Propos recueillis en août 2013.
DR Joël Delaine, au Musée historique de Mulhouse« J’ai toujours eu ce don d’être fasciné et émerveillé par les choses », confie Joël Delaine, conservateur des musées municipaux de Mulhouse depuis 10 ans et au service du patrimoine depuis plus de 30 ans. Déjà enfant, il avait une soif de connaissances intarissable : il dévorait Science et Vie, ne partait pas en vacances sans un dictionnaire, réalisait très méticuleusement des cartes du monde ancien. L’archéologie est sa première vocation et il se souvient de visites sur le site de Glanum à St-Rémy-de-Provence avec son grand-père, un chaudronnier premier prix de latin mais qui n’a pu continuer ses études fautes de moyens. « Mon grand-père n’avait plus fait de latin depuis ses 10 ans mais 60 après, il déchiffrait encore avec fierté les inscriptions et ça reste un souvenir très marquant pour moi ! »
Le petit-fils se prend lui-même de passion pour les langues anciennes, et semble doté d’une mémoire tout aussi fabuleuse que son grand-père, puisqu’il est capable de citer tous les noms de ces professeurs de latin. Il se passionne aussi un temps pour l’ethnologie grâce à … Joe Dassin : « J’ai toujours été fasciné par ce genre de personnage à tiroirs qui, au-delà des chansons mièvres, cachait un parcours universitaire en ethnologie. Et comme j’aimais ses chansons, je voulais moi aussi être ethnologue. »
Élève brillant, il passe le Concours général en latin, prépare l’École des Chartes pendant deux ans et étudie l’histoire médiévale à la Sorbonne, avec une petite idée en tête : rencontrer Robert Fossier, éminent spécialiste de la question. Tout comme il choisira plus tard de faire un DEA en histoire moderne et contemporaine à l’Université de Caen pour travailler avec Gabriel Désert : « J’estime qu’on ne travaille bien qu’avec des gens qu’on apprécie et qu’il faut des locomotives pour vous entraîner quelque part. Alors autant choisir ces personnes directement. »
Joël Delaine qui avoue avoir des idées bien arrêtées, « un peu moins avec l’âge », a mené avec la même détermination sa carrière : il s’est fait la main aux archives de Coulommiers et de Dreux, avant de passer à un fonds d’archive beaucoup plus conséquent à Reims, puis à Grenoble, ville pionnière en matière d’informatisation dans les années 70. Et ne venez pas lui parler d’un métier « enfermé » dans ses murs : « Tout au contraire ! C’est de la connaissance à la source et cela donne une grande ouverture d’esprit. Ce n’est pas un enfermement parce qu’on ouvre tout le temps des tiroirs sur des époques différentes, du Moyen Âge à aujourd’hui, dans des secteurs différents : archives fiscales, du service de la voirie ou des sports, etc. Vous parlez de généalogie du XIXe siècle avec des chercheurs, puis d’arrêtés du maire avec un étudiant qui fait un mémoire en droit. On passe toujours du coq à l’âne ! »
Et Joël Delaine aime ça, passer d’un domaine à un autre, organiser un jour une exposition d’art contemporain, faire du récolement dans les réserves un autre. Et c’est ce qu’il fait depuis 2003 au Musée historique et au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse. Sous sa direction, le Musée historique a vu l’ouverture de la salle DMK et d’archéologie. Le Musée des Beaux-Arts a vu sa fréquentation passer de 8000 à 22 000 visiteurs, avec des expositions recentrées sur des artistes régionaux encore vivants et très régulières : « Je préfère faire cinq petites expos par an plutôt qu’une grosse, parce que ça créé un dynamisme : il se passe toujours quelque chose au musée, ce qui incite les gens à revenir », commente-t-il.
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