Propos recueillis par Sandrine Bavard en mai 2017.
© Sandrine Bavard Frédéric Marquet est chargé de dynamiser le commerce mulhousien depuis 2011« Déjà dans la cour de récré, je défendais Mulhouse, s’amuse Frédéric Marquet. J’ai toujours cru au potentiel de cette ville. Je luttais contre ce qui se disait à l’époque : "Mulhouse, plus vite tu la quittes, mieux c’est !" ».
Lui est parti pour faire ses études de commerce à Angers et a travaillé dans le marketing à Genève, mais c’était pour mieux revenir dans sa ville de cœur où il est un manager du commerce hyperactif, d’un optimisme presque « forcené », d’un volontarisme à toute épreuve.
« Le secret de la réussite, c’est le travail. Quand les autres sont à l’arrêt, moi je travaille encore. Je fais de la veille en permanence. Je ne peux pas passer une journée sans regarder les 8 pages Facebook que j’anime, c’est un travail 24h sur 24h, 7 jours sur 7 », explique-t-il sans vantardise.
Les chiffres parlent pour lui. Quand Frédéric Marquet prend son poste en 2011, le commerce mulhousien est dans une situation critique. Les travaux du tramway, terminés en 2006, ont pénalisé les commerces du centre. Et la ville est frappée de plein fouet comme les autres par la crise économique de 2008. « On était la ville où la vacance commerciale était l’une des plus fortes de France, avec 14% de locaux vides. Depuis 2011, on est à 403 ouvertures, à un rythme de deux ouvertures pour une fermeture. »
Il a quasiment divisé par deux le nombre de locaux vacants en 6 ans mais a surtout attiré de grandes enseignes, faisant de Mulhouse une ville désormais citée en exemple pour son dynamisme, qui a les honneurs de la presse spécialisée ou du JT de 20 heures. Et de citer Flying Tiger qui s’est implantée à Mulhouse plutôt qu’à Paris, de Repetto qui a préféré Mulhouse à toutes les autres villes du Grand Est, d’Hema qui possède sa plus grande surface commerciale dans la cité du Bollwerk. Sans oublier tous les commerces indépendants qui représentent 75% des ouvertures.
Sa stratégie repose sur deux piliers : diversifier l’offre et monter en gamme. « Il faut apporter au client ce qu’il ne trouve pas en périphérie, dans la ville voisine ou sur internet. Pour que le centre-ville soit préféré, il faut de bonnes raisons : trouver des enseignes que l’on ne trouve pas ailleurs et une ambiance qui donne envie de revenir ; ça passe par les terrasses, les animations commerciales, les interventions artistiques en ville, une ambiance apaisée et sécurisée… ».
Mais les stéréotypes ont la vie dure. Frédéric Marquet se fait alors l’ambassadeur de la ville et lutte au quotidien contre le « Mulhouse bashing », provenant surtout d’Alsaciens qui ne mettent jamais, ô grand jamais, les pieds en centre-ville : « Aux gens qui disent jamais, je leur dis : revenez au moins une fois ! Certains ne sont pas venus depuis 10 ans et ont une image totalement dépassée de la ville. Entre les « on dit » et la réalité, il y a un tel décalage ! C’est le combat de ma vie ».
Un combat qu’il mène, fidèle à son caractère, avec entrain et bienveillance, allant jusqu’à inviter les plus réfractaires à prendre un café et à visiter la ville pour en mesurer tous les changements : « Je me fais un point d’honneur à répondre à tous les commentaires sur les réseaux sociaux. Je me dis que la personne qui râle le plus, qui a pris le temps d’écrire, c’est qu’elle est attachée à Mulhouse ».
Son engagement pour la ville se traduit aussi en politique. À 18 ans, il s’encarte au RPR. À 21 ans, il figure sur une liste municipale. À 30 ans, il fonde l’association Mulhouse, j’y crois, avec Christophe Muller du PS dans le but de faire des « propositions constructives » pour Mulhouse, au-delà des clivages politiques traditionnels « stériles et inefficaces ».
Un discours à contre-courant à l’époque, en 2005 : « On s’est fait allumer dans nos camps respectifs, admet-il. Mais je n’ai jamais été un militant sectaire. Je ne pense pas que toutes les vérités sont à droite et toutes les contre-vérités à gauche. Au niveau local, l’étiquette politique importe peu : c’est une question d’engagement pour sa ville, pas de parti », assène-t-il.
L’association compte plus d’une centaine d’adhérents et un millier de sympathisants, qui font des propositions en matière d’économie, d’urbanisme, d’environnement… « Ce qui fait que Mulhouse, j’y crois, est toujours là, c’est qu’elle réunit des gens sincèrement convaincus par l’attractivité de Mulhouse, qui ont envie de réfléchir et travailler ensemble sur nos faiblesses parce qu’on n’est pas naïfs, mais aussi de valoriser nos atouts ». On lui demande s’il lui arrive de douter. « À titre personnel, oui. De Mulhouse, jamais ! ».
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