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L’Alsacien qui dessinait des montagnes russes

Vous allez peut-être bientôt monter dans le Wodan Timbur Coaster, le tout nouveau grand huit à sensations d’Europa Park, inauguré le mois dernier. Mais saviez-vous que c’était un jeune Alsacien, Frédéric Pastuszak, qui l’avait dessiné ? Par Mike Obri

Frédéric Pastuszak, à 31 ans à peine, dessiner des montagnes russes, c’est un rêve de gosse devenu réalité ?

Frédéric Pastuszak a dessiné le Wodan Timbur Coaster d'Europa Park DR Frédéric Pastuszak a dessiné le Wodan Timbur Coaster d'Europa Park

(Rires) Complètement ! Quand j’étais tout petit, mon jeu préféré consistait à créer des manèges avec mes Lego. Vers mes 9 ans, ma famille est arrivée en Alsace. Logiquement, on a demandé ce qu’il y avait à faire dans le coin. On nous a dit : Europa Park ! Et lors de ma première visite, je me souviens avoir dit « c’est ça que je veux faire » !

Quel a été votre parcours ensuite ?

J’ai passé mon diplôme d’architecte à Strasbourg, où j’orientais déjà mes travaux d’étudiant vers cette niche très particulière du parc d’attraction. Mon mémoire traitait de l’influence de l’architecture dans le succès des parcs de loisirs. J’ai également fait un stage à Europa Park - déjà ! - où j’ai travaillé sur le chantier de l’Hôtel Colosseo. C’est à ce moment-là que le grand patron, Roland Mack, m’a dit : « j’aimerais que l’on travaille ensemble, mais va voir ailleurs d’abord et prends autant d’expérience que tu pourras ! » C’était il y a douze ans. Je l’ai écouté et j’ai fini par revenir au bercail. Entre temps, je suis passé par Paris, Dubaï, les Etats-Unis...

Comment met-on en oeuvre une construction colossale comme le Wodan Timbur Coaster, 40 mètres de haut, un coût de 10 millions d’euros et entièrement fait de bois ?

Cela nécessite quelques petites précisions ! Moi, je suis architecte de projet. Je ne construis pas physiquement les grands huits. Pour le Wodan, ce sont des ingénieurs américains qui ont validé les aspects purement techniques. Mon travail se situe en amont. Je pense et je dessine. Ainsi, j’ai proposé l’idée du grand huit en bois après en avoir testé un en Finlande. J’ai défini son emplacement, son parcours, son intégration dans le quartier Islandais, et tout ce que j’appelle le travail de « carte postale ».

Vous pensez que la montée, tel ou tel virage ont été placés aléatoirement ? Pas du tout. Chaque détail est pensé en terme d’axes de vision. Le portail d’entrée du manège est devant la plus grande bosse. La chute principale est sous le grand logo. L’objectif était d’intégrer dans le paysage du Park cet énorme grand huit de 21 000 planches de bois et de 2 millions de clous, qui a nécessité 9 mois de travail pour 30 charpentiers, comme s’il avait toujours été là avant. C’est de l’urbanisme féerique. Ce manège est l’un des plus thématisés du Park, mon équipe de designers a fait du beau travail autour des légendes des Vikings. De plus, le Wodan est la première attraction à croiser le parcours de deux autres manèges, le Blue Fire et le Super Splash, c’était une de mes idées et elle a plu à la famille Mack.

Le bois ne risque-t-il pas de s’altérer plus vite que du métal au cours du temps ?

Non. Croyez-moi, dans 30 ans, le Wodan n’aura pas bougé. Le bois apporte une sensation d’insécurité (bien sûr, ce n’est pas vrai du tout !)... et nous jouons là-dessus. Il craque, est plus sonore que du métal. On a rajouté exprès des petites bosses, des cassures qui provoquent des secousses légères dans les wagons, comme si ce n’était pas stable. Ce manège vient combler un manque du Park, un grand huit en bois familial, rapide, mais moins violent qu’un Silver Star. C’est un beau bébé dont je suis fier. Mais je pense déjà au futur projet d’Europa Park... avec Luc Besson, mais chut ! C’est top-secret !

 

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