant, chaque dresseur avait son oiseau. Maintenant, le dresseur peut prendre tous les oiseaux. Le mélange des deux méthodes donne des résultats plus probants. »

A la Volerie des Aigles, il y a entre 70 et 80 oiseaux qui participent au spectacle : aigles, vautours, milans, buses, chouettes, hiboux, en provenance des différents continents. Le dressage varie en fonction des espèces : quelques semaines pour une buse de Harris, beaucoup plus longtemps pour un aigle royal. « On estime qu’il faut entre 6 et 7 saisons pour qu’un oiseau soit confirmé, qu’il puisse faire des spectacles tout le temps et qu’on n’ait pas de mauvaises surprises. Après, on n’est jamais à l’abri, ce ne sont pas des machines », explique le dresseur. Parfois, il est possible qu’un jeune oiseau prenne la poudre d’escampette ou qu’un ancien n’arrive plus à revenir à causes des conditions thermiques : « Les oiseaux ont un émetteur : on peut les localiser et aller les chercher en voiture. Pour les gens du village en bas, voir un rapace fait partie du décor et ils ne sont pas surpris d’en voir un dans leur jardin. »

Changer l'image des rapaces

Pendant les représentations, Benoît Humler assure aussi les commentaires. L’occasion de mieux faire connaître ces rapaces et changer la perception des spectateurs à leurs égards : « Les rapaces ont une image péjorative. Par exemple, le vautour est considéré comme un nuisible qui fait des dégâts, mais c’est un oiseau très utile, "l’éboueur de la nature" comme on dit, qui évite la prolifération des épidémies en se chargeant des animaux morts. C’est aussi notre rôle de faire découvrir ce monde méconnu aux spectateurs. »

Plus instructif encore, la démonstration du vautour percnoptère qui casser un œuf d’autruche (en plâtre) à l’aide d’un caillou. « Cela montre toute son ingéniosité. Comme il n’a pas le bec assez solide pour casser l’œuf, il va utiliser un outil pour le projeter sur l’œuf. Il le fait par mimétisme, par réflexe, pour se nourrir. Il y a seulement une dizaine d’animaux qui se servent d’outils comme ça : la grive, le chimpanzé… », informe le dresseur.

S’il n’est pas un pur passionné, Benoit Humler confie qu’il fait un métier passionnant. « Tout est basé que la relation de confiance entre le dresseur et le rapace. Il faut passer un peu de temps avec l’oiseau tous les jours. Cela demande beaucoup de temps, d’engagement, de persévérance.» Mais les efforts sont bien récompensés : « C’est vachement grisant de faire évoluer un animal sauvage que l’on a dressé et qui fait l’objet d’une présentation. Tenir un oiseau au poing, c’est comme changer de voiture pour une Ferrari ».

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