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Claude Welty, le directeur du Musée Electropolis

Nous arrivons pile à l’heure pour notre rendez-vous avec Claude Welty. Ouf : le directeur du Musée Electropolis à Mulhouse apprécie la ponctualité. Entretien avec un homme cultivé et passionné par son métier. Par Mike Obri

Avant de démarrer notre entretien, Claude Welty, modeste, précise d’emblée qu’il n’est « pas homme à aimer se mettre en avant. Enfin, j’imagine que tout le monde vous dit ça ». Il ajoute alors, taquin : « Ah ! Enfin ! Il était temps de me consacrer un portrait ! » Rires partagés. L’homme a été fait chevalier de l’ordre national du mérite récemment.

Claude Welty dans les allées d'Electropolis © Mike Obri Claude Welty dans les allées d'Electropolis

On perçoit toute la finesse et la culture du directeur du Musée Electropolis lorsqu’il nous parle de sa grande passion pour l’art. « Je suis prêt à aller assez loin pour voir une exposition... Rome, pour une expo superbe du Caravage. Ou Vienne, pour admirer les peintures de Bruegel. Dans un registre plus musical, j’ai été épaté par le Tristan & Isolde joué à l’Opéra Bastille ». On n’ose pas lui avouer que la dernière fois qu’on a fait des milliers de kilomètres pour aller voir quelque chose, c’était du catch...

Entre Paris et Mulhouse

Claude Welty cumule ses fonctions au musée mulhousien avec un poste à responsabilité à la Fondation Groupe EDF à Paris. Il navigue entre les deux villes la semaine. « Je suis né et j’ai fait mes études à Mulhouse. J’ai fait partie de la première promo mulhousienne de muséologie. J’ai toujours été attiré par cet univers. L’un de mes premiers souvenirs de petit garçon reste la visite du Musée d’Histoire Naturelle de Bâle », sourit-il. En 1985, alors jeune homme, il devient chargé de mission pour l’association gérant l’ouverture du futur Musée Electropolis, qui voit le jour deux années plus tard. « La volonté première était de faire d’Electropolis un lieu axé sur les manipulations scientifiques, comme à la Cité des Sciences de la Villette, mais sans collection d’objets. Ma conviction, c’était au contraire de démarrer une collection et de conserver des traces du patrimoine récent. »

Aujourd’hui, le musée possède plus de 12 000 objets rares de toutes les époques, du radiateur à lampes centenaire en passant par les premiers modèles de frigo ou des affiches rétro... Comment démarre-t-on un tel fond ex-nihilo ? « En regardant ce qui traîne dans les placards des proches, des amis ! On a fait des brocantes et organisé des collectes d’objets lors de foires expo à Mulhouse, on y a récupéré des objets ménagers des années 50, 60 dont les gens se débarassaient après des décennies d’usage. » Ah ! L’époque où l’obsolescence n’était pas programmée... Et dans les coulisses du musée, les équipes allument-elles parfois un gramophone pour se passer un bon vieux Deep Purple ? « On ne fait pas fonctionner les objets, ça les dégraderait... On vient de mettre la main sur un aspirateur de 1900. C’était un objet de luxe, qu’on était fier de montrer à ses voisins ! Mais ceux qui pouvaient se l’acheter n’étaient pas ceux qui le passaient... », note Claude Welty.

En plein dans le mille

Le mois dernier, Electropolis a inauguré un nouvel espace muséographique consacré à l’impact de l’homme sur le climat et les énergies du XXIème siècle. Un sujet crucial.

« La question de la transition énergétique mobilise tout le monde. L’impact sur le climat, on en avait peu conscience il y a 30 ans. Pourtant, historiquement, nous avons déjà vécu de nombreuses transitions énergétiques. Dans les années 20, on est passé de la bougie à l’électricité ! Electropolis aide le visiteur à appréhender toute la complexité et la profondeur historique des différents enjeux liés aux énergies. Des enjeux primordiaux, on le voit bien aujourd’hui », conclut-il.

Une musique en boucle ? 
Du piano... de Schubert.

Votre livre de chevet ?
La Correspondance de Voltaire, où vous revivez le quotidien d’un grand homme des Lumières.

Une personnalité que vous admirez ?
J’admire plutôt les gens qui m’entourent au quotidien pour leurs traits de caractère ou des projets joliment menés.

Un resto ou café dans le coin ?
Le Canon d’Or à Dornach.

Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Les grands moments de rencontre avec l’art. Un tableau de Vélasquez.

Votre dernière grosse colère ?
Plutôt de l’inquiétude : certains choix politiques, ou des démocraties qui font marche arrière...

Le truc que vous adorez en Alsace ?
C’est un peu caricatural mais finalement assez vrai : le côté organisé, ponctuel.

Le truc qui vous gonfle en Alsace ?
Une forme de jusqu’au-boutisme régionaliste. Alors que je me sens assez citoyen du monde.

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