Christophe Carmona, dessinateur passionné par le patrimoine, sort un nouveau livre sur les châteaux d’Alsace et continue ses aventures d’Aline en B.D.
DR Christophe CarmonaPropos recueillis en février 2014.
Alors que nous montons jusqu’au château de Spesbourg à Andlau, Christophe Carmona se fait de plus en plus enthousiaste. Il nous montre une vieille pierre à peine visible avec la végétation, que nous prenions pour une… vieille pierre, mais qui est en fait la porte du château. Oui, Christophe Carmona a l’œil pour dénicher les moindres détails et dessiner le plus fidèlement possible ces châteaux, comme dans son nouveau livre Châteaux d’Alsace, hier et aujourd’hui (lire encadré). « Je fais une restitution des châteaux avec les indices trouvés sur place. Mais c’est une interprétation parce qu’il n’y a pas de certitudes. Les architectes du Moyen-Âge travaillaient sans plan. Il est peu fréquent d’avoir une gravure d’un château. On ne peut que se rapprocher de la vérité et ceux qui disent le contraire sont d’une prétention totale », affirme-t-il. Et pour faire ce livre, Christophe Carmona a sillonnée l’Alsace de haut en bas, allant sur certains sites plus de 10 fois pour se faire une idée plus précise. « J’aime bien discuter avec les historiens, avec les archéologues, mais il ne faut pas se laisser envahir, sinon on mettrait 30 ans pour faire un dessin », ajoute-t-il.
Les vieilles pierres ont toujours fasciné Christophe Carmona, né il y a 50 ans au Maroc, qui a grandi sous les remparts de Rabat avant d’arriver à Haguenau à l’âge de 8 ans. Un choc culturel : « Rabat, sous protectorat français alors, était proche dans sa façon de vivre de Paris, avec des grands cinémas partout, une vie culturelle intense. Quand je suis arrivé à Haguenau, les rues étaient encore en terre : ça m’a fait drôle. Mais je me suis tourné vers les Vosges et j’ai vu des trucs bizarres accrochés sur la montagne. C’était des châteaux, c’était mystérieux ! », se souvient-il. Aujourd’hui, il aime particulièrement les châteaux situés sur des éperons rocheux, avec un petit faible pour le château de Wasigenstein à Niedersteinbach, « le plus romantique », un château coupé en deux et qui semble le prolongement naturel du rocher.
Dans son Haguenau sans grande distraction, Christophe Carmona se passionne aussi pour la bande dessinée : « Je gribouillais sur mes propres B.D et j’ai bousillé comme ça un Blueberry. Je me posais beaucoup de question sur la narration et le fait que le dessin parle et raconte quelque chose. Je mettais des pointillés dans la direction où regardait un personnage dans une bulle. Je ne travaillais pas bien en classe mais je disais à mes parents : ne vous inquiétez pas, plus tard, je dessinerai ! » Et c’est ce qu’il a fait en autodidacte ! D’abord comme dessinateur pour le bâtiment puis pour la publicité, avant de réaliser sa première B.D dans les années 90, La guerre des rustauds, racontant le soulèvement de paysans alsaciens en 1525 contre l’ordre établi.
Puis il a créé sa propre héroïne, Aline, jeune fille dotée de pouvoirs fantastiques qui peut voyager dans le temps et résoudre des énigmes dans des lieux historiques, comme au Haut-Koenigsbourg, au Mont Saint-Michel, aux Tours de Blandy…« Je voulais un personnage fictif, moderne, et plein de fraîcheur : j’ai pensé introduire cette fille dans un monde de brutes, peuplé de chevaliers et d’épées qui s’entrechoquent », indique l’illustrateur. Il rêve maintenant de l’emmener dans le pays Cathare ou encore, plus exotique, en Égypte. Du moment qu’il y ait un site historique prestigieux qui l’attend, Christophe Carmona est partant.
Son actu
Christophe Carmona qui dessine les châteaux d’Alsace depuis plus de 25 ans sort le livre Châteaux forts d’Alsace, hier et aujourd’hui, chez ID Éditions. Des châteaux qui ont bien évolué au fil des ans, certains en bien grâce aux fouilles des archéologues ou la passion des bénévoles comme à Kagensfels, d’autres en pire parce qu’ils sont laissés à l’abandon et que la végétation a repris ses droits. Il a sélectionné au final plus de 60 châteaux : « Je montre les plus beaux, les plus visitables, les plus intéressants. La plupart des dessins sont inédits ou vus sous un angle différent », explique l’illustrateur. Pour le texte, il a fait appel à Guy Trendel et focalise l’attention des lecteurs sur certains détails intéressants pour la visite. « Il y a des Alsaciens qui ne savent même pas qu’il y a autant de châteaux en Alsace, parfois tout près de chez eux. Avec mes dessins, j’espère les faire connaître, et pourquoi pas donner envie à certains de rejoindre une équipe de bénévoles et participer à la restauration », confie le dessinateur.
Des goûts et des couleurs
- En boucle sur votre Ipod ?
J’écoute la B.O du Hobbit et Stromae grâce à mon fiston
- Votre livre de chevet ?
Les aventures de Valérian en bande dessinée et je relis Jules Verne en ce moment.
- Un spectacle à ne pas manquer ?
J’attends la suite du Hobbit au cinéma
- Une personnalité que vous admirez ?
Albert Jacquard, car il disait des choses justes sur l’état de la société et le fait qu’elle va droit dans le mur. Quand on l’écoute, on a l’impression que le niveau s’élève d’un cran.
- Un endroit où vous sentez bien ?
Le château de Wasigenstein
- Votre bar ou resto préféré dans le coin ?
Le restaurant du château à la Petite Pierre
- Le truc que vous appréciez chez les autres ?
L’humour
- Le truc qui vous énerve chez les autres ?
Je déteste le fait qu’ils aiment le foot. Quand j’étais à l’armée, pendant un France-Espagne, j’ai crié vive l’Espagne et les gars m’ont regardé comme un fou. C’était un très bon moment (rires)
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