La raie, malgré ses ailes, n’est pas un oiseau. C’est un poisson de la même famille que le requin. Plus exactement la sous-classe des élasmobranches qui possède l’étrange particularité de pouvoir déceler les différences de potentiel électrique des êtres vivants mais aussi celles produites par les courants du champ magnétique terrestre. Au flipper électrique, c’est un avantage indéniable et les gardes-côtes rechignent à les défier sur ce terrain.
Comme leur frère mangeur d’homme, les raies possèdent une ouïe et un odorat très performants ainsi que des branchies apparentes. Elles mangent des petits crustacés ou des poissons et leur science du camouflage est légendaire. Si vous utilisez une poêle de couleur sable, vous risquez de ne pas la retrouver.
La raie : une championne de la légèreté !
Ce poisson est particulièrement digeste. Dans 100 g de raie, il y a 78 g d’eau et quasi aucune graisse. On consomme généralement les ailes mais, selon certaines rumeurs, le foie et les joues seraient aussi recherchés par les gourmets. Les médecins légistes nous apprennent que pendant les dix heures qui suivent sa mort, la peau se couvre naturellement d’un enduit visqueux. C’est donc un très bon signe de fraîcheur. Encore plus amusant : si vous essuyez la peau et que l’enduit réapparaît, vous êtes en présence d’un poisson très frais, ou encore vivant...
Autre indice de fraîcheur : l’animal dégage une odeur d’ammoniaque qui s’accroît avec le temps et qui nécessite de l’envelopper dans un film alimentaire pour ne pas en être incommodé. Plus l’odeur est entêtante, moins il est frais...
Pour la faire disparaître, il suffit, avant la cuisson, de la laver à grande eau puis de la laisser tremper une demie heure dans de l’eau vinaigrée ou citronnée.
Pour ôter la peau, nous vous conseillons de plonger la bête deux minutes dans de l’eau frémissante puis d’utiliser un couteau très effilé. La chair doit être rosée, ferme et élastique.
Ces avants propos, destinés à vous épater, ne vous seront probablement d’aucune utilité pratique – à part pour briller durant l’apéro - car, comme tout un chacun, vous acheterez les ailes dépecées, quasi prêtes à la cuisson. Toutefois, sur une île déserte, ces renseignements peuvent vous dépanner.
Informations générales avant d’aborder la recette
Comptez un kilo de raie pour quatre personnes. Les ailes sont parfois découpées en tronçons, cela ne change rien au processus. Veillez à la faire cuire suffisamment longtemps pour qu’elle ne soit pas visqueuse. Utilisez une poêle couverte et souvenez-vous que la célèbre "raie au beurre noir" qui était autrefois très courante est tombée en désuétude car considérée comme nocive pour la santé. Le beurre brûlé (donc noir) est cancérigène et les restaurants ne sont plus autorisés à la préparer de cette façon. Aujourd’hui, on continue à utiliser du beurre mais sans forcer la cuisson. C’est deux fois plus long mais plus prudent.
La raie bouclée est l’espèce qui est reconnue comme ayant la chair la plus fine. La meilleure période est généralement de février à juin.
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La recette de la raie aux câpres
Ingrédients (pour 2 personnes) :
• Une aile par personne. Donc deux.
• 5 cl de crème entière épaisse ou liquide
• ½ verre de vin blanc
• 3 cuillères à soupe de câpres
• Une noix de beurre
• Sel et poivre
1) Dans une grande poêle faites chauffer une grosse noix de beurre. Ne forcez pas la température, ce n’est pas une friture. Posez délicatement les ailes, couvrez et attendez une dizaine de minutes.
2) Avec une immense spatule, retournez la chair pour cuire l’autre côté. Rappelez-vous que la chose est molle. Soyez patient et méthodique. C’est reparti pour une dizaine de minutes.
3) Réservez le poisson minutieusement et déglacez la poêle avec le vin blanc (il suffit de faire bien chauffer la poêle, d’y verser le vin et de le faire évaporer en raclant avec une cuillère en bois les sucs du fond). Baissez le feu, rajoutez la crème et les câpres... éventuellement les raies si vous avez mis du temps à préparer la sauce...
4) Salez, poivrez selon convenance.
L’accompagnement : une fondue de poireaux
Nous sommes nombreux à penser que le poireau accompagne merveilleusement le poisson. Cette recette toute simple rallie bien des suffrages. Les deux temps de cuisson sont quasi identiques.
Le vin : Comme pour tous les poissons nous privilégierons un blanc. Nous avons choisi un Riesling allemand, donc particulièrement sec, mais d’autres hypothèses peuvent s’envisager (gros budget : Chablis, Montagny en Bourgogne. Petit budget : muscadet ou pinot blanc. Plus original : vin du Jura ou Languedoc blanc).
Les amateurs de vins rouges savent qu’aujourd’hui ces mariages sont tolérés. Soyez néanmoins raisonnables et évitez les gros tanins et saveurs de fût de chêne (pas de Bordeaux... plutôt des vins jeunes et nerveux, Givry, Jura rouge, Touraine, Pinot noir d’Alsace...).
Bon appétit.
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