Propos recueillis en février 2012.
A la barre tous les matins. 7 à 8 heures de danse. Pendant les breaks, des exercices musculaires. A la fin de la journée, des étirements. Une hygiène de vie irréprochable. Oui, disons-le net, quitte à enfoncer des portes ouvertes, le monde de la danse, c'est la discipline, l'exigence, la perfection. Il n y' a qu'à écouter Christelle Molard Daujean parler d'un des derniers spectacles du BoNR Le jardin aux lilas d'Anthony Tudor pour s'en convaincre : « C'est tellement une pièce minimaliste, avec très peu de mouvements, que chaque mouvement veut dire quelque chose. C'est comme si on devait peindre une figurine d'un centimètre : c'est beaucoup plus difficile que de peindre à gros pinceaux une grande statue. Tout est dans le détail. Et ce n'est pas parce qu'on l'a dansé une fois que tout est acquis. La danse est un travail qui ne s'arrête jamais, il y a toujours à dire, à faire, à corriger pour trouver plus de qualité. »
Ce travail, Christelle Molard Daujean l'a entrepris dès le plus jeune âge. Ses parents l'inscrivent dès 3 ans dans un cours de baby danse : « J'ai de suite accroché. Comme beaucoup de petites filles, j'étais attiré par le justaucorps, le tutu, le rose. J'ai bien changé depuis, plaisante-t-elle. Même quand je me baladais avec mes parents, je dansais dans les rues. J'ai toujours voulu être danseuse, je n'ai jamais changé d'avis, malgré les hauts et les bas. » Après avoir fait ses gammes dans une école de danse à Châlon-sur-Saône, elle intègre à 15 ans le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. Il y a la rigueur de l'apprentissage, avec des professeurs parfois « cassants ». Il y aussi l'image de ce corps à maîtriser : « Quand on se retrouve en collant chair devant un public, il faut toujours avoir un physique « présentable ». Je n'ai jamais fait de régimes mais des amies sont tombées dans cette spirale. Pour moi, c'est important d'avoir des formes. La danse, c'est aussi être bien dans son corps, resplendir la bonne santé et respirer la joie quand on est sur scène. »
En 1999, Christelle Molard Daujean intègre le ballet du Rhin, qu'elle n'a jamais quitté depuis. Une fidélité à la maison et à son directeur artistique Bertrant d'At qui lui a confié le rôle de Blanche Rose dans Le Prince des pagodes, et surtout le rôle principale de son Roméo et Juliette : « Une pièce très agréable à danser, mais il n'y a pas que la technique, l'artistique compte énormément. Il faut réussir à trouver dans le corps et dans le visage l'état émotionnel du personnage, et Juliette passe par plein de phase : la joie, la colère, la tristesse... S'investir dans un rôle met dans un drôle d'état. Quand je finissais le ballet, que Roméo était mort, j'en avais les larmes aux yeux à la fin du spectacle, je le vivais comme si c'était vrai ».
Grâce au grand nombre de chorégraphes invités, les danseurs du BoNR n'ont pas le temps de s'ennuyer, passant de la danse classique, au néo-classique et au contemporain : « Chaque chorégraphe a une approche différente au corps : avec Michel Kelemenis, on a effectué un travail intéressant par rapport à la structuration du corps au niveau du bassin, avec Johan Inger, c'est une danse organique qui s'appuie sur des éléments de décor, avec William Forsythe, on est dans le mouvement extrême, la torsion... », énumère la danseuse. Et pour satisfaire le désir de ces chorégraphes, il faut apprendre à se surpasser : « Quand il a faut se mettre nu sur scène, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Quand il faut échanger un baiser, si ce n'est pas avec son partenaire de vie, c'est également délicat. A chaque fois, ce sont des nouvelles expériences, des nouvelles étapes à franchir », précise-t-elle.
Mais la plus grande montagne à gravir, ce fut incontestablement cette déchirure du tendon à 60%, survenu il y a trois ans alors qu'elle commençait les répétitions pour La Sylphide : « C'était en plus un rôle qui me tenait à cœur parce que je devais danser avec mon mari, mais j'avais tellement mal que je ne pouvais plus danser, il fallait opérer. Ce fut un coup terrible : je me demandais si je pourrais un jour remonter sur les planches, refaire des pointes. J'ai fait un gros break pendant deux ans, j'ai eu un bébé entre temps, ce qui m'a permis de relativiser. Quand je suis revenue, j'ai dû changer ma manière de travailler, avoir une autre approche au sol, retrouver la force musculaire dans les chevilles, faire confiance à mon tendon. Ce fut beaucoup d'acharnement. Mais aujourd'hui, je vis les choses encore plus intensément, je suis à 300% ». A 300%, à 33 ans, avec une danse à pleine maturité, Christelle Molard Daujean a plus que jamais « des choses à dire » sur scène.
Je trouve les meilleures sorties dans ma ville
Recevez les meilleures idées sorties par notification web !
Aucun email requis.
Autoriser les notifications pour continuer.
Recevez les meilleures idées sorties par notification web !
Aucun email requis.
Une seconde fenêtre va s'ouvrir vous invitant à autoriser les notifications