Propos recueillis en juillet 2014.
© Sandrine Bavard Daniel Dyminski dans son atelier à ReiningueDaniel Dyminski lit plus qu’il ne peint. Des bouquins de philosophie, biologie, d’économie, de physique, de sociologie. « J’ai accédé par moi-même à la connaissance sur ce qu’est le monde, le vivant, et c’est absolument passionnant. J’en suis au point que je ne peux plus lire des romans, qui me font l’effet d’une coupure publicitaire. A travers les livres, on se découvre soi-même et sa relation par rapport au monde », explique-t-il.
Dans la bibliothèque, figure en bonne place Mythologies de Roland Barthes : « J’ai une édition ancienne signée de lui, une valeur inestimable pour moi car j’ai une grande admiration pour lui et il a été une grande influence ». Non loin, Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie : « Il a une analyse très proche de ce que je pense du monde, avec petite poignée de gens qui ont tout et une masse immense qui n’a rien », déplore-t-il.
Cette soif de connaissance, Daniel Dyminski l’a toujours eu. Enfant, il révèle un talent précoce pour le dessin, suscitant l’admiration de son entourage, et se dirige vers les Beaux-Arts de Mulhouse. Il se forme dans beaucoup de domaines : il commence comme apprenti de retouche photo dans l’entreprise Braun à Mulhouse, se forme aux techniques de peintures anciennes dans des ateliers d’artistes… Un éclectisme que l’on retrouve dans ses œuvres : des peintures, des photos, des sculptures, des performances, des fresques que l’on peut voir devant l’UP à Mulhouse ou à l’usine hydraulique de Vogelgrun.
Mais quelque soit le médium, son sujet de préoccupation reste le même : comprendre l’humanité. Pas étonnant dès lors qu’il ait peint beaucoup la mythologie grecque et romaine jusqu’à la mythologie moderne et geek : Tintin, Super Mario, Lara Croft…
Mais il peint surtout des personnages, des anonymes sans visages, qui représentent l’humain dans sa globalité. Penché sur une de ses dernières oeuvres, Les gisants, des hommes couchés, mais sans tombeau, qui donnent l’impression de flotter, il dévoile son intention : « Morts, ils n’ont rien. Vivants, ils n’ont rien eu. Beaucoup de gens n’ont pas vécu. Beaucoup de gens ne comprennent rien à la vie.»
Et de dénoncer « la violence marchande » qui régit les rapports entre les êtres humains.
Que ce soit ces gisants, nouvelle source d’inspiration, ou des vanités, qui l’ont longtemps accaparé, Daniel Dyminski le fait en couleur. « J’utilise la couleur comme un matériau, je m’en fous que ce soit bleu, vert ou autre, je m’en fous des subtilités des teintes. Je pourrais travailler en noir et blanc, pourvu qu’il y ait de la matière. J’ai pas envie de faire de beaux tableaux, avec de belles couleurs, c’est pas le résultat esthétique qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse, c’est le positionnement de l’artiste dans la société dans laquelle il vit. Est-ce que son rôle est de produire une œuvre qui a une valeur marchande ? Je pense que l’artiste est là pour faire voir le monde différemment et peut amener une réflexion .»
Les artistes qu’il aime ? Damien Hirst ou Jeff Koons, les multimillionnaires de l’art contemporain, dont certains se demandent s’ils sont davantage artistes ou homme d’affaires. Mais Daniel Dyminski justifie : « Comme Picasso, Turner, Duchamp, ce sont des gens qui ont osé faire, osé s’exprimer, osé présenter ça en tant qu’art ! C’est souvent les grands artistes qui ont outrepassé les limites de l’art, mais en faisant quelque chose de réfléchi et pas seulement provocateur. Des provocateurs, il y’en a plein les Ecoles d’art ! »
Daniel Dyminski participe à l’exposition Prendre le temps, du 20 septembre 2014 au 8 mars 2015, à la Fondation Fernet-Branca, qui retrace l’évolution des années 70 à aujourd’hui de 7 artistes contemporains.
Il réalisera trois performances qui risquent de marquer les esprits puisqu’il détruira des œuvres, de grandes bâches peintes, conçues spécialement pour l’expo : « Je détruis des œuvres qui sont abouties et qui me plaisent, pas des rebus. Ce n’est pas la destruction pour la destruction mais pour la transformation, pour mettre en évidence qu’à chaque strate de travail, on détruit quelque chose. L’humain a une position prétentieuse par rapport au monde : il est environné par une nature merveilleuse mais la détruit quand même. C’est la symbolique de cette destruction que je fais, d’où la nécessité que le tableau soit beau », précise-t-il.
En détruisant ses œuvres, le peintre se sent aussi plus libre de faire ce qu’il a envie et soustrait son œuvre au système marchand. Un point de vue à découvrir lors du vernissage de l’expo le 20 septembre.
J’écoute de la musique contemporaine : John Adams, Philip Glass, Karlheinz Stockhausen... Beaucoup de Polonais aussi, comme Penderecki, Lutoslawski,Szymanowski.
Le Prix de l’inégalité de Joseph Stiglitz, et Qu’est-ce que la vie ? de Erwin Schrödinger
Noam Chomsky, parce qu’il m’a amené à une réflexion sur la linguistique et qu’il est tourné vers une philosophie politique.
En voyage, dans les grandes villes, c’est là où je fais le plein d’idées.
La générosité et l’altruisme. Les êtres humains devraient être complémentaires les uns des autres.
La prétention, l’idée qu’on se fait de la réussite.
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