Alfred Dreyfus, militaire français accusé à tort d’espionnage pour le compte de l’Allemagne, est malgré lui un homme de paradoxe.C’est sans doute le plus illustre des Mulhousiens, celui dont le nom évoque immédiatement la célèbre affaire Dreyfus, qui divisa la France entière au tournant du XXe siècle.
DR Le capitaine Dreyfus, condamné pour haute trahison en 1894 et réhabilité en 1906, aura connu un long calvaireEt pourtant, peu de gens savent qu’il est né à Mulhouse en 1859 et qu’il a vécu rue du Sauvage, avant de partir pour Paris lors de l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871, sa famille optant alors pour la nationalité française ! « La famille est ensuite revenue à Mulhouse, parce que le père dirigeait une Filature, à l’exception d’Alfred Dreyfus qui a continué ses études à Paris. Mais pour rendre visite à sa famille en Alsace, alors allemande, il était obligé de demander un passeport. Qu’un membre de l’Etat-Major français traverse ainsi régulièrement la frontière n’a pas joué en sa faveur », souligne Joël Delaine, conservateur du Musée Historique.
Dreyfus était le bouc-émissaire idéal, suspecté parce qu’il officiait à l’Etat-Major de l’armée, parce que son écriture ressemblait à celui du bordereau des documents transmis à l’Allemagne, parce qu’il était né en Alsace, et parce qu’il était juif.
En 1894, reconnu coupable de haute trahison, il est condamné à la dégradation et à la déportation en Guyane. Cette affaire, qui emballa la machine juridique, politique et médiatique, durera 12 ans, jusqu’à sa réhabilitation en 1906.
110 ans après, la ville de Mulhouse rend hommage à cet enfant du pays, victime d’une des plus retentissantes erreur judiciaire. Cette année Dreyfus sera officiellement lancée par le maire Jean Rottner le mercredi 13 janvier, date ô combien symbolique puisque que c’est celle de la publication du J’accuse d’Emile Zola, en présence de deux invités d’honneur : Charles Dreyfus, le petit-fils du capitaine, et Martine Leblond-Zola, petite-fille de l’écrivain.
Le début de l’année, du 15 janvier au 28 février, sera marqué par deux expositions. Au Musée Historique, L’affaire Dreyfus, la république en danger, conçue par l’association Valmy, explique sous forme de B.D les ressorts de cette histoire qui a « révélé au grand jour les menaces sourdes qui peuvent peser sur l’unité nationale et l’intégrité de la République » : trahison, propagande, corruption, raison d’État, préjugés, antisémitisme…
Au Musée des Beaux-Arts, le parti pris sera évidemment plus artistique : la céramiste Livia De Poli et la peintre Jacqueline Bilheran-Gaillard rendent hommage à leur manière au personnage de Dreyfus en réalisant divers objets et œuvres. Ils seront ensuite transférer dans la nouvelle salle Dreyfus du Musée Historique qui ouvrira en juillet.
Les animations se poursuivront toute l’année à travers des conférences, des concerts, un parcours touristique, une pièce de théâtre, un ciné-club... De nombreuses institutions et associations se sont mobilisés pour fait vivre cet événement (Université, bibliothèque, tribunal, Société d’histoire, théâtre Poche-Ruelle, Orphéon…)
Le point d’orgue de cette année Dreyfus sera l’installation d’une statue en granit de plus de 2 mètres de haut au Parc Steinbach le 9 octobre, date de naissance du mulhousien.
L’association Monument Dreyfus, présidée par Fernand Hessel, a lancé une souscription pour récolter 50 000 euros et a attribué la réalisation de cette statue à Sylvie Koechlin, dans un but précis : « La sculpture créée devra apporter un témoignage pour les générations futures de la victoire de la vérité sur le mensonge, de la justice sur les forces obscures de l’arbitraire, de l’honneur d’un homme injustement accusé sur l’infamie ».
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