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Le Musée de la Mine retrace le filon de la potasse

La potasse a été exploitée pendant presqu’un siècle en Alsace, le seul gisement de France. L’association Kalivie, créée en 1998, fait découvrir aux visiteurs ce riche passé au Musée de la Mine à Wittelsheim. Le petit plus ? Ce sont des anciens mineurs qui jouent les guides.

Le Musée de la Mine à Wittelsheim a investi l'ancien vestiaire du carreau Joseph-Else, un site symbolique parce que c’est ici qu’a été découvert le gisement de potasse – le seul de France – en 1904, qui s’étend sur plus de 200m2 de Mulhouse à Colmar.

Le Musée de la mine à Wittelsheim conserve la seule salle des pendus du bassin potassique alsacien © Sandrine Bavard Le Musée de la mine à Wittelsheim conserve la seule salle des "pendus" du bassin potassique alsacien

Les terres appartenaient à Amélie et Albert Zürcher, qui désespéraient de voir pousser des légumes sur leur terrain : « Dieu est bon. Si le sol est pauvre, c’est que le sous-sol doit être riche », pensait Amélie. Ils espéraient trouver du charbon ou du pétrole, mais avec l’industriel Joseph Vogt et le sourcier Jean-Baptiste Grisez, ils ont découvert un autre trésor : la potasse, un engrais recherché.

L’exploitation commence en 1910 sur le site Amélie, et compte jusqu’à 13 puits à la veille de la Grande Guerre. Sur le carreau Joseph-Else, deux chevalements sont encore visibles : « C’est par le puits Joseph que l’on faisait descendre le personnel et le matériel et par le puits Else que l’on extrayait la potasse », précise Roland Ringenbach, ancien mineur et président de l’association Kalivie, créée en 1998 pour sauvegarder ce patrimoine.

A 500m sous terre

Les hommes sont descendus ici jusqu’à 500 mètres de profondeur : « Au début, tout était fait à la main : on forait des trous, on les bourrait de dynamite, on les faisait exploser et on chargeait le tout sur des berlines (wagonnets, ndrl). C’était très dur physiquement », commente Roland Ringenbach. Après la Seconde guerre mondiale, la mécanisation permet d’alléger le travail physique et les galeries sont creusées par havage intégrale, une méthode plus sécurisée et plus productive. La production bat son plein et la mine emploie près de 14 000 salariés en 1948, le chiffre le plus haut de son histoire.

Le bruit et la chaleur

Mais les conditions de travail restent pénibles, 7 heures par jour, dont 5 heures sur le "chantier" Il y a les manoeuvres délicates. Il y a le bruit des machines. Il y a « les gaz qu’on prenait dans la tronche ». Et surtout, il y a la chaleur suffocante : « Quand on descend de 50 mètres sous la terre, la température augmente d’1 degré. En Alsace, quand on descend de 23 mètres, on atteint déjà ce degré supplémentaire. Pourquoi ? Parce que la croûte terrestre est plus fine qu’ailleurs. A 1000 m de profondeur, la température est à plus de 50 degrés », explique Jacques Holder, l'un des anciens mineurs qui jouent les guides, montrant aux scolaires en visite les photos de ses collègues travaillant en short, avec simplement un casque et des chaussures de sécurité.

Une salle des "pendus" chargée "en émotions"

La salle la plus impressionnante du musée est la salle des "pendus", le vestiaire des mineurs restés dans son jus des années 30, avec ses habits suspendus à des crochets et les alcôves où mineurs se douchaient : « C’est un endroit rempli d’émotions, parce que c’est là où se rassemblaient les mineurs quand il y avait un accident: il y a eu 900 tués en un siècle de travail ! Il y avait deux principales causes d’accident : l’éboulement de terrain et le grisou. A force d’ébranler le terrain à la dynamite, il y avait une fissure qui se créé et ça tombait sans prévenir. Le grisou, on maîtrisait à peu près, on avait nos lampes de sureté et après des capteurs. Mais le coup de grisou, on ne pouvait pas le prévoir : c’est une poche d’air qui explose toute seule, sans flamme, sans étincelles », indique Roland Ringenbach.

Pour attirer les mineurs malgré le danger, les mines donnent des contreparties : un logement gratuit. « En 1925, la demande était tellement forte en engrais que les mines ont embauché 2000 à 3000 Polonais pour satisfaire la demande. Dans la foulée, on a construit les cités minières pour les loger, puis pour loger les Français. Chaque carreau avait son église, son école, sa salle des fêtes, ses terrains de sport. Les mineurs ne payaient pas le loyer, pas l’eau, pas l’électricité…», souligne le président de Kalivie.

Une riche collection de minéraux

Le Musée de la Mine dispose aussi d’une collection minéralogique unique au monde : 5000 échantillons de roches dites évaporitiques, qui remontent à 500 millions d’années jusqu’à aujourd’hui. Ces minéraux ont été collectés dès 1926 par les ingénieurs en géologie des Mines de Potasse qui ont réalisé des sondages de par le monde : Canada, Congo, Israël…

L’occasion d’une petite leçon de géologie : « Le minerai exploité ici est la sylvinite, un mélange de sylvine qui donne la potasse, la halite qui donne le sel de cuisine, et des impuretés comme le gypse. On en trouve deux couches, la couche supérieure qui fait jusqu’à 2 mètres, et la couche inférieure qui fait jusqu’à 4 mètres de haut », informe Jacques Holder.La totalité du gisement a été exploité pendant un siècle : ce sont ainsi 560 millions de tonnes de potasse qui sont sorties de terre.

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