Propos recueillis en avril 2017 par Sandrine Bavard
© Guillaume Mouchet Agnès Ledig, romancière alsacienne à la plume sensible« La perte de son enfant, c’est l’écorce qu’on arrache, la sève qui descend subitement, un peu de la vie qui coulait qui ne coule plus dans les veines. Mais je n’ai pas voulu rester un arbre mort. » Agnès Ledig, une ancienne sage-femme devenue l’une des romancières les plus lues et aimées des lecteurs français, sait trouver les mots justes pour parler des drames de la vie. Et du sien : la mort de son fils Nathanaël à l’âge de 5 ans, atteint d’une leucémie. C’est comme ça qu’elle est venue à l’écriture, en tenant un bulletin de santé hebdomadaire pour ses proches, encouragée par un médecin qui y voyait une formidable thérapie. Comment a-t-elle trouvé la force de rebondir ? « J’ai un bon matelas de joie de vivre au départ, répond-elle dans un éclat de rire. Et puis, j’ai promis à mes proches que ça irait. Quand je vois des gens tristes depuis 10, 15, 20 ans, je me dis : quelle horreur ! Je ne peux pas concevoir de rester au milieu du tunnel. Mon idée de la vie, c’est d’avancer, de ne pas rester dans l’obscurité, de transmettre une lumière sous une forme ou une autre ».
Et c’est ce qu’elle fait à travers l’écriture : « C’est devenu un vrai bonheur, ça continue à me faire du bien et à faire du bien aux gens qui me lisent je crois. J’y vois un lien avec mon ancien métier de sage-femme : c’est un peu soigner, mais autrement. » Ses romans sont de ceux qui font du bien, qui respirent la bienveillance et l’empathie, et qui touchent au coeur des millions de lecteurs : « On est dans un monde où l’on a besoin d’être touché par des histoires, de parler des petites joies simples, et de l’espoir surtout. J’écris avec le cœur. Le plus souvent, mes lecteurs me disent " merci ", merci d’avoir mis des mots sur ce que l’on ressent mais que l’on n’arrive pas à exprimer, avec cette justesse-là. C’est sans doute lié à mon côté hyper sensible : depuis que je suis toute petite, je vis les émotions humaines à 300%. Ce n’est pas facile tous les jours : parfois, on se prend des camions dans le ventre. »
Depuis qu’elle a jailli, la source d’inspiration semble intarissable, avec 5 romans en 5 ans, dont plusieurs best-sellers et notamment celui qu’il l’a révélé au grand public Juste avant le bonheur, prix Maison de la Presse 2013, traduits en 15 langues. Son dernier et cinquième roman, De tes nouvelles, paru chez Albin Michel, est déjà dans le top 5 des livres de fiction les plus vendus en France, hors livres de poche, devant le dernier Haruki Murakami et Christophe Ono-dit-Biot, un mois après sa sortie. Il est la suite d’On regrettera plus tard, même s’il peut se lire indépendamment, et parle encore de ces êtres aux destins brisés qui tentent de se reconstruire. Eric qui était parti sur les routes de France avec sa fille dans une roulotte après la mort de sa femme vient chercher un peu de réconfort et de stabilité auprès de Valentine, institutrice dans un village alsacien : « Je n’avais pas l’intention de faire de suite. J’étais même passée à autre chose. Mais ces personnages étaient encore au fond de moi et ils ont pris le dessus. Le problème maintenant, c’est qu’on me réclame la suite de la suite », plaisante l’auteur qui s’attelle déjà à l’écriture de son prochain roman, prévu pour mars 2018. Le livre est quasiment fini : les personnages sont là, l’histoire est en place, mais l’auteur aimerait prendre « un vrai temps d’écriture » pour le peaufiner : « Je veux le retravailler phrase après phrase, le laisser reposer, remettre l’ouvrage sur le métier, pour être plus riche à la fois dans le style et l’histoire. J’écris comme je pense, dans l’instant. Ensuite, il y a tout un travail technique derrière pour que les mots sonnent justes. J’ai envie de faire un travail musical autour de l’écriture : il y a une notion de chant qui est en train de venir. J’apprends encore », déclare-t-elle humblement.
Agnès Ledig vient aussi de sortir un livre de développement personnel avec des exercices pratiques illustrés par Jack Koch, L’Esprit papillon, pour « déployer ses ailes et gagner en légèreté » : « Pas longtemps avant d’arrêter d’être sage-femme, j’ai été formée en accompagnement émotionnel, ce qui m’a beaucoup appris au niveau personnel : comment être dans le respect de soi-même, apprendre à dire non… Je me suis dit que c’était trop bête de laisser tout ça dans un tiroir, d’autant que je suis intimement persuadée de l’intérêt de la technique. L’Esprit papillon, c’est une image un peu Bisounours mais très belle et symbolique, celle de la transformation. » La sienne a parfaitement réussi, bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
En boucle sur votre iPod ?
Je n’ai ni iPod ni musique fétiche. J’aime varier, et j’écoute de tout...
Votre livre de chevet ?
En ce moment, « La vie secrète des arbres » et autres documents sur la forêt, en vue de mon prochain roman.
Une personnalité que vous admirez ?
Hubert Reeves. Il est très âgé et pourtant, il a un sourire d’enfant. Des connaissances incroyables et pourtant la simplicité et l’humilité.
Un endroit où vous vous sentez bien ?
Dans la nature. Peu importe où du moment qu’il n’y a pas trace humaine alentour. Mais en particulier la mer.
Votre café ou resto préféré dans le coin ?
Le Potin à Barr. Un bon restaurant, une belle ambiance.
Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Ce qui est beau, doux, grandiose ou minuscule, de la nature, ou de l’humain.
Votre dernière grosse colère ?
L’impunité d’un chauffard qui a failli nous tuer en 2015.
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