Dans les coulisses d'SOS Amitié

S.O.S. Amitié. Les médias en parlent rarement. Sans doute l'association bénéficie-t-elle de moins de « visibilité » que les Restos du Coeur ou l'Unicef. Nous avons choisi de nous rendre dans les coulisses de l'antenne Haut-Rhinoise de ce service d'écoute qui fonctionne 24h sur 24 et 7 jours sur 7 gratuitement.

À la lecture de cet article, nous savons que certains s'étonneront peut-être du fait qu'S.O.S. Amitié existe encore. D'autres se remémoreront immanquablement quelques scènes du Père Noël est une Ordure, dont l'histoire se déroulait dans une permanence téléphonique s'inspirant vaguement d'S.O.S. Amitié. La réalité est évidemment bien loin de la fiction. Une des raisons qui explique ce manque de notoriété auprès du grand public est dûe au système de fonctionnement d'S.O.S. Amitié, basé sur l'anonymat.

Dans les coulisses d'SOS Amitié © © Stepan Crani - Fotolia.com Dans les coulisses d'SOS Amitié

L'anonymat pour faciliter l'expression

« La règle numéro une, c'est que le service est totalement anonyme. Aussi bien du côté de celui qui appelle que du côté de celui qui écoute », explique Edouard Rouby, le président de l'antenne Haut-Rhinoise d'S.O.S. Amitié. « La personne au bout de la ligne écoute, tout simplement, sans jugement, et en favorisant la libre expression de celui qui appelle, qu'il soit dans une grande détresse ou qu'il ait juste besoin de quelqu'un à qui parler pour calmer une angoisse. L'anonymat permet de faciliter l'expression. À l'origine, le but premier d'S.O.S. Amitié est la prévention du suicide. »
Seule une personne est habilitée à s'exprimer au nom d'S.O.S. Amitié, c'est le président d'antenne, qui a une fonction d'ambassadeur et qui ne participe pas ou plus aux écoutes téléphoniques. Tous les autres bénévoles, ceux que l'on nomme les écoutants, doivent rester dans l'ombre. « L'association est arrivée en France en 1962. Il existe 45 associations partout en France, dont la nôtre. Notre équipe d'écoutants se compose d'environ 35 bénévoles, de tous milieux, de toutes origines. Lorsque l'on candidate auprès d'S.O.S. Amitié, on s'engage à effectuer une vingtaine d'heures d'écoute par mois. Dont au moins une nuit, une longue plage qui s'étale de 22h à 8h30 », explique Edouard Rouby. Ce dernier nous emmène à l'endroit où les coups de fils arrivent. Un petit bureau, un téléphone. Une seule personne présente à la fois. C'est la raison pour laquelle le numéro peut parfois être occupé. Nous y rencontrons une écoutante chevronnée, qui accepte d'emblée de nous livrer son ressenti.

La douleur se cache

Accueillir toute cette souffrance, même par téléphone, n'est-ce pas trop impactant pour soi-même ? « Cela fait dix ans que je suis bénévole. Vous me demandez comment je fais pour tenir, mais je ne tiens pas : j'aime ce que je fais ! J'étais prête, je savais dans quoi je m'engageais. S.O.S. Amitié vous forme en interne sur plusieurs mois et la formation ne s'arrête jamais. Nous avons des séances de travail avec des psychologues salariés de l'association et des groupes de parole entre bénévoles. Sinon, en effet, ça n'irait pas », explique-t-elle. Bien sûr, durant ces quelques minutes, elle a raccroché le téléphone. Le temps de répondre à une ou deux questions. « Si non... ça sonnerait sans arrêt ! »

S.O.S. Amitié Haut-Rhin reçoit environ 80 coups de fil par jour, plus de 25 000 chaque année. Pour répondre à l'évolution des utilisations, le mail et le tchat ont été mis en place en France et seront utilisés sous peu par les bénévoles Haut-Rhinois. « Il y a des périodes assez calmes. Et parfois, des nuits dingues. Nous constatons qu'il y a de plus en plus d'appels de personnes souffrant de maladies mentales. Souvent, aussi, des personnes âgées qui ont besoin de parler de leur solitude : nous sommes leur dernier lien avec la société, quand elles ne voient vraiment plus personne. En écoutant toutes ces personnes sans les juger, nous leur permettons de mettre des mots sur leur douleur et de souffrir sans en avoir honte », termine Edouard Rouby.

S.O.S. Amitié a toujours besoin de nouveaux bénévoles. Si vous avez plus de 25 ans et un solide sens de l'engagement, vous pouvez candidater en envoyant un mail à :
sos.amitie.haut-rhin@wanadoo.fr ou un courrier à : S.O.S. Amitié Haut-Rhin, BP 32116, 68060 Mulhouse.

-> S.O.S. Amitié : 03 89 33 44 00

Dans la même rubrique

Je trouve les meilleures sorties dans ma ville


Newsletter JDS

Prêt pour un week-end de folie ? Chaque jeudi tous les bons plans sorties