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Edouard Rapp nous fait visiter l'atelier de transformation et la boutique
Nemrod, terme ancien qualifiant un excellent chasseur (car il y a des bons et des mauvais chasseurs, se gaussaient Les Inconnus...) est le projet de deux jeunes hommes, même pas la trentaine, Edouard Rapp et Vianney Baule. Il y a un peu plus de trois ans, Edouard, petit-fils de chasseur et dont le papy lui a montré toutes les ficelles de la cynégétique, fait le constat que ses confrères ont de plus en plus de mal à écouler la viande des animaux abattus - principalement le gros gibier (cerfs, sangliers, chevreuils, biches...) qui ne cesse de proliférer dans nos forêts.
En 1975, chiffres officiels à l'appui, on abattait à l'année environ 50 000 sangliers et 50 000 chevreuils. En 2020, on est passé à 800 000 sangliers et 600 000 chevreuils ! Absence de prédateurs, pratique de la chasse en repli, hivers moins rigoureux... il existe une combinaison d'explications à ces chiffres en augmentation constante.
« Pour maintenir l'équilibre naturel, notamment la régénération des forêts et limiter les dégâts sur les cultures, l'ONF met en place des quotas de chasse à respecter chaque année. Le nombre d'animaux devant être abattus ne fait qu'augmenter, alors que la consommation de gibier ne fait que diminuer. Que fait-on alors de cette viande, qui ne trouve pas toujours preneur ? Le gibier, ce n'est pas à la mode, on en a bien souvent une image vieillotte : c'est le plat en sauce de la grand-mère qui a mariné pendant des heures. Et l'image de la chasse, évidemment, ne plaît pas à tout le monde », tranche, sans langue de bois, Edouard Rapp, qui nous accueille dans la petite boutique de l'atelier, à Fréland.
L'objectif, à l'origine, était la mise en place d'une filière supplémentaire pour écouler le surplus de viande issue de la chasse. Puisque ces animaux sont morts, autant que leur viande soit consommée. « La laisser se gâcher, ça n'est juste pas possible ! », réagit-il.
Force est de constater qu'en y réfléchissant un peu, le discours éco-responsable d'Edouard Rapp fait sens : « Notre gibier vient uniquement du Grand Est, principalement d'Alsace et des Vosges - on en transforme 150 tonnes par an. Il n'y a pas plus locale comme viande ! Ces animaux ont vécu en liberté, ont mangé librement dans nos forêts, ils n'ont pas consommé d'énergie ou de ressources inutilement, n'ont pas été gavés de médicaments, et, à la fin, n'ont pas eu le temps de souffrir », précise le jeune entrepreneur alsacien.
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Les terrines de Nemrod, excellentes ! (on a testé !)
Nemrod possède les différents agréments sanitaires indispensables pour transformer puis vendre ce gibier, y compris aux professionnels : épiceries fines... et grands chefs du coin. La maison travaille en collaboration avec la Direction Départementale des Territoires du Haut-Rhin (D.D.T.), dont les vétérinaires viennent systématiquement réaliser les différentes analyses nécessaires sur le gibier, préalablement à leur entrée sur la chaîne de production.
Les bouchers-charcutiers de Nemrod travaillent jusqu'à 150 produits différents, de la noble selle de chevreuil en passant par les saucisses, saucissons, terrines (à la truffe, à la bière, à la liqueur de châtaigne...) jusqu'aux viandes fumées. « On cherche à moderniser l'image du gibier, à montrer qu'on peut en consommer à l'apéro ou en grillades, très simplement ». Nemrod, c'est aussi une boutique en ligne efficace : la moitié de la production est écoulée en Alsace, l'autre moitié partout en France. Mike Obri
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