Monica Guillouet-Gélys, nouvelle directrice de la Filature à Mulhouse

Monica Guillouet-Gélys est la nouvelle directrice de la Filature. Cette ancienne musicienne et danseuse a passé 25 ans à la tête de théâtre et de salles de spectacles avant d'arriver à Mulhouse en juin dernier.

Vous avez commencé par diriger un petit théâtre parisien, puis une scène conventionnée à Auxerre, puis une scène nationale à Evry. Avec la Filature, vous changez encore d’échelle. Quelle est votre ambition pour une telle salle ?

Il est vrai que Mulhouse fait partie des 10 premières scènes nationales en France, que ce soit en terme de budget, d’équipement, de projets, ce qui implique d’en prendre la mesure et de se positionner à ce niveau d’exigence. Mais l’ambition à nourrir par rapport à une grosse scène est la même que pour une plus petite : une mission ambitieuse pour faire rencontrer le public et le spectacle vivant. Ce n’est pas acquis d’avance. Le projet sera pluridisciplinaire, en mettant en avant la création contemporaine, en la positionnant aussi par rapport au répertoire, sans avoir peur de prendre des risques, de bousculer des codes. Et puis Mulhouse est au cœur de l’Europe, et j’aurais forcément un regard vers les pays frontaliers pour faire naître des collaborations artistiques. J’ai notamment ce projet de festival Transeuropéenn, fusion de l’ancien festival TRAN(S)E et DAN(S)E , qui mêlera théâtre, danse, arts numériques, avec un fort soutien à la création des artistes émergents.

Monica Guillouet-Gélys est la nouvelle directrice de la Filature © Sandrine Bavard Monica Guillouet-Gélys est la nouvelle directrice de la Filature

Vous souhaitez développer les arts numériques. Quelle forme cela prendrait ? Est-ce que ce sera plutôt des spectacles utilisant les nouvelles technologies ou du mapping vidéo comme le fait les Dominicains ?

Dans le spectacle vivant, il y a de plus en plus d’artistes inclassables. Mais je tiens à ce que l’artiste soit incarné sur le plateau. Je pense par exemple à Antoine Defoort et Halory Goerger, deux geek bidouilleurs qui transforment leur clavier d’ordinateur en piano. Je pense aussi au travail d’Annie Dorsen, dans Hello, hi there, qui fait dialoguer deux ordinateurs portables, tout en restituant le célèbre débat entre le philosophe Michel Foucault et le linguiste et Noam Chomsky, et soulève cette question : est-ce que la machine peut remplacer l’homme ? C’est une piste justement pour le festival Transeuropéen.

L’autre temps fort de la saison sera les Vagamondes, un festival sur les cultures du Sud que vous avez créé il y a 3 ans à Evry et que vous délocalisez ici à Mulhouse. Est-ce que le concept va en être modifié?

Le festival continuera de valoriser la création des pays du Sud, que ce soit des artistes émergents ou confirmés. Autour des spectacles, il continuera d’y avoir des temps conviviaux (thé, repas, concert, etc.) Ce festival était tourné jusqu’à maintenant vers les pays du Sud de la Méditerranée (Maghreb, Proche Orient) et je souhaiterais remonter vers les pays de l’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie…). Car c’est un festival que je veux en phase avec l’actualité, et il serait par exemple intéressant de voir les thématiques qui émerge des créations des compagnies grecques par exemple, alors que les artistes sont touchés par la crise et sont dans la difficulté de créer. J’aimerais aussi instaurer un temps d’échange et de parole, avec des conférences universitaires, sur des questions que peut soulever la programmation.

Quelles sont personnellement vos préférences artistiques ?

Je n’ai pas de préférence pour tel ou tel domaine. Il y a des choses superbes qui se passent en théâtre, en danse, en musique. ..Et ce qui peut m’émouvoir dans le spectacle, c’est la sincérité de l’engagement et la poésie qu’il s’en dégage. Je n’aime pas, comme n’importe qui dans le public je pense, avoir le sentiment qu’on se moque de moi. Je suis assez bon public et je peux m’enthousiasmer pour des spectacles pointus aussi bien que très populaires.

Puisque vous parlez de spectacle populaire, le maire de la ville, Jean Rottner, a déclaré qu’il voulait voir de la culture populaire, comme du théâtre alsacien, à la Filature. Vous en pensez quoi ?

S’il y a de la création vivante en alsacien, qu’il y a de véritables auteurs dans cette langue aujourd’hui, évidemment que ce théâtre a sa place ici. Si demain, un metteur en scène vient me dire qu’il veut monter Nathan Katz, avec une intention de revisiter le texte, au même titre que l’on revisite du Shakespeare ou du Marivaux, je dis pourquoi pas…

Vous étiez artiste avant de devenir programmatrice. Est-ce que ça apporte quelque chose en plus ?

Effectivement, j’ai été contrebassiste de jazz et danseuse professionnelle. Je pense que ça m’apporte une bonne connaissance du monde artistique et une relation plus rapide aux artistes, qui me permet de bien juger et de faire des choix. J’ai une relation authentique avec eux. Je suis assez intuitive et je vois vite en général ce qui peut être bien, et ce qui ne peut pas l’être, dans un spectacle.

Vous souhaitez également développer plusieurs partenariats. Où en êtes-vous ?

Je rencontre les différentes structures de la ville : les médiathèques, l’école du Quai, l’office de tourisme, le musée EDF Electropolis…où je souhaiterais qu’il y ait des performances, un peu à l’image des conférences dansées d’Aurélie Gandit au musée des Beaux-Arts. J’aimerais aussi développer dans les deux ans un dispositif hors les murs, et aller vers d’autres salles du département. Je dois bien sûr encore rencontrer les différents acteurs de ces structures.

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