Traditionnellement, l’huître française (avec son QI de 5) était plate. On en trouve encore en Bretagne, la célèbre belon par exemple, dans le bassin d’Arcachon mais elles sont devenues rares donc préférées par certains snobs fortunés. On la reconnaît facilement car elle est assez ronde et plus petite que la championne des ventes, la dite "creuse". Avant, et jusqu’en 1900, c’était pourtant la seule que l’on consommait dans notre pays.
La Creuse, de forme allongée, que nous avons l’habitude de croiser dans nos assiettes, provient d’un hasard maritime. En, 1868, un bateau "Le Morlaisien" chargé d’huîtres portugaises fut contraint par la tempête de se réfugier dans l’estuaire de la Gironde. Pour des raisons sanitaires dues au caractère périssable de la cargaison, les autorités maritimes donnèrent l’ordre de jeter à l’eau la cargaison. Elles survécurent au détriment des plates !
En 1967, la production diminua à cause d’une maladie et on importa de nouvelles espèces du Japon et du Canada… Ce sont elles que nous dégustons majoritairement aujourd’hui. La France, pays de la grenouille, est aussi le 1er producteur ostréiculteur européen et se situe au 4ème rang mondial. 130.000 tonnes de creuses et seulement 2.000 tonnes de plates. Le bassin de Marennes-Oléron assure à lui seul 80% de la production d’huîtres de claires en France et 50% de la production totale française. Tradition oblige, nous sommes aussi les premiers consommateurs d’huîtres au monde.
Pour un néophyte, rien ne ressemble plus à une huître qu’une autre huître. Il y a pourtant six dénominations :
Huîtres creuses, huîtres longues, huîtres fines, huîtres spéciales, huîtres fines de Claires et huîtres spéciales de Claires. La célèbre "Marennes Oléron" est en fait une marque déposée à l’Inpi en 1974.
Cette nomination particulière comprend uniquement des fines de claires ou des spéciales de claires. Vous saurez tout lorsque vous apprendrez que "claires" n’indique pas une couleur mais un bassin particulier où elle est affinée. (souvent d’anciens marais salants en argile : les claires). La couleur plus ou moins verte est le fait d’une algue locale.
Par contrat, les fines de Claires ont séjourné au moins 3 semaines dans ces bassins avec une densité de 20 congénères au m2. Les Spéciales de Claires, au moins le double de temps avec une densité inférieure de moitié. Par conséquent, elles sont plus charnues mais aussi plus chères…
Certains producteurs élèvent et commercialisent les Spéciales pousse en claires, qui ont séjourné quatre à six mois en claire avec une densité maximales de 5 au m2. Elles ne sont disponibles qu’en automne et en hiver. C’est le très haut de gamme !
Dernier détail avant de choisir : leur numéro qui correspond au calibrage. Il est inversement proportionnel à leur taille. La 5 est plus petite que la 0. Les gros calibres sont toujours les plus chères mais ne sont pas forcément meilleurs. Les amateurs préfèrent les huîtres de taille moyenne. Tout est permis mais on peut respecter l’ordre suivant :
Pour un apéro original, choisir la petite, la 5, dite huître cocktail ou papillon. (au passage, notons que les plates ont également un minuscule numéro 6)
Cuisinées, les grosses 0, 1 ou 2.
A mâcher nature, les moyennes, 3 ou 4.
Les particularités gustatives dépendent du terroir et de leur éventuel affinage en claires. Comme le vin, elles ont des qualités gustatives spécifiques qui peuvent varier de salées, iodées, fruitées, acidulées, au goût de noisette, fines et délicates ou toniques, croquantes ou fondantes. Goûtez-les avant de faire votre choix ou faites confiance à votre poissonnier écailler.
Pour tenir le couteau, placez le pouce à environ 1 cm du bout de la lame ; Introduisez le couteau aux 2/3 de l’huître à partir de la charnière. Couper le muscle et soulevez la coquille pour détacher la partie supérieure. Comme les vrais marins, mangez aussi le muscle en le décollant de la coquille !!! Ne pas les ouvrir trop longtemps à l’avance.
Disposez les huîtres en étoile sur un tapis d’algues ou de gros sel, éviter le contact direct avec la glace car le froid les gèle et atténue leurs arômes.
Nature de préférence, éventuellement avec un filet de citron ou un peu de vinaigre à l’échalote ou encore simplement de ou encore de poivre noir ou blanc. Proposer aussi du pain de seigle et du beurre salé.
Conseil d’amateur éclairé !
Au moment de l’ouverture, n’hésitez pas à jeter l’eau : cela permettra à l’huître de dégorger à nouveau en sécrétant une eau plus fine et de meilleure qualité que la première. (prévoir une vingtaine de minutes).
Pour les amateurs de modernité : De mai à septembre, l’huître perd jusqu’à 60 % de son poids, devient laiteuse et se vend moins bien. Mais l’homme, dans sa grande sagesse, a inventé une huître génétiquement modifiée, semblable toute l’année car rendue stérile et vendue sous l’appellation discrète "Quatre saisons". 10% de la production française actuellement (contre 40% aux Etats Unis). Durée de passage en claire divisé par deux mais trois jeux de chromosomes au lieu de deux. Miam.
En Alsace, la question ne devrait même pas se poser. Débouchez un bon Riesling un peu vif et le coquillage vous remerciera. Evidemment d’autres vins blancs peuvent s’envisager et le Chablis a ma préférence. Sans oublier les vins blancs de Loire, le Muscadet ou le Champagne.
Avant d’ouvrir, pour frimer, un énorme Chassagne-Montrachet, demandez-vous quand même si celui-ci ne va pas gâter un peu le goût de votre vinaigre à l’échalote. Les vins rouges sont à proscrire, sauf chez les fous.
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