Propos recueillis en novembre 2011.
DR Le portrait de JoanUne immense table à dessin, une bibliothèque remplie de B.D, un présentoir avec quantité de vinyles, une radiographie géante de Lucie... C'est l'univers de Joan, dessinateur de BD et de presse, amateur inconditionnel de musique, maniant l'humour aussi bien que le crayon.
Il est le papa de la petite Lucie, une fillette facétieuse et décalée : pas de nez, pas d'oreilles, une jupe plissée, des sabots à talons et des grandes nattes. Elle naît en 1986, alors que Joan est encore étudiant à l'école des Beaux-Arts : elle sert alors de « bouche-trou » dans le fanzine auquel il collabore. Mais un destin plus grand l'attend. Elle tape dans l'œil d'un éditeur allemand qui le publie dans le magazine UComics, puis dans celui du rédacteur en chef de Spirou qui la voit comme un support aux jeux du magazine : « La BD n'était pas le but de ma vie. Quand j'ai commencé chez Spirou, je voyais des gars qui ne rêvaient que de ça : pour eux, c'était la formule 1 de la BD et c'était comme travailler chez Ferrari. Moi, j'étais content mais ça ne me faisait pas le même effet, peut-être parce que je ne lisais pas Spirou étant gamin. »
Lucie tient toujours la vedette chez Spirou (elle vient d'illustrer son 400e jeu), s'affiche même avec des rockers (lire notre article ci-dessus) ou sur des planches de skate : « Lucie, c'est comme une mascotte, elle est adaptable à tous les univers, sans en avoir un à elle. Ce qui est une qualité, parce qu'elle n'a pas de chien, pas de parents, et que je peux la parachuter n'importe où : sur une autre planète, dans les fonds marins ou au Moyen Âge. Ce qui est aussi son défaut, parce que tous les héros de BD ont un univers, qu'on peut développer dans des albums. Mais, moi, je ne sais pas faire de long récit. Mon truc, c'est un ou trois gags. »
Finalement, c'est en s'associant avec Harty qu'il sort sa première BD narrative en 1990 : Retour de Manivelle. Il collabore ensuite avec Ptiluc avec qui il lance Tête de veau et vinaigrette « Des petites histoires autour des aliments qui sont dans le frigo. Quand ils sortent, c'est soit pour mourir soit pour être amputé. L'extérieur représente comme un au-delà, l'intérieur est comme un HLM avec les étages, les voisins. Y avait matière à délirer...» Changement de poste, rachat de la maison d'édition, la série frigo s'arrête.
Joan a d'autres projets sur le feu : il se frotte depuis 1988 à un genre particulier, le dessin de presse pour les Dernières Nouvelles d'Alsace. « C'est un excellent exercice de répondre à une commande urgente et éphémère car l'actualité est oubliée d'une semaine à l'autre. C'est un laboratoire graphique : on ne pinaille pas sur les détails, le plus important, c'est l'idée, le gag. J'essaye de trouver un équilibre entre le dessin jeté comme ça en dédicace et le dessin léché de la BD qu'on enferme dans une case. »
Touche-à-tout, il réalise aussi des installations. Dans les années 80, c'était avec le plasticien Louis Perrin qu'il créait des véhicules bizarres. En 2011, c'est avec le sculpteur Yves Carrey qu'il s'associe pour monter un baobab de près de 13m, installé au salon international du livre et de la presse à Genève. « Dessiner, c'est une activité de patapouf, on est assis à longueur de journée. Cela faisait longtemps que je n'avais pas travaillé sur le volume et ça commençait à me manquait. C'était un beau challenge ! »
Cette installation lui a donné d'autres envies : réaliser une Lucie en volume, à partir de ses propres albums, qu'il pourrait créer à l'occasion d'une expo. Avis aux organisateurs...
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