Nous demanderons aux lectrices de visiter d’autres pages de notre site, car rituellement, nous consacrons notre rubrique gastronomique mensuelle de février à la saint Valentin. Vous connaissez toutes la date, le 14 février, mais d’expérience, nous jugeons utile de le rappeler à vos compagnons afin qu’ils vous réservent quelques surprises agréables et non le terrifiant : « Ah bon, c’est aujourd’hui ?... complètement oublié. »
DR Un amour de vin pour la Saint-ValentinIl y a les hommes parfaits qui profitent de toutes les occasions pour offrir des cadeaux et des fleurs à l’élue de leur coeur. Parfois, en semaine, ils rentrent à la maison et glissent une carte de visite dans un bouquet de roses (en nombre impair) «nulle ne t’égale et pourtant c’étaient les plus belles de la vitrine». Habituée à tant d’égards madame jette un regard rapide sur le témoignage, sourit, se dirige vers le vase déjà fleuri et jette les précédentes qui n’étaient même pas fanées. Généralement, il s’appelle George Clooney et on le reconnaît à sa cafetière.
Et il y a les hommes normaux, ceux qui ne se souviennent que de leur propre date d’anniversaire et pour qui le plus beau jour de leur vie restera définitivement celui où la France a gagné la coupe du monde de football. Plusieurs fois par an, ils frôlent l’incident diplomatique fatal mais avec un talent qui force l’admiration ils réussissent, le 14 février, à rattraper la situation et prouver à leur moitié qu’elle est probablement la meilleure partie d’eux-mêmes.
Enfin, il y a les grincheux, ceux qui considèrent que la Saint Valentin, la fête des mères, des pères, les anniversaires et toutes les fêtes en général ont été inventés par le syndicat des fleuristes et fabricants de papier d’emballage. Ce sont souvent les mêmes qui, après avoir dénigré tous les rituels, se plaignent de l’absence de repères de nos sociétés égoïstes et, accessoirement, de la fuite de leur épouse vers la région du lac de Come qui, comme chacun le sait, héberge un célèbre représentant de cafetière….
Les vins et les femmes : les hommes feignent de l’ignorer mais jusqu’à une époque récente une belle collection de châteaux prestigieux qui font rêver le monde entier étaient gérés en toute discrétion par des femmes. Citons pêle-mêle, château Margaux, Haut Brion, Pichon Longueville, Cheval Blanc, La Romanée Conti, la Coulée de Serrant… Le misogyne arguera que gérer n’est pas élaborer mais il lui restera à apprendre que le maître chai du château d’Yquem, excusez du peu, est une femme et que dans le domaine de l’œnologie, la parité est bien respectée. Ceci nous incite à vous proposer l’excellence pour célébrer votre amour. Oubliez momentanément les crus du beaujolais, les vins trop tanniques et virils et tentez ceux que l’on a l’habitude de nommer les vins « féminins » d’exception.
Le Champagne. Zéro faute. De l’entrée au dessert vous pouvez gardez cet incontournable qui marquera durablement l’esprit de votre convive. Brut pour le repas, mais pour le dessert, optez plutôt pour un sec ou demi-sec ou, encore mieux, pour un millésimé ancien. Exemples de bons accords : foie gras/filet de bar/côte de veau mais aussi viandes blanches, crustacés. Avec le champagne, le choix du menu est très large et les bulles font rire les filles.
L’Alsace est à l’honneur sur tous ses grands crus. Un repas exotique sucré/salé, sushi/sashimi avec un Gewurztraminer ? Ou encore poisson noble grillé et somptueux riesling ? Le duo gagnant régional.
Les grands vins blancs de Bourgogne. Leur finesse naturelle séduira automatiquement les palais délicats. Les Montrachet, Chablis et autres Meursault, sont autant de valeurs sûres qui accompagneront avec classe tous les poissons et même quantités de volailles ou viandes blanches. Quelques idées : Coquille Saint Jacques/ris de veau/turbot/Sandre….
Le Condrieu. Situé à une dizaine de kilomètres au sud de Vienne, Condrieu et son cru magnifiera un repas. Ce côte du Rhône septentrional blanc est un vin d’exception très marqué « agrumes ». Il ne peut pas laisser indifférent. A servir avec un poisson, de la cuisine japonaise, homard, langouste, volaille et même foie gras. Il se boit jeune mais reste gravé dans les mémoires. Moins connu, très étonnant et un peu moins onéreux, le château neuf du Pape blanc. Il excellera sur les mêmes produits que son collègue Condrieu.
Bourgogne. Tous les premiers crus de Bourgogne feront honneur à votre dulcinée. Les Beaune, Chambertin, Pommard et la quasi-totalité des pinots noirs bourguignons, y compris les modestes Fixin et autres Marsannay sauront accompagner des plats à base de viande mijotée. La complexité des arômes est telle qu’ils méritent d’être fondus et il est bon de les attendre quelques années. Une merveille sur tous les gibiers. Une fois dans sa vie, goûter un civet de lièvre ou un faisan aux raisins sur un Chambertin pas trop jeune. Un plaisir d’adulte.
Bordeaux. Margaux, le vin féminin par excellence. Une palette de sensations extra-larges mais bougrement harmonieuses. A quelques encablures, le Saint Julien fera la jonction entre madame Margaux et le bien plus viril Pauillac. Retenons Margaux, la solution éprouvée. Impérial sur l’agneau, mais également sur les viandes rouges et le gibier sans oublier les volailles, les abats. C’est un tout terrain formidable.
Nous espérons que ces quelques propositions vous auront donné envie, au moment du choix du vin, de pousser l’expérience et d’opter, par pur plaisir, pour un cru d’exception. Avec une cinquantaine d’euros supplémentaires, vous transformerez ainsi un très bon repas en souvenir inoubliable. Le jeu en vaut la chandelle…
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