A moins d’une demie heure des principaux vignobles, nous devrions nous intéresser aux autres cépages qui souffrent d’une absence totale de notoriété et qui représentent certainement un terrain d’excellentes découvertes à prix imbattables. Gaffe, les œnologues sont à l’affût et pourraient bien participer à l’inflation à laquelle n’ont pas échappé nombre de cuvées dans d’autres régions. Pour rire, essayez aujourd’hui de trouver un honnête St Emilion, ou encore un Château Neuf du Pape à moins de 15 euros et imaginez que la même bouteille se négociait aux alentours de 7 euros il y a une dizaine d’années. Cent pour cent d’augmentation grâce à la loi de l’offre et de la demande. Il n’y a plus une minute à perdre ! Il faut surveiller le Sylvaner, l’ancien mal-aimé de la classe.
Le Sylvaner est présent en Alsace depuis deux siècles et souffre encore chez les ignorants d’une mauvaise réputation. Il faut avouer que dans les années soixante, il a mis en déroute nos palais avec une agressivité verdâtre assez insupportable. Faute de rendements inconscients et d’une vinification approximative il était devenu une bibine bon marché qui procurait des maux de tête et d’estomac totalement incompatibles avec la philosophie des bons vivants. C’était une époque où les viticulteurs alsaciens jouaient avec le feu : chaptalisation, filtrage à l’amiante et autre goût de soufre. Dans un sursaut salvateur ces pratiques démoniaques ont heureusement cessé sur l’ensemble du vignoble alsacien et les Rolls Royce ont été sauvées puis correctement valorisées pour susciter aujourd’hui un incontestable engouement du grand public.
Malgré ses indéniables nouvelles qualités, le petit Sylvaner n’a pas réussi à le crier sur les toits comme ses grands frères et reste l’inconnu et le mal-aimé de la production locale.
Heureusement, tout évolue et les professionnels de la dégustation commencent à se pencher avec bienveillance sur ses tonneaux. Un producteur de Kientzheim, Paul Blanck et fils, s’est même payé le luxe d’un 10/10 dans Le Guide des meilleurs vins à petits prix 2003, ou encore cinq étoiles dans la revue du vin de France, avec son Sylvaner Vieille vigne, millésime 2001 au prix sympa de 10 euros.
Il n’y aucune raison qu’il soit le seul sur le terrain de l’excellence ! Si les autres se cachent, il reste à les débusquer. Prévoyez un petit budget de dégustation et suivez le conseil d’un ami connaisseur : intéressez-vous à ceux qui vinifient aussi le
Muscat car c’est un cépage difficile à réussir et prouvent souvent les qualités et l’expérience du viticulteur. Faites nous part de vos découvertes…