Institut Européen des Arts Céramiques (IEAC) - Guebwiller

A l'école de la céramique

La céramique n'est pas qu'une discipline qui se cloisonne aux bols peinturlurés ou aux vieux vases ! En visitant l'Institut Européen des Arts Céramiques, situé au château de la Neuenbourg, en plein centre de Guebwiller, on se rend compte de toute la richesse de cette pratique à mi-chemin entre art et artisanat.

Pour devenir un céramiste qui allie aussi bien maîtrise technique qu'esprit artistique, en France, vous n'avez pas franchement le choix. Il n'existe que deux ou trois écoles capables de vous former. Et l'une des plus réputées se trouve à Guebwiller. Cela dit, lancez le sujet « la céramique » dans un dîner en ville, et vous constaterez rapidement qu'à part la poterie, on ne connaît pas grand chose sur le sujet. « On n'imagine pas tout ce que l'on peut faire avec la terre... Ce médium a été évacué des écoles d'art, car il était plus ou moins considéré comme un art mineur. Pourtant, tous les grands peintres se sont un jour essayé à la céramique. Ce n'est pas un hasard, c'est un art complet qui allie matières, formes et couleurs », explique Thiébaut Dietrich, le directeur de l'IEAC. « L'Institut a un statut d'association d'intérêt général, et reçoit des financements de partenaires publics. C'est à la fois un lieu de formation et un lieu de promotion, avec des expositions régulières hors-les-murs, au Musée Deck de Guebwiller et aux Dominicains de Haute Alsace, ou plus loin, dans des salles à Paris ou Sarreguemines. »

L'une des élèves de la promotion 2013 en plein travail DR L'une des élèves de la promotion 2013 en plein travail

Former de futurs artistes céramistes

La frontière entre artisanat et art est très mince, en céramique. L'Institut prône les vertus d'une formation professionnelle très complète, où toutes les disciplines sont abordées, pour permettre aux élèves - venus de tous les horizons - de devenir des artistes sans limitations techniques. On y aiguise le sens critique comme la capacité à modeler puis cuire dans d'imposants fours spéciaux. Les élèves (au nombre de 6 à 8 par promotion, pour garantir une formation personnalisée) se voient en majorité ouvrir un atelier pour y vendre leurs futures créations, une fois le diplôme acquis. Des objets divers s'inscrivant aussi bien dans le marché de la déco et du design que du marché de l'art contemporain.

« Je possède un Master en archéologie. J'y étudiais déjà la céramique, car on retrouve régulièrement des pièces de ce type sur nos chantiers de fouille. J'ai eu envie d'approfondir la matière, et très vite, d'en faire mon métier. Pour valider ma formation, je travaille sur un projet qui a pour motif l'histoire d'un roi. Comme une BD en trois dimensions, en objet concret », explique Gaëlle, l'une des plus jeunes élèves de l'IEAC (promotion 2013). Son travail impressionne. Car il allie une jolie rigueur technique et une vision artistique qui lui est propre. A côté d'elle, Thierry, la cinquantaine fringante, au parcours bien différent. « Moi, j'étais dans la communication. Et puis ma boîte a licencié tout le monde. C'est arrivé l'année où mes enfants ont commencé à travailler, et où j'avais fini de payer la maison. Comme un signe. Je devais revenir à quelque chose d'artistique, où je m'éclate. J'espère pouvoir en vivre prochainement. Je suis joueur, il faut bien se lancer, sinon on n'arrive à rien ! », explique-t-il. 

? Mike Obri

Renseignements

Galerie photos :

  • L'une des élèves de la promotion 2013 en plein travail DR

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