Pendant 34 ans, Guy Rossi a nagé, couru, roulé pendant des jours entiers. Sa discipline ? L’ultra-triathlon, soit de très longues distances, basé sur l’Ironman : 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme, 42,195 km de course à pied, que l’on peut multiplier par deux, trois, quatre, cinq et dix ! Guy Rossi est ainsi le seul au monde à avoir participé à 11 déca-ultra-triathlon. Au total, il aura parcouru 81 309 km en compétition, soit deux fois le Tour de la Terre.
DR Guy Rossi, surnommé "The Legend" arrête sa carrière à 70 ansFace à de telles distances qui dépassent presque l’entendement, on pense rencontrer un surhomme mais l’intéressé réfute : « Il n’y a pas de surhomme, il n’y a que des hommes mal entraînés. Moi, dès qu’il y a douleur, je m’arrête. J’ai ressenti de la fatigue mais pas la souffrance, c’est un mot qui ne fait pas partie de ma philosophie. »
Il n’a surtout jamais sacrifié sa santé à la performance : « Certains l’ont outrepassée, mais ils ont eu des problèmes de santé. Ils ont fait des podiums mais je ne les envie pas. »
Quand il visait les premières places, cet ancien professeur d’EPS muté à Colmar en 1973, devenu ambassadeur de la ville depuis, s’entraînait 25 heures à 30 heures par semaine, par tous les temps, de jour comme de nuit. Perfectionniste, il a tout consigné dans des carnets, « au mètre près, à la minute près » : « Je n’aime pas parler en l’air. Il faut être précis, connaître la fréquence cardiaque qui correspond à l’effort effectué. Si on est dans l’approximation, on ne peut pas progresser et être performant. »
Son palmarès impressionne : champion du monde de déca-triathlon en 1998, premier de la Coupe du monde en 1993, 1997 et 1999 et 18 podiums : « Ce n’est pas beaucoup par rapport au nombre de compétition », relativise l’athlète, d’une humilité confondante. « J’ai toujours fait les choses avec simplicité, c’est ce qui permet de réaliser les choses les plus difficiles. Après avoir fini un ultra-triathlon, j’envisageais déjà d’en faire un autre, avec une meilleure gestion de l’effort et du temps. Et ma plus grande satisfaction, c’est d’avoir durer sans me faire mal », déclare celui qui a battu un record de longévité en participant à 70 ans à son 70e double-ultra-triathlon en Floride.
Rien ne prédestinait pourtant Guy Rossi à cette carrière. Lui, l’ancien volleyeur, sélectionné en équipe de France universitaire et militaire, s’est détourné de ce sport après un grave accident qui l’a brûlé au 2e degré sur 30% du corps : « Je ne pouvais plus faire de manchette ».
Et c’est en recevant une publicité dans sa boîte aux lettres pour le triathlon de Genève qu’il s’est laissé tenter, sans grande préparation : « J’avais horreur de la piscine. Je ne nageais pas plus de 200 mètres. Moi qui n’aime pas l’eau froide, j’ai fait des compétitions dans des eaux entre 15 et 20° pendant 30 ans », plaisante-t-il. Les eaux chaudes n’étaient pas forcément plus engageantes : « J’ai nagé dans le Tennessee où l’eau faisait 30°, c’était grandiose mais on ne voyait pas à 20 cm et il y avait des alligators. Quand une branche vous frôle, ça vous fait une drôle d’impression, mais ce n’était que deux heures dans l’eau », relativise-t-il (encore).
À l’heure de tirer sa révérence, son ami Patrice Heintz a décidé d’organiser son jubilé, soutenu par la ville de Colmar, le samedi 30 juin et dimanche 1er juillet, avec un 3x8 heures, ouvert à tous, participants et spectateurs : « C’est fabuleux. Si j’ai pu tenir 34 ans, c’est grâce à ma famille, mes amis, mes partenaires. Je ne serais pas là pour la performance, mais pour échanger avec un maximum de personnes. Vous savez, si on ne communique pas en faisant du sport, c’est qu’on a loupé quelque chose. »
Lui revient alors un souvenir, précisément lors de son premier 3x8 heures à Colmar : « A deux heures du matin, fatigué, je marche à côté d’un autre participant et je lui demande : tu penses à quoi ? Il m’a répondu du tac au tac : « Que je ne serais pas mieux ailleurs ».
Des goûts et des couleurs
« La Ballade des Gens Heureux » de Gérard Lenorman que j’écoutais quand je courais la nuit via le haut-parleur de la voiture qui me suivait.
« Manger pour gagner » du Dr Haas sur le régime alimentaire du sportif. Je n’aime pas le titre car il fait trop compétition mais ce livre m’a beaucoup apporté.
Bartholdi, parce qu’il symbolise la liberté.
La Taverne à Colmar qui sert des plats alsaciens, où l’on amène des invités étrangers ou des amis non alsaciens.
Le sourire d’un enfant !
Les gens qui ne sont jamais contents et qui scient la branche sur laquelle ils sont assis.
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