La distillerie Miclo est une référence alsacienne en la matière. Ses eaux-de-vie qualitatives sont régulièrement louangées - et ce n'est pas juste un argument marketing. La plus belle preuve de l'exigence maison ? Ses alcools se retrouvent à la carte des plus grands restaurants alsaciens - à l'Auberge de l'Ill - comme parisiens... chez la très médiatisée chef Anne-Sophie Pic. La distillerie emploie aujourd'hui 20 personnes et produit chaque année environ 200 000 bouteilles, tous alcools confondus.
« L'Alsace représente 60% de nos ventes. L'export n'est pas notre cheval de bataille. Deux raisons à cela : hormis les Allemands et les Suisses, les autres pays n'ont pas cette culture du schnapps. Et surtout, chaque pays a une législation différente concernant la composition chimique des eaux-de-vie. Exemple : notre liqueur de rose. On en sort trois cuvées différentes à cause des normes en vigueur ici, ailleurs en Europe et au Japon, où l'on travaille avec une petite société importatrice ! », souligne Bertrand Lutt-Miclo, troisième génération de Miclo et bien décidé à s'adapter aux évolutions du marché.
« Même si les grands classiques comme la Poire Williams ou le Kirsch se vendent toujours bien, depuis les années 90, la consommation d'eaux-de-vie de fruits et de baies a régressé. » Il fallait donc trouver des alternatives. En 2007, Miclo se lance dans la vodka haut de gamme et les vodkas arômatisées. Mais entre temps, les Français deviennent les champions du monde de la consommation de whisky. Les distilleries alsaciennes s'engouffrent dans ce nouveau filon. Miclo est un poil en retard : « On a senti la tendance tardivement, on ne va pas se mentir ! Nos premiers whiskies n'ont été commercialisés qu'en 2016. »
Cela n'a pas empêché la distillerie d'y aller avec intelligence. La maison développe trois Welche's whiskies Single Malt différents, du non-tourbé au plus tourbé (pour schématiser, les arômes fûmés). Les trois cuvées, puissantes et élégantes, sont vieillies soit en fûts de Sauternes (qui apportent de la douceur) soit en fûts de Bourgogne (qui donnent un côté plus masculin). En à peine un an, 10 000 bouteilles sont vendues et pèsent déjà 15% du chiffre d'affaire. Pour créer l'événement, la distillerie sort avec parcimonie des whiskies d'exception, issus d'un seul fût (on dit : Single Cask) comme la cuvée des Grands Palais (en décembre 2017) sélectionnée par des spécialistes alsaciens et limitée à 315 exemplaires numérotés.
Il y a deux ans, il a été accordé à la Bretagne et à l'Alsace une Indication Géographique Protégée (IGP) pour l'élaboration de whisky.
L'IGP est un label européen décerné aux produits dont la fabrication est intimement liée à un lieu et qui se doit de respecter un cahier des charges précis. Un whisky alsacien doit être brassé, fermenté, distillé et vieilli en Alsace, point barre. L'IGP constitue une reconnaissance du savoir-faire français et de l'excellence de ces whiskies. Sur le marché des spiritueux, le whisky rafle 45% des parts : les distillateurs alsaciens, qui ont vu leur activité se modifier, avaient donc tout intérêt à se refocaliser sur cet alcool, dont la distillation reste assez similaire à celle des eaux-de-vie. Une évolution logique du métier, qui a dû suivre celle des consommateurs. ☛ Mike Obri
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