« Sur le fil » vient questionner le lien visible et invisible qui relie, ici comme ailleurs, les êtres humains, le vivant, le sauvage, l’eau, les paysages, les lieux, les matières...
« Sur le fil » c’est aussi la frontière, le point de bascule, la direction qui permet un regard symbolique et physique, une allégorie de nos interprétations – de la vie. Une permission que nous nous accordons pour tendre, accrocher, relier nos univers artistiques et cartographier notre regard sur ce territoire. Comme une trame matérialisée de nos imaginaires.
Une exposition collective présentant les expressions artistiques de quatre univers : celui de Marie Janvier, sculpteur, Ximena de Leon Lucero, graveur-dessinatrice, Sabine Pichon, plasticienne, et Gérard Rouxel, auteur photographe.
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Marie Janvier
Depuis toujours habitée par la terre et son dialogue, mon univers artistique se construit comme une aventure onirique au gré des façonnages. L’argile est modelée par strates superposées pour créer un cheminement de sculptures qui semblent sortir du sol. Les céramiques sont brutes ou légèrement émaillées et figées par la puissance du feu.
Marie Janvier vit et travaille à Plougonven, dans le parc d’Armorique en Finistère.
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Sabine Pichon
Ma pratique artistique s’articule autour de la sculpture et de l’installation par différents procédés de construction et d’ornementation textile. Elle explore les thèmes de l’incorporation, de l’amalgame, de l’absorption et du retrait.
Sabine Pichon vit et travaille à Trémel dans les Côtes d’Armor.
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Ximena de Leon Lucero
Nourrie par un parcours pluriculturel et émotionnellement dense, je ressens le besoin d’une certaine déconnexion avec l’extérieur avant le moment de création. La tête vide, comme une feuille blanche, se laisse prendre par le trait de mon crayon. L’imaginaire prend son envol, et ainsi surgissent des sentiments enfouis en moi qui vont se transposer sur le support.
Aujourd’hui, cela se manifeste par des formes, plus ou moins réelles, qui occupent l’espace et, tels les comédiens d’une pièce de théâtre, prennent place dans un dialogue, un échange. Ces formes deviennent les personnages d’un conte rempli de sentiments plus ou moins heureux : le reflet d’un instant de vie.
Il s’agit d’essayer de saisir un morceau d’une histoire sans fin, celle des relations entre des êtres vivants. De raconter sans parole, de dire sans mot ; de permettre à celui qui regarde l’image de s’y retrouver.
Je pratique la taille douce sur cuivre, le monotype et le dessin. Le plus souvent, je mélange le trait puissant et net du burin à celui sensible et doux de la pointe sèche. Je finis par faire un collage des tirages faits au préalable sur papier Japon : construire, détruire, pour ensuite reconstruire : composer et décomposer à l’infini, comme le vent façonne la pierre au fur et à mesure que le temps passe. Dans un autre registre, plus intime, il m’arrive aussi de me laisser prendre par la profondeur des noirs veloutés de la manière noire faite au berceau. Le dessin, quant à lui, est toujours présent et reste le témoin privilégié de l’évolution de mon travail.
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Gérard Rouxel
La recherche peut-être le fil d’Ariane de ma démarche photographique. Une recherche sans tabou, essayant de mettre le connu de côté, de la prise de vue à l’ensemble du processus de création. Une recherche sans cesse continuelle sur l’écriture - le cadrage, la lumière -, allant jusqu’à mettre en déséquilibre un possible « style », d’une éventuelle reconnaissance plastique ou graphique, comme pour venir troubler des regards qui le rechercheraient. Une forme de démarche faite de pas de côté permanents, une soif de ne pas s’établir - ou une peur de s’y conforter - dans une certitude artistique. Comme un « regarder, mais regarder quoi ? »
Recherche sur tout le processus qui succède à la prise de vue jusqu’à la présentation finale. Cela suppose d’expérimenter, d’accepter l’erreur, le raté, de recommencer, d’adapter, de mixer ou de jeter. Comme un « montrer, mais montrer quoi ? »
Ce processus demande de l’humilité. Ne pas vouloir faire, laisser s’inviter la part de non-vouloir. La petite part d’intuition qui sait déjà.
Recherche sur le vivant, sur la notion de paysage, la trace de plus en plus visible de la présence de l’humain, la place du visible et de l’invisible, du touchable et de l’intouchable, et aussi celle de l’individu et de l’artiste dans cet ensemble qui fait vie.
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